- Autres championnats – Major League Soccer
La MLS enfin adulte ?
Ce week-end débute la 21e saison de MLS, un championnat passionnant quand on veut s’y intéresser, prometteur, attachant, mais encore pas mal immature et déroutant. Il faut que jeunesse se passe… Présentation de cette saison 2016 qui pourrait être celle d’une énième transition.
Une saison de pause dans les projets d’expansion de la ligue
En 2015, il y avait eu une réorganisation de la MLS avec la disparition de Chivas USA et les débuts de deux nouvelles franchises, Orlando City et New York City FC. Ceci avait eu pour conséquence positive de mieux équilibrer ce championnat avec désormais vingt équipes en lice, séparées en deux conférences cohérentes (l’ouest du Pacifique au Texas, l’est des grands lacs à l’Atlantique), avec le retour de la Floride dans le game et la création d’une rivalité à New York entre City et les Red Bulls. Ce système va rester en place cette saison encore puisqu’aucun changement majeur n’est cette fois à signaler : on reste à vingt clubs, les vingt mêmes, avant que n’en arrivent encore deux autres à partir de 2017, Atlanta United et Minnesota United (au passage, on remarquera le peu d’originalité dans le choix des noms, ce qu’on peut déplorer…). En 2018, ce sera Los Angeles FC qui viendra concurrencer Los Angeles Galaxy, avant que ne déboule logiquement Miami, le projet jusqu’à présent porté par David Beckham, d’ici 2020 au plus tard si tout se passe bien. On passerait ainsi de vingt à vingt-quatre clubs, ce qui est beaucoup mais le territoire couvert est également très vaste…
L’été sera chaud, l’été sera chaud…
En ce qui concerne les transferts, l’intersaison n’a pas été marquée par des recrutements spectaculaires et l’Amérique du Nord a largement été reléguée dans l’ombre des Chinois au rayon des championnats émergeants hors d’Europe. Le championnat chinois qui, au passage, débute sa saison ce week-end également… Pour ce qui est du calme observé en MLS cet hiver, c’est peut-être un mal pour un bien finalement. Faire confiance aux jeunes locaux, leur donner l’occasion de s’exprimer, explorer de nouvelles pistes de recrutement (Amérique du Sud et centrale essentiellement), moins onéreuses avec des joueurs plus facilement adaptables, réduire les inégalités de salaires au sein d’un vestiaire… Autant de vœux pieux pour faire entrer ce championnat à l’âge adulte et ne plus se contenter de faire des « coups » avec des stars le plus souvent vieillissantes et pas toujours hyper concernées. Quelques arrivées sont tout de même à signaler : Nigel de Jong en provenance de Milan et qui vient épauler Steven Gerrard au Galaxy, tout comme l’ancien des Rouches Jelle van Damme et l’éternel Ashley Cole ; Antonio Nocerino, du Milan également, qui s’est engagé avec Orlando ; Ilsinho l’ancien du Shakhtar qui débarque à Philadelphie, Shkëlzen Gashi qui a créé la surprise en quittant Bâle pour les Colorado Rapids, ou bien encore l’Arménien Yura Movsisyan prêté par le Spartak Moscou au Real Salt Lake. Pour les prochaines grosses transactions, ça devrait se jouer surtout cet été à la fin de saison des championnats européens. Parmi les joueurs susceptibles d’être séduits à court ou moyen terme par la MLS, il y a Ibrahimović s’il n’est pas prolongé à Paris, Totti, Fernando Torres, Terry… À plus long terme, il a aussi été question de Cristiano Ronaldo et de Rooney. Au niveau des départs, le plus remarqué est celui d’Obafemi Martins qui, comme Tim Cahill un an auparavant, n’a pas pu refuser le pont d’or d’un club chinois.
