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« La patte Montanier ? On croit davantage à la patte Gourvennec »

Propos recueillis par Youri Hermano
11 minutes
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Tiens, tiens… Un groupe indie pop rennais qui commence à bien faire parler de lui, et qui intitule l’un des morceaux de son premier LP Paul Gascoigne… Ça vaut sans doute le coup de le faire parler foot. Surtout que le Stade rennais est en train de régaler toute la Bretagne cette saison. Non, non, trêve de plaisanterie, on a été leur demander si la patte Montanier allait enfin finir par payer…

Vous avez une chanson intitulée Paul Gascoigne, est-ce à dire que vous êtes plus Premier League que Ligue 1 ? Pierre-Marie : Ça dépend…Xavier : À Rennes, on nous dit qu’on a un stade « à l’anglaise » , car carré. Bon, l’ambiance n’y est pas trop la même… La Premier League, on suit ça de loin, c’est plus cool d’être attaché aux clubs du coin, aux championnats nationaux. Bon je dis ça alors qu’ado, j’étais à fond dans le basket NBA… Après, quand tu écris une chanson, il faut un sujet qui ait un peu de gueule, un truc limite tragique, c’est toujours bien, tu fais pas une chanson sur un gendre idéal comme… Yoann Gourcuff.

Être fan de l’OM en Bretagne, c’est un peu être un footix

En tant que rennais, tout le monde est rouge et noir au sein du groupe, ou c’est divisé et il y a aussi des Guingampais, des Nantais, des Lorientais… ?Pierre-Marie : Valentin a grandi en région parisienne, il jouait au basket, bref il supporte pas d’équipe de foot, et encore moins bretonne. En revanche, sur un terrain, qu’est-ce qu’il se donne ! Il faut le voir au tournoi annuel de beach soccer de La Route du Rock ! Tonyo est un supporter de Guingamp, il a grandi dans le Trégor, donc ça s’explique, c’est l’attachement au terroir. Et moi, je suis fan du FC Nantes période Coco Suaudeau. J’avais 10 ans en 1993, donc bon…Xavier : Ouais, t’es vieux ! C’est normal, tu étais fan de ceux qui vendaient du rêve à l’époque, et qui n’étaient pas loin de toi. À l’époque, il n’y avait ni Brest, ni Lorient, ni Rennes en D1. Donc ceux qui vendaient bien du rêve, à part Nantes, c’était l’OM, mais être fan de l’OM en Bretagne, c’est un peu être un footix. Moi, je suis vieux aussi, et je ne suis pas fan d’un club. Si je devais me déclarer, mon origine géographique et mon éducation me pousseraient vers Nantes aussi, le FCN d’avant le « A » quoi, mais je ne me suis jamais senti « supporter » . Idem pour la musique, j’ai pas de groupe préféré dont j’aurais tous les disques, même les plus mauvais…

Rennes ? Ça fait pas rêver, mais ça fait pas gerber non plus, quoi

En parlant de « Soap Opera » , avec Rennes c’est quand même compliqué, non ? Y a jamais de suspense à la fin, c’est la lose assurée… Pierre-Marie : Tu sais, moi, le suspense… Finir 10e ou 6e… Une bonne relégation, ça, ça nous requinquerait ! Xavier : Moi, je dirais l’inverse de PM. Alors, certes, ça ne fait pas rêver. À chaque fois, c’est milieu de tableau, milieu haut ou milieu bas, mais milieu. L’équipe n’a jamais gagné de championnat. Les années où elle a pu être européenne, c’était toujours très rapidement terminé. Mais, il y a de la constance quoi, les mecs sont en L1 depuis 20 ans sans redescendre en L2. Bref, ça fait pas rêver, mais ça fait pas gerber non plus quoi.

Cette saison sera-t-elle la bonne ? Vous y croyez au Stade rennais cette année ?Pierre-Marie : Ouais carrément ! Non, on s’en tape en fait…Xavier : C’est clair qu’on s’en tape, on l’a dit, on n’est pas supporters…

On veut bien que l’entraîneur de Rennes ne soit pas Willy Sagnol

Il y a de nombreux joueurs africains et antillais au Stade rennais cette saison, vous ne leur composeriez pas un petit hymne reggae pour le vestiaire ?Xavier : Pas trop notre style, un truc un peu ska, pourquoi pas… J’ai juste envie de dire qu’on veut bien que l’entraîneur de Rennes ne soit pas Willy Sagnol…

