- CdL
- Montpellier/PSG (1-0)
La Paillade sur le toit
Après avoir sorti le spécialiste de la compétition, Montpellier va découvrir le Stade de France en finale de Coupe de la Ligue. Logique pour un club qui monte en puissance...
Si ça se trouve, Louis Nicollin retrouvera Jean-Claude Dassier au Stade de France, l’homme pour qui il a eu cette tendre attention hier : « Il est adorable, mais il ne sait pas par où pisse un taureau » . Par cette saillie, Loulou, comme tout le monde l’appelle affectueusement, regrettait l’époque des Bez, Tapie et consorts, où là c’est sûr, on se fendait plus la gueule. Loulou, donc, est un sacré malin. Parce qu’en réalité, cette période du début des 90’s, il ne la chérit pas tant que ça. Certes, s’il y a vingt ans, ils parlaient tous comme lui, il n’était que le larbin des patrons du foot français. Vu son envie de figurer parmi les grands, les puissants et les agents de l’époque prenaient un malin plaisir à lui faire faire n’importe quoi. Montpellier, c’était sympa, ça rigolait, mais les supporters avaient quand même de quoi avoir honte : outre les tentatives avortées de recruter des noms ronflants (Paille, Cantona, Valderama, Aimé Jacquet sur le banc…), le meilleur joueur de l’histoire du club, Laurent Blanc, était parti une saison à Naples avant de revenir… à Nîmes, chez le voisin maudit.
Aujourd’hui, c’est vrai, le père Nicollin se prend deux mois de suspension par la Ligue dès qu’une conférence de presse déborde. Mais en attendant, son équipe est la plus rentable de Ligue 1. Une sacrée performance, surtout que ça fait deux ans que ça dure. La saison dernière, les Héraultais ont été promus puis européens. Surprise de l’année. Comme bien souvent dans ces cas-là, il y a une petite saignée l’été venu. Les deux pions essentiels, Albert Costa et Montano, partent. De l’aveu-même de son président, ils ont été très bien vendus. Plus importants, ils ont surtout été remplacés par aussi bons, voire meilleurs qu’eux. Car pour recruter, la Paillade fait toujours dans l’exotisme. Sauf que maintenant, c’est fiable à 100%. L’idée, c’est de chercher en Russie, où les intermédiaires du club sont fiables, ou en Amérique du Sud, des joueurs proches de la trentaine, stabilisés dans un club après avoir galéré. Des mecs qui ont donc du plomb dans la tête et qui ne coûtent rien. Comme ça, moins de pression. Kabze, Estrada, Spahic l’an dernier, étaient inconnus avant leur arrivée dans le Sud. Ça ne les empêche pas de donner pleinement satisfaction.
Quand il s’agit de prendre français par contre, le raisonnement est différent. La préférence va à la jeunesse. Vu que Montpellier est toujours un club formateur, mieux vaut miser sur quelqu’un de la même génération que ceux du centre, l’entente n’en sera que meilleure. Pour faire venir le convoité Giroud, il a donc fallu accorder un salaire un peu plus gros qu’à l’accoutumée. Mais il n’y a pas lieu de le regretter. Seule pointe, le grand attaquant remise, participe au jeu, décale les ailiers et pèse sur les défenseurs. Encore un peu maladroit dans le dernier geste, il est quand même capable de délivrer son équipe contre Paris après deux heures de jeu. Quand on voit ce que l’OM a dépensé pour Gignac, Nicollin n’aura pas besoin de mettre sa collection de maillots en vente sur eBay pour équilibrer les comptes. Surtout que sportivement, la Paillade est au mieux. Une finale de Coupe de la Ligue, ça permet de se conforter un peu plus dans le rôle de valeur sûre du championnat. Si ça se trouve, l’équipe va même rejouer l’Europe. L’occasion de faire taire définitivement les Nîmois, à qui il reste un argument : « Ça sert à rien de finir européen si c’est pour se faire sortir par des Hongrois au premier tour » . Si les hommes de René Girard ne font pas le voyage au Stade de France à blanc, ils auront donc l’occasion de prendre leur revanche et de devenir intouchables dans la région. Un sacré enjeu, donc.
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