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La nouvelle vie de Julio Arca
Ceux qui connaissent Julio Arca se souviennent généralement de ses performances solides à Sunderland, de son leadership à Middlesbrough et de sa carrière achevée sur une blessure à l'orteil. Évidemment, l'histoire de l'Argentin ne s'arrête pas là. Elle se poursuit même aujourd'hui en Sunday League, au milieu des pubs anglais et des joueurs aux généreuses poignées d'amour.
De son arrivée en Angleterre en 2000 (pour 3,5 millions de livres, le deuxième transfert le plus cher de Sunderland à l’époque) à sa retraite footballistique en 2013, Julio Arca aura été un joueur discret. Combien savent en effet que l’arrière gauche a joué plus de 300 matchs en Premier League ? Combien se souviennent qu’il était capitaine de la sélection argentine des moins de 20 ans lorsque celle-ci remporte la Coupe du monde U20 contre le Ghana, en 2001 ? Peu, et c’est tout à fait normal. Car Julio Arca n’a jamais fréquenté de grands clubs (tout juste a-t-il failli signer à Leeds avant d’arriver à Sunderland), n’a jamais participé à un match avec l’Albiceleste A, et ne compte dans son palmarès européen qu’un tout petit titre de Championship (D2), acquis en 2005.
Bienvenue chez les amateurs
En revanche, l’Argentin a toujours eu pour lui un goût prononcé pour le jeu et le collectif, un sens du but rare pour un joueur défensif (en témoignent ses neufs buts inscrits en 2004/2005, incontestablement sa meilleure saison) et une fidélité tout aussi rare dans le football moderne. En 15 ans de professionnalisme, Julio Arca n’a en effet connu que trois clubs : Argentinos Juniors, Sunderland et Middlesbrough, une équipe où il débarque en 2006 et dont il deviendra capitaine en 2008 sous les ordres de Gareth Southgate. Dans le Nord-Est de l’Angleterre, le bonhomme enchaîne les matchs et s’éclate jusqu’au moment du drame. On est alors en avril 2013, et Julio Arca vient de se blesser grièvement à l’orteil. Sa carrière est terminée : « Depuis ma blessure en 2006, je jouais avec des injections de cortisone pour enlever la douleur, révélait-il il y a quelques jours au Daily Mail. Malheureusement, les années passant, j’avais fait trop d’injections pour corriger la position de mon orteil. L’opération n’a donc pas fonctionné et il devenait dès lors trop difficile de jouer. » Professionnellement, du moins.
Car, ce que ne savait pas encore le défenseur, c’est qu’un an plus tard, il retrouverait le chemin des entraînements et de la compétition. Bien loin du glamour du Stadium Of Light et du Riverside Stadium, Julio évolue désormais en seconde division de la Sunday League, un championnat associatif également nommé Pub League en raison du nombre de bars possédant leur propre équipe. C’est le cas du Willow Pond FC, où Julio Arca avoue au Daily Mail être tombé tout à fait par hasard. « Je suis venu boire un verre au Willow Pond avec un ami il y a quelques semaines et ce dernier m’a demandé ce que ça me ferait de signer ici. Je ne pensais plus jouer donc j’ai tout de suite dit « Ok, pourquoi pas ? » Et il m’a fait signer les différents formulaires dans la journée. »
Des accélérations décisives, des bourrelets et des pubs
Bien sûr, Julio Arca sait qu’il est bien trop fort pour ce championnat, que nombre de ses accélérations sont souvent décisives et que ses coéquipiers ne peuvent pas forcément suivre le rythme qu’il impose sur le terrain. Mais l’essentiel n’est pas là. À 33 ans, il se fiche bien de l’argent, de se changer à l’arrière d’une voiture plutôt que dans de luxueux vestiaires ou de jouer avec des coéquipiers parfois gras du bide. Non, l’important, pour lui, c’est désormais de s’éclater : « J’ai marqué deux buts, dont un sur coup franc, lors de mon premier match. Et l’ambiance est vraiment super quand vous gagnez. (…) Je peux même emmener mes enfants dans les bars pour fêter la victoire et prendre quelques verres. On est loin des bars luxueux que je fréquentais étant professionnel. Là, c’est simplement de bons vieux pubs. »
Un bon choix, donc. D’autant que « ce n’est que lorsque j’ai commencer à jouer avec ces gars que j’ai réalisé à quel point le foot me manquait » . Reste que si Julio Arca semble s’épanouir dans sa nouvelle vie, celle-ci devrait rapidement prendre une tout autre direction. D’ici l’année prochaine, la famille Arca envisage en effet de retourner vivre à Quilmes (là où il est né, à 11 kilomètres au sud de Buenos Aires) et Julio d’entamer une carrière d’entraîneur ou de commentateur sportif. Une façon de rentrer dans le rang, en quelque sorte.
Par Maxime Delcourt