On a lu que votre musique était de la « surf pop colorée, ensoleillée, joyeuse… » Vous faites comment pour pondre une telle musique depuis la Bretagne ?Xavier : Je me retrouve dans tout ce que tu dis, sauf le mot « surf » , qui est l’un des sous-genres de la musique à guitare les plus codifiés qui soit, tant dans le son que la façon de jouer, et on utilise pas du tout ces sons ou ces techniques, de près ou de loin… Enfin pour le moment ! Pierre-Marie : Tu trouve ça surf, toi ? Tu va aller me réécouter les Trashmen et on en reparle après ! Sinon, comment on fait pour faire de la pop sous la pluie ? Écouter The Sound of Rain des Gobetweens me semblerait être un bon début de réponse ! Xavier : Pluie et pop, c’est le combo parfait, pourquoi plein de bons groupes de pop viennent d’Angleterre, d’Écosse ou de la côte est des États-Unis où ça pleut tout le temps (bon, il y a aussi ceux qui viennent de Californie d’accord… mais ça me tue mon argument !). Il y a un groupe cool de filles qui s’appelle les Raincoats, et avant, on avait tendance à surnommer les courant twee pop ou C86 la « pop anorak » , ça veut tout dire !

Quoique, vos titres ne sont pas des plus gais. Comment expliquez-vous ce décalage entre une certaine noirceur, nostalgie et une musique plutôt enjouée ?Tonyo : Notre lead singer est une personne très complexe… Xavier : Sans doute des histoires de gammes majeure et mineure… Certains titres sont d’apparence tristoune, genre A Sorrowful Song, mais en fait, le tempo est enlevé, le texte un peu fun, etc.

Tous nos concerts calés les soirs de match étaient déserts

La mythologie England, Foot, Pop, vous adhérez complètement ? C’est quoi vos références en la matière ? Pierre-Marie : Teenage Kicks !Xavier : Nick Hornby of course. Et puis Oasis avec leurs maillots de Man City, 20 ans avant tout le monde, quand le club était un repère de losers. Bon, bah, Pete Best et Johan Cruyff aussi, des sortes de Beatles ballon au pied, le Pete Doherty de la bonne époque qui faisait un fanzine à la gloire des Queens Park Rangers, et puis en France, Gourvennec, fan de dEUS, des Pixies, Johan Micoud avec Virage Tracks, et bien sûr So Foot, même si on n’est pas sûrs que tous vos lecteurs adhèrent, eux, vu l’avalanche de commentaires que se paient les articles sur les groupes pop ! Valentin : Au début, je n’étais pas sûr que cette alliance de publics existe réellement. Mais ça s’est vérifié au moment où tous nos concerts calés les soirs de match étaient déserts… Effet de vases communicants propre à un genre musical bien précis. À mon avis, Stockhausen n’avait pas ce genre de problèmes.

Pour revenir au foot local, la patte Montanier, vous y croyez, vous ? Il faut être patient avec lui ou c’est la saison ou jamais ?Tonyo : On croit davantage à la patte Gourvennec, un mec qui a joué 10 au FC Nantes quand ça jouait encore « à la nantaise » . C’est un gros fan d’indie pop en plus, ce qui ne gâche rien. D’ailleurs, si vous le connaissez, envoyez-lui donc notre EP, ça peut peut-être l’intéresser…

Votre plus mauvais souvenir avec le Stade rennais, c’est la finale perdue contre le petit rival guingampais ?Xavier : Tu veux dire les finales, non ? 2009 et 2014 ! Fier d’être des losers ! Ce qui m’a le plus fait marrer, c’est la vidéo du vieux supporter de Rennes à qui un journaliste parigot demande s’il est tout de même content, car finalement, c’est tout de même une équipe bretonne qui gagne, donc c’est « la Bretagne qui gagne » et il sanglote en disant : « J’m’en fous, j’m’en fous… » , poignant. Pierre-Marie : J’ai vu ce match, celui de 2009, mais je m’en rappelle pas trop, ça veut dire que c’était un match pourrave, non ?Tonyo : Moi, j’étais plutôt content et ravi ! En vrai, les deux matchs étaient bien pourris. Guingamp a mieux joué que le Stade rennais sur les deux finales. Rien de plus à ajouter…

Encore des mecs qui essaient de faire croire que l’on a parlé breton à Rennes

Matmut Atlantique, MMA Arena… La tendance est au naming des stades. Vous avez participé à la consultation populaire qui a abouti au Roazhon Park du coté de Rennes ?Tonyo : Cela nous importe peu… Ils peuvent bien l’appeler comme bon leur semble, du moment qu’ils ne l’appellent pas le « Goebbels Arena » . Pierre-Marie : Encore des mecs qui essaient de faire croire que l’on a parlé breton à Rennes, alors qu’on n’y a jacté qu’un simple patois « gallo » … Bref… Xavier : Il y avait eu la proposition de le nommer en hommage à un joueur allemand qui a évolué à Rennes et a résisté pendant la guerre, un peu comme ils ont fait au Red Star. Mais bon, la consensualité et la vraie-fausse identité bretonne l’ont emporté… Je suis au moins heureux que, contrairement aux exemples que tu as cités, le stade n’ait pas de nom d’entreprise collé à lui. Avant, ce qui était marrant, avec son absence de nom, c’est que vu qu’il est route de Lorient, on l’appelait « Stade de la route de Lorient » , moi je trouvais ça marrant, les non-Rennais ne comprenaient pas trop.

