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La nouvelle vie de Steven Gerrard
Il nous avait habitués à une tunique rouge, un brassard sur le biceps gauche et des allers-retours incessants entre les deux box. Désormais de l’autre côté de l’Atlantique, Steven Gerrard court moins, prend davantage le soleil, mais prépare déjà sa reconversion. Tout en continuant de garder un œil bienveillant sur son Liverpool FC.
C’est un luxe qu’il ne connaissait plus depuis de longues années. Le calme d’une balade urbaine non interrompue par des supporters en liesse, un après-midi sur une plage de la West Coast sans demandes de selfies ou encore la possibilité d’aller à Disneyland en famille sans provoquer de mouvements de foule. Autant de privilèges que le relatif nouvel anonymat de Gerrard lui confère aux États-Unis. « Je ne pourrais être plus heureux que ça, racontait-il au magazine Hello!. Je suis passé de l’incapacité de marcher dans une rue sans être arrêté toutes les 5 minutes à ici, où je fais partie de la Z-list(terme désignant généralement les anciennes gloires, ndlr) et c’est sympa. J’adore ça. Tout d’un coup, je suis devenu un daddy cool parce que je peux sortir avec mes enfants sans que personne ne nous gêne. »
Work work work work work
Été 2015, Stevie G’ s’envole donc pour Los Angeles afin d’y rejoindre le Galaxy pour un contrat de 18 mois. Préretraite supposée ou non, l’ancien skipper de Liverpool a toujours envie de taper dans le cuir. D’autant que les objectifs de la franchise californienne sont intéressants. Assortie à la signature de Giovani dos Santos (puis Ashley Cole et Nigel de Jong quelques mois plus tard), la venue de Gerrard doit permettre de renouer avec le titre national. Mais lors de sa première saison prise en cours de route, son club ne finit que 5e de Conférence Ouest et échoue au premier tour de la phase finale.
« Le niveau en MLS est beaucoup plus élevé que ce que j’imaginais, confiait-il à Eurosport. Si des joueurs pensent pouvoir venir ici pour avoir des vacances, ils vont commettre une erreur. Ici, les joueurs sont des professionnels très en forme, j’ai dû énormément travailler pour l’être moi aussi. » Gerrard demeure donc un acharné du travail. Même à 36 berges. Même après être entré au panthéon du foot un soir de mai 2005. Lorsque les séances d’entraînement se terminent, quand ses coéquipiers rejoignent déjà les vestiaires, lui a pris l’habitude de demander à l’un des gardiens de rester pour qu’il puisse lui envoyer des chiches durant quinze minutes supplémentaires. Une fois chez lui, le daddy cool en profite pour passer du temps avec ses trois filles ou encourager Liverpool depuis son canapé. Un trentenaire lambda, ou presque.
« Je perdais du temps à regarder les Soprano »
Aujourd’hui 3e de sa Conférence, à 8 points du leader Dallas (mais avec 3 rencontres en moins), Los Angeles reste dans la course pour se qualifier directement pour les quarts de finale de playoffs. Cette saison, en 14 parties, Gerrard a distillé 7 passes décisives et planté 3 pions. Un joli bilan comptable, certes, qui ne permet pourtant pas de dissimuler la perte d’influence du milieu anglais dans le jeu collectif. Forcément, à quelques mois de sa retraite, l’enfant de Liverpool ne possède plus les guiboles pour combler les trous et faire le box to box. Sa carrière outre-Atlantique lui a surtout permis de se rapprocher de sa reconversion en tant qu’entraîneur. Un recyclage footballistique auquel il songe depuis bien longtemps.
En atteste cette récente interview accordée au Telegraph : « Je regrette de ne pas avoir commencé mon apprentissage à 21-22 ans. Une époque où je perdais du temps dans les hôtels à regarderThe OfficeouLes Sopranocomme tous les joueurs anglais. Maintenant, quand j’ai un peu de temps, je me déplace dans certains clubs pour y parler avec les coachs afin d’acquérir plus d’expérience. » En décembre, à la fin de la saison, il devrait pouvoir se consacrer pleinement à son nouveau challenge. « J’espère en être à 75% de ma formation à ce moment-là » , poursuit-il. De quoi imaginer un come-back chez lui, sur les bords de la Mersey ? « J’ai eu une conversation avec Klopp et le Liverpool FC. Je n’ai pas reçu d’offre en tant que telle, mais la direction m’a laissé entendre qu’elle se tiendrait prête pour mon retour. » De toute façon, peut-il réellement en être autrement ?
Par Eddy Serres