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La péninsule ibérique à l’assaut de l’Europa League
Avec trois représentants en demi-finale de la Ligue Europa, les clubs espagnols égalent la performance des équipes portugaises l’an dernier. Tout ça en considérant que l’Atletico Madrid avait déjà remporté le trophée en 2010. Voilà les vraies explications.
Raison 1 : Bah, ils sont juste les plus forts
Depuis hier soir, on connaît les demi-finalistes de l’Europa League 2011-12 : l’Athletic Bilbao, le FC Valence, l’Atletico Madrid et le Sporting Portugal. Retour un an en arrière, avec les demi-finalistes de l’Europa League 2010-11 : Porto, Benfica, Braga et Villarreal. Dans le milieu, on appelle ça un perfect. Huit sur huit. Les équipes espagnoles et portugaises commandent une compétition dont la première édition, en 2009-10, avait déjà été remportée par un club espagnol : l’Atletico Madrid de Forlan et du Kun Aguero. Pour la troisième année consécutive, donc, c’est un club ibérique qui va s’adjuger la descendante de la Coupe UEFA.
A l’évidence, le football espagnol est en pleine bourre et domine les débats. Pour ne pas faire pâle figure à côté d’un voisin trop encombrant, les équipes portugaises donnent tout sur cette compétition, puisque de toutes façons, en Ligue des Champions, c’est quasiment impossible (la dernière demi-finale d’un club portugais en C1 remonte à 2004, lorsque le FC Porto de Mourinho remporte le trophée). De plus, le Portugal avait du retard dans le ranking UEFA. Grâce à leurs bonnes performances, appuyées par l’excellent parcours du Sporting, les Lusitaniens viennent de passer devant la France, et ont désormais dans leur viseur les Italiens. La suprématie anglaise du milieu des années 2000 est révolue. Le Sud a pris le pouvoir.
Raison 2 : Les vents sont avec eux
La géographie et le climat sont des alliés précieux pour les clubs de la péninsule ibérique. En effet, les vents tournent selon les saisons, et, régulièrement, passent de l’Est au Sud. Par exemple, le Leste est un vent d’Est, chaud et sec, qui souffle à Madère. Quant au Levanter, il vient également d’est et traverse le détroit de Gibraltar. Coïncidence ou non, la météorologie européenne est formelle : ces deux vents venus de l’Est soufflent avec beaucoup plus d’insistance depuis 2010. Normal, en 2008 et 2009, les vents venus du grand froid restaient cantonnés à l’Est de l’Europe.
La statistique tombe dans le mille : en 2008, le Zénith remporte la compétition, suivi, l’année suivante, du Shakhtar. Les archives accessibles de Météo France ne permettent pas de remonter jusqu’à 2006 et 2007, mais, étrangement, ces deux années là, le FC Séville avait remporté le trophée. Et l’année d’avant ? Le CSKA Moscou. Et encore avant ? Valence (2004) et le FC Porto (2003). Un coup à l’est, un coup au sud, les vents transportent avec eux les victoires. La conclusion est donc on ne peut plus logique : l’an prochain, l’Europa League sera remportée par le Metalist Kharkov.
Raison 3 : Ils ont créé une alliance secrète pour se venger des Italiens
Au cours des années 90, l’Italie était patronne en Europe. De 1989 à 1999, soit en onze éditions, les clubs transalpins remportent huit fois la Coupe UEFA (Inter trois fois, Parme et Juventus deux fois, Napoli une fois), ne laissant que des miettes aux autres pays. Sur ces onze éditions, pas la moindre trace d’un club portugais ou espagnol en finale. Or, c’est bien connu : entre Italiens et Ibères, ce n’est pas le grand amour. Lusitaniens et Espagnols ont donc ruminé en silence, acceptant de voir leur voisin abhorré planer sur la compétition, tout en se jurant qu’un jour, ils prendront leur revanche. La vendetta ne met que quelques années à se concrétiser.
En 2003, le FC Porto du Mou démolit la Lazio (4-1) en demi-finale de C3. La saison suivante, c’est Villarreal qui sort la Roma. C’est le début d’une longue tradition qui amènera, plus récemment, le Napoli à se faire sortir par Villarreal ou la Lazio à se faire démonter par l’Atletico Madrid. Répartition des tâches oblige, comme les clubs portugais ne sont quasiment jamais confrontés à des clubs italiens, ils doivent se charger d’éliminer les équipes de l’Est : le CSKA et le Spartak Moscou (2011) ou encore le Dynamo Kiev (2011) et le Metalist (2012). Mais attention. Les Italiens préparent déjà leur revanche. Un putain de pacte souterrain avec la Corse. Gazélec-FC Valence, du lourd.
Par Eric Maggiori (avec Catherine Laborde)