Gerrard, Giovinco, Pirlo, Drogba et Kaká têtes d’affiche
Les amateurs de football vintage continuent d’être servis en MLS avec la présence de quelques glorieux trentenaires, voire plus proche de la quarantaine… C’est le cas bien sûr à New York City FC avec un trio composé de David Villa (34 ans), Andrea Pirlo (36 ans) et Frank Lampard (37 ans). Ça sent fort la naphtaline aussi du côté de Montréal avec la très probable ultime saison – la première complète en MLS, a priori si tout se passe bien – de Didier Drogba, qui fêtera ses 38 ans le 11 mars. L’Ivoirien a failli poser un gros lapin à l’Impact et ranger les crampons pour entamer sa reconversion dans le staff de Chelsea mais il a finalement décidé d’honorer sa dernière année de contrat. Si l’affaire a pu laisser des traces, les Québécois sont trop heureux et soulagés de récupérer leur joueur étoile pour s’en offusquer très longtemps et ce, même si l’Ivoirien est actuellement en délicatesse avec son genou et avec le board de la MLS… Dans la Conférence Est toujours, on surveillera la performance de Kaká, le plus gros salaire de la Ligue, qu’a rejoint il y a moins d’un mois l’éphémère international italien Antonio Nocerino. À l’Ouest, c’est bien sûr à Los Angeles que brillent les plus belles étoiles, en l’occurrence Steven Gerrard, tête de gondole de l’effectif le plus dense de la MLS : Robbie Keane, Ashley Cole, Giovani dos Santos, Nigel de Jong, Jelle van Damme… Mais la star la plus performante du championnat, la plus jeune aussi, c’est l’Italien de Toronto Sebastian Giovinco qui a survolé les débats en 2015 pour sa première saison outre-Atlantique et qui a porté son équipe jusqu’aux premières play-offs de son histoire. Il sera cette année encore assisté de deux cadres de la sélection américaine, Michael Bradley et Jozy Altidore. Autre star locale, Clint Dempsey va continuer de porter les espoirs des Sounders de Seattle, orphelins du départ de Martins en Chine.
Deux nouveaux Français… et Patrick Vieira
Et les Français dans tout ça ? On en a recensé treize dans les différents effectifs, binationaux compris : Benoît Cheyrou, Damien Perquis et Clément Simonin à Toronto, Hassoun Camara et Wandrille Lefèvre (récemment naturalisé canadien et néo-international) à Montréal, Sébastien Le Toux et Vincent Nogueira à Philadelphie, Damien Perrinelle et Ronald Zubar aux Red Bulls, Aurélien Collin à Orlando, le Franco-Haïtien Soni Mustivar à Kansas City, Frédéric Brillant à New York City FC et Clément Diop au Galaxy. Les deux derniers nommés sont les petits nouveaux, le gardien parisien Clément Diop étant promu de la réserve de Los Angeles et Brillant arrivant d’Ostende en Belgique. Il sera sous les ordres du premier entraîneur français en MLS, Patrick Vieira.
Les stars pas favorites des pronostics
Comme à chaque saison, difficile de sortir du lot des favoris, la MLS se caractérisant par une forte homogénéité assez typique des sports américains et renforcée par ses particularismes (salary cap, drafts, play-offs qui redistribuent les cartes en fin de saison…). Il semblerait tout de même que l’équipe la plus armée, la plus dense et les plus expérimentée soit le Galaxy de Los Angeles, détenteur du record du nombre de titres avec cinq championnats remportés (le dernier en 2014). C’est la seule formation comptant des stars (Gerrard, Dos Santos, Keane…) qui peut vraiment aborder la saison en prétendant au titre. Ni Toronto (équipe trop irrégulière), ni Montréal (quel état d’esprit pour Drogba ?), ni New York City (stars vieillissantes, équipe déséquilibrée), ni Orlando (Kaká trop seul) ne peut afficher de telles prétentions, même si on n’est jamais à l’abri de surprises en MLS… En parlant de surprise, le tenant du titre Portland va devoir assumer son nouveau statut mais peut débuter la saison avec optimisme grâce à des certitudes dans le jeu et sa dynamique positive. Il faudra surveiller également les performances des Red Bulls, toujours en quête d’un premier titre. Seattle, Vancouver voire Dallas font aussi partis des prétendants d’un titre plus que jamais très disputé.
Au fait, Eurosport diffuse des matchs de MLS toute la saison, et ça commence dimanche 6 mars avec Chicago/NYFC et NYRB/Toronto à 19h30, et Portland/Colombus à 22h45.
Par Régis Delanoë