- J0 2012
- Féminines
- 1/2 finale
- France/Japon
La meilleure, c’est elle
Vendredi, la France s’est qualifiée pour les demi-finales des Jeux Olympiques de Londres en venant à bout de la Suède de Lotta Schelin. Ce lundi, les Bleues devront faire face à un adversaire encore plus redoutable, le Japon. Championnes du monde en titre, les Nippones possèdent dans leur rang l’une des toutes meilleures joueuses du monde, si ce n’est la meilleure, en la personne de Homare Sawa. Une joueuse respectée et admirée par ses pairs.
Méconnue en France et en Europe, Homare Sawa est une star au Japon. Recrutée dès l’âge de 12 ans par le Yomiuri Beleza, un club de première division japonaise, elle est appelée pour la première fois en équipe nationale en 1993, à seulement 15 ans. Pour ses grands débuts en sélection, elle inscrit un quadruplé contre les Philippines. Deux ans plus tard, elle dispute sa première Coupe du monde. Elle y affronte notamment la Suède de Pia Sundhage, qui mettra fin à sa carrière l’année suivante. « C’est une très bonne joueuse,explique celle qui est désormais sélectionneur des États-Unis sur ESPN lors de la dernière Coupe du monde.Elle est forte des deux pieds. Ce qui m’impressionne, c’est qu’elle marque autant de buts. Elle est plus petite que moi et pourtant elle a inscrit quelques buts de la tête. Tout est lié à sa façon de lire le jeu. »
Cinq années remarquées aux États-Unis
Sundhage n’est pas la seule à être sous le charme de la joueuse de l’INAC Kobe Leonessa. Sawa est en effet très appréciée aux États-Unis où elle a évolué cinq ans, aux Denver Diamonds, au Atlanta Beat et au Washington Freedom. « Sa vision du jeu et son sens de l’anticipation ont toujours fait d’elle une joueuse hors-norme,commente Julie Foudy, qui a régulièrement joué contre elle en match international et dans le championnat nord-américain. Elle sait où se placer, quoi faire, et elle le fait. C’est super à voir. » Adversaire de la Japonaise lorsque celle-ci jouait à Atlanta, puis coéquipière à Washington, Abby Wambach est également une grande admiratrice. « Sawa est très intelligente. Elle arrive toujours à se mettre en position pour être dangereuse, justifie la buteuse des USA. Regardez les buts qu’elle marque, ce sont des buts modèles. Cette tête contre la Suède (en demi-finale du Mondial 2011), ça s’appelle être au bon endroit au bon moment. »
Cinq Mondiaux, quatre JO
Outre sa technique et sa vision du jeu, Sawa impressionne par sa longévité. Près de vingt ans après ses débuts en équipe nationale, elle est toujours là. Meilleure buteuse de l’histoire du Japon (80 réalisations en 181 sélections), elle a participé à cinq Coupes du monde (de 1995 à 2011) et elle dispute actuellement ses quatrièmes Jeux Olympiques. A 33 ans, la native de Fuchu n’a rien perdu de ses qualités d’antan. « Quand vous la regardez, vous voyez que son jeu ne perd pas en intensité, contrairement à ce à quoi on pourrait s’attendre » explique Foudy, bluffée. Capable d’évoluer au milieu de terrain comme en attaque, elle est toujours aussi rapide et agressive quand il s’agit de récupérer des ballons. Véritable leader du vestiaire, la capitaine du Japon est un modèle pour toutes ses coéquipières qui lui vouent une confiance aveugle. « C’est une joueuse intelligente et drôle, nous sommes très chanceuses de l’avoir comme capitaine, confie sa partenaire Aya Miyama.Elle a été la meilleure pendant tant d’années au Japon. Nous l’aimons. »
2011, l’apothéose
Homare Sawa atteint certainement son apogée en 2011 lors du Mondial en Allemagne. Meilleure buteuse de la compétition (cinq réalisations dont trois contre le Mexique) devant la star brésilienne Marta et la buteuse américaine Wambach, elle mène son équipe jusqu’à la finale en inscrivant un but décisif d’une tête rageuse contre la Suède en demi-finale (3-1). Lors de la finale face aux États-Unis, elle égalise en toute fin de prolongation d’une inspiration géniale sur corner. Le Japon s’imposera finalement aux tirs au but (2-2, 3 tab 1) et offrira à sa championne son premier titre international. Désignée meilleure joueuse de la compétition, Sawa est par la suite élue joueuse mondiale de l’année 2011, remportant ainsi le Ballon d’Or 2011 au même titre qu’un certain Lionel Messi chez les mecs. Cette distinction vient récompenser une carrière de près de vingt ans au plus haut niveau. Une carrière qui pourrait s’achever par un titre olympique. A moins que les Bleues…
Quentin Moynet