Dans le sillage des Catalans, et chez nous des Corses, vous avez voté pour les indépendantistes bretons aux dernières régionales ?Pierre-Marie : Les indépendantistes faisaient plus parler d’eux quand ils laissaient parler la poudre par chez nous. Dans les bureaux de vote, ils font moins recette. Mon paternel a connu un prof d’histoire qui expliquait à ses élèves comment fabriquer des bombes, il a participé à l’attentat du château de Versailles en 1978…Xavier : Si on veut rester sur le foot, les Catalans sont moins radicaux que les Basques à ce niveau : je crois que dans l’équipe du FCB, il y a bien moins de Catalans que de Basques à la Real Sociedad ou à l’Athletic Bilbao…

La tribune Loire à la Beaujoire est devenue l’une des plus chaudes de France. Il manque quoi à Rennes pour faire bouger le Roazhon autant que les bars de nuit ?Tonyo : Ah, tu veux sans doute parler du Goebbels Arena ? Il paraît que ça bouge bien là-bas pourtant…Xavier : À Rennes, ça bouge dans les rues, dans les bars… Au stade, il y a le RCK qui se bouge un peu, mais sinon c’est hyper familial et tranquille.

Pourquoi la scène musicale est-elle si alerte à Rennes d’ailleurs, selon vous ?Xavier : Je n’ai pas l’impression qu’elle soit plus alerte qu’ailleurs, enfin elle l’est forcément plus que la scène de Moisdon-la-Rivière, mais ça, c’est une question de taille, de population jeune, etc. Je pense qu’il y a autant voire bien plus de groupes à Paris, à Lille, Nantes et Lyon, donc c’est plutôt une histoire de regard qu’on porte sur elle. Depuis les années 80, Daho, Marquis de Sade, Les Transmusicales et tout ça, la France qui s’intéresse à la musique porte un regard souvent bienveillant sur la scène rennaise, se disant que c’est la ville rock, la ville rebelle… Mais il y a des scènes partout, à Bordeaux avec la bande de JC Satàn, à Nantes les Incredible Kids, à Lyon avec la clique AB Records… En ce moment, la scène rennaise, c’est carrément garage, nous, on détonne un peu en fait. De plus, quand tu formes un groupe « en région » comme on dit maintenant, tu vas jouer chez toi, puis un peu dans le coin et très vite, ça a ses limites, car Rennes, par exemple, c’est pas très grand, il n’y a pas tant de lieux que ça, donc tu vas essayer d’aller jouer à Nantes, à Caen et à Paris bien sûr, et donc tous les groupes de région « montent » à Paris à un moment, dans une tentative à la Rastignac quoi, et ça fait un peu « vagues » , « scènes » , alors que tu as les mêmes groupes à Paris, mais ces derniers jouent souvent moins en dehors de leur zone de confort, il y a tant à faire à Paris, et souvent les mecs ne sont pas « véhiculés » , donc c’est la croix et la bannière pour eux d’aller jouer en dehors du périph, ils tournent moins, donc paraissent moins « alertes » .

Une reprise du groupe Habibi en hommage à Habibou

Si vous deviez composer un morceau en hommage à un joueur du Stade rennais, ce serait qui ?Xavier : Peut-être une reprise du groupe Habibi, en hommage au joueur nommé Habibou ! Bon, vous l’aurez compris, on n’est pas fans de cette équipe, personne dans le groupe n’est né et n’a grandi ici, on n’a aucun attachement à cette équipe, l’attachement à la ville on l’a carrément, mais c’est plus grâce à la scène musicale. Et comme on l’a dit, le SRFC ne fait pas rêver, c’est une équipe moyenne avec des résultats moyens, donc pour les hommages, on va attendre encore un peu…

Présentation du groupe The Soap Opera est un quartet d’indie pop rennais fondé par quatre musiciens issus des groupes Sudden Death of Stars et Slim Wild Boar & His Forsaken Shadow. Leur pop est un peu chill-out et un peu punky aussi… Latine ou bossa, surannée parfois, accrocheuse toujours. The Soap Opera a sorti un 8 titres en format vinyle chez Lago Records et en format K7 chez Howlin Banana. La page Facebook de Soap Opera Se procurer leur musique

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Propos recueillis par Youri Hermano

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