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La nouvelle vie de Cédric Bardon
Lyon, Rennes, Guingamp, Le Havre, Bulgarie, Israël, Chypre et Fréjus Saint-Raphaël pour finir : c'est peu dire que Cédric Bardon a bourlingué. Depuis sa retraite, en 2011, l'attaquant s'est posé. Il dirige désormais une entreprise de travail temporaire.
Au centre de formation de l’Olympique lyonnais, on l’appelait « Marco van Basten » . Vingt ans plus tard, Cédric Bardon n’a remporté aucun Ballon d’or et n’a entraîné ni l’Ajax, ni la sélection néerlandaise. Par contre, il a monté sa boîte. Et passe désormais ses journées derrière son bureau, à l’aise dans sa chemise de président de L’Équipe RH, une agence spécialisée dans le travail temporaire, qui « fait exclusivement dans le transport et la logistique » et rayonne dans les départements du Rhône et de l’Isère. Installée à Corbas, à dix bornes de Lyon, la structure, qui emploie trois personnes, dégage près de 2 millions d’euros de chiffres d’affaires chaque année et compte quarante intérimaires à charge dans quelques-unes des soixante entreprises qui lui font confiance. « Le changement de vie n’a pas été facile, attention. Quand t’es footballeur pro, t’es très entouré, pour pas dire assisté. Puis là, avec la société d’intérim, j’étais catapulté dans le rôle du gars qui doit se mettre au service des autres et leur trouver un job. Ouais, c’était rude, un peu. »
400 matchs, des hauts, des bas…
Le virage a été opéré en 2011, au terme d’une carrière sportive achevée sous les couleurs de Fréjus-Saint-Raphaël. « Faut bien arrêter à un moment. Je ne prenais plus autant de plaisir, et puis je n’avais plus forcément le physique non plus » . Son CV avant la côte ? Lyon, Rennes, « en 98, dans un tout nouveau projet super excitant » , Guingamp où il assiste à « l’éclosion de Drogba et Malouda » avant de connaître « une grosse blessure » , et d’improbables escales au Levski Sofia, puis à Famagouste, là-bas, au chaud, à Chypre. « 17 ans de carrière, 400 matchs, des hauts, des bas… Hormis les stars qui peuvent rester performantes dans de grands clubs pendant plus d’une décennie, c’est dur de ne pas connaître des moments de moins bien. Finalement, j’ai la carrière classique d’un joueur de haut niveau. » De haut niveau, mais tout de même très loin des espoirs placés en lui lors de ses premières courses avec les équipes de jeunes de l‘OL : « On attendait beaucoup de moi là-bas. Trop peut-être. J’avais beaucoup de pression. »
« Si une équipe pro cherche un entraîneur »
Une pression qui ne le quitte pas aujourd’hui, mais avec laquelle il apprend à composer : « Le contexte économique reste délicat. La reprise, moi et mes clients, on ne la voit pas tellement. Franchement, 2014, ça va encore être compliqué, faut pas se leurrer. Après, peut-être que ça va repartir ? Faut voir… En attendant, je fais en sorte de soigner nos intérimaires comme je peux, en allongeant leurs missions au maximum. » Et le foot, c’est vraiment fini ? En décembre dernier, Bardon quittait avec fracas ses fonctions d’entraîneur Misérieux-Trévoux en DH Rhône-Alpes : « Je continue d’aimer le foot mais quand on a connu le haut niveau, c’est dur de s’adapter au monde amateur. C’était pas du foot loisir non plus mais les exigences sont pas les mêmes. Mais faut jamais dire jamais, si une équipe pro cherche un entraîneur, ça peut toujours m’intéresser. » Même pour une mission d’intérim, ça va de soi.
Par Régis Delanoé