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La mise Hansen
Confortablement installée au milieu de terrain, capable de marquer comme de faire marquer, Caroline Graham Hansen est assurément la joueuse à surveiller dans l'équipe de Norvège que les Bleues affrontent ce mercredi à Nice (21h). Tout juste transférée de Wolfsburg au FC Barcelone, la native d'Oslo entend bien prouver à Ada Hegerberg que les absentes ont toujours tort.
Malgré le martèlement constant de l’absence d’Ada Hegerberg, les Françaises savent au moins citer un nom dont il faudra se méfier côté norvégien, ce mercredi soir à Nice. Julie Debever par exemple : « Hegerberg, je sais que c’est un atout pour cette équipe, donc forcément, je pense qu’elle va beaucoup manquer à la Norvège. Après, elles ont d’autres atouts supplémentaires, comme… Hansen » , résumait la capitaine de l’En Avant de Guingamp. Sa coéquipière Amel Majri était plus loquace au sujet de l’intéressée. Il faut dire que Caroline Graham Hansen a été son adversaire directe en Ligue des champions, lorsque son OL affrontait Wolfsburg, là où la native d’Oslo a évolué pendant cinq saisons : « C’est une joueuse qui va assez vite, qui garde le ballon tout près des pieds et qui a un crochet assez court. Elle a une bonne vitesse, elle est assez adroite devant le but. Sa qualité sur coups de pied arrêtés est assez intéressante. Après, comme toute joueuse rapide, j’essaie de ne pas trop être collée à elle et de prendre un peu de recul. Il faudra faire attention à ne pas être trop obnubilée par elle et délaisser les autres joueuses. »
Machine à servir
Voilà pour le portrait. Côté statistiques, Caroline Graham Hansen incarne à la perfection le concept de playmaker. Malgré le numéro 10 floqué sur son maillot, la Norvégienne n’hésite pas à martyriser le couloir droit et ses adversaires par son jeu de jambes et ses dribbles époustouflants. Son rôle est avant tout de faire marquer les autres et elle l’a de nouveau prouvé cette saison à Wolfsburg en terminant en tête du classement des passeuses avec ses 25 assists. En sélection, Pernille Harder est remplacée par l’expérimentée Isabell Herlovsen, qui comptabilise 57 buts en 121 sélections et une carrière internationale qui a débuté en 2005, à l’âge de seize ans. En 2005, Hansen tapait encore ses premiers ballons à Lyn, le club omnisports de son quartier à Oslo. Pas loin de quinze ans plus tard, elle a bien rattrapé son retard sur le vétéran, puisqu’elle revendique aujourd’hui 28 pions inscrits en 76 sélections, le tout à seulement 24 ans et une fougue qui reste sa meilleure alliée. Amel Majri a bien raison de souligner la nécessité de la surveiller, tant elle peut faire basculer le jeu à n’importe quel moment.
Bien là pour être ici
Après une solide campagne de qualifications au terme de laquelle la Norvège a terminé en tête de son groupe, les Gresshoppene (les sauterelles en VF) ambitionnent de repartir de France avec une médaille. Ni plus ni moins. Et pour cela, il faudra commencer par passer outre les Bleues, archi-favorites du groupe A. Cela tombe bien, Caroline Graham Hansen est prête à partir au combat. Un coup d’œil rapide sur son compte Instagram, qu’elle alimente régulièrement, suffit à comprendre à quel point porter le maillot de la sélection nationale compte à ses yeux. Au point d’envoyer un scud à Ada Hegerberg en affirmant à son sujet qu’il est « difficile de regretter l’absence de quelqu’un qui ne veut pas être des nôtres » .
Bien plus qu’une petite phrase choc, de quoi lui coller au pays l’étiquette d’une sorte d’anti-Ada Hegerberg, que Hansen connaît relativement bien : nées la même année, en 1995, elles ont toutes les deux porté le maillot de Stabæk avant, en 2013, de partir tenter leur chance à l’étranger, non sans succès. Mais la comparaison s’arrête là. Quoique. Si Hegerberg a fait le choix de se mettre en retrait de la sélection norvégienne pour donner un écho à son combat pour plus de parité entre hommes et femmes au sein du football norvégien, Hansen a également des causes qui lui tiennent à cœur et qu’elle n’hésite pas à afficher sur ses réseaux sociaux de manière plutôt explicite.
En attendant de regoûter au plaisir de la Ligue des champions avec le FC Barcelone qu’elle a rejoint pour deux ans juste avant le Mondial, Caroline Graham Hansen espère évidemment, comme chacune de ses coéquipières, réaliser le meilleur dans une compétition que son pays a remportée en 1995. Cela lui permettrait au moins de balayer sous le tapis le fantôme d’une certaine Lyonnaise qui hante encore aujourd’hui toutes les conversations. En attendant, l’ex-Wölfin a tenu à mettre les choses au point après le match d’ouverture des siennes, facilement remporté contre le Nigeria (3-0) et lors duquel les Norvégiennes ont mimé une célébration-selfie pour illustrer la cohésion de leur groupe : « Peu importe ce que j’écrirai à présent, tout sera interprété en long en large et en travers, comme vous le voudrez. Alors je vous demande de comprendre ceci : le sport, c’est une passion. On joue au football avec émotion. Je suis heureuse. Nous sommes follement heureuses. Et nous le sommes parce que c’est ensemble que nous sommes fortes. Parce que le « nous » passe au-dessus du « je ». » Le message est positif et peut-être que la performance des sauterelles permettra aux unes et aux autres de trouver une issue positive à leurs combats respectifs.
Par Julien Duez, à Nice
Propos de JD et AM recueillis par JD