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La mécanique des Diables
Cités parmi les favoris du tournoi, les Diables rouges entament leur Euro ce samedi face à la Russie (21h). Avec un entraîneur, une équipe type et un style de jeu qui sont clairement dans la continuité du Mondial 2018. La marque d'une nation fidèle à ses principes, dont certains cadres disputent peut-être leur dernière compétition internationale majeure.
Roberto Martínez est un homme de principes. À l’heure de revenir (encore) sur la célèbre demi-finale France-Belgique du Mondial 2018, le coach des Diables rouges ne s’était pas démonté en juillet 2020, quitte à encore faire passer la patrie de Jacques Brel pour une nation de rageux pathologiques : « À partir du 1-0, tout ce que faisaient les Français prenait 20 secondes de plus… J’étais juste surpris de les voir si défensifs avec leurs meilleurs joueurs au marquage sur les nôtres. Pogba a suivi Fellaini partout sur le terrain. C’était extrême. » L’ex-gourou d’Everton n’a jamais chanté les louanges de l’attentisme et du pragmatisme footballistique et on peut au moins souligner la cohérence de sa pensée.
On prend les mêmes et on recommence
Trois ans après la Coupe du monde russe, sa Belgique est ainsi restée fidèle à son idée de jeu originelle. À savoir, une défense à trois, une recherche de la possession et du déséquilibre offensif et un système toujours dépendant du rendement des milieux latéraux, qui doivent à la fois animer les couloirs et assurer un repli défensif conséquent. C’est sans doute là que réside le talon d’Achille du 3-4-2-1 belge, alors que les côtés seront confiés à Thorgan Hazard et Thomas Meunier, qu’on qualifiera davantage de bons contre-attaquants que de défenseurs aguerris. Si ces deux-là partent un chouia trop à l’abordage, le trio défensif belge peut potentiellement se retrouver en difficulté. Notamment si les Diables rouges ont choisi d’évoluer dans une configuration haute, qui les force à laisser des espaces conséquents dans leur dos. La faute, aussi, à une triplette défensive performante, mais relativement vieillissante, où se côtoient Vertonghen et Alderweireld (66 ans à eux deux) et où Denayer (25 ans) fera presque office de jeune premier.
Évidemment, c’est aussi une forme d’apogée que semble atteindre la sélection du pays aux 1001 bières, que les bookmakers classent comme le 3e favori de l’Euro, après la France et l’Angleterre. La ligne offensive fait toujours autant frissonner de plaisir, portée par un Romelu Lukaku qui semble encore avoir gagné en dimension après sa saison démentielle à l’Inter. S’il sera absent lors du premier match de poules face à la Russie, Kevin De Bruyne sera le pourvoyeur en chef de l’attaquant nerazzurro, et sera assisté dans sa tâche par Dries Mertens. Le 3-4-2-1 de Martínez est par ailleurs travaillé pour laisser une certaine liberté à son trio offensif : Lukaku est capable de prendre l’aile gauche à l’occasion, Mertens peut se muer en attaquant de pointe si on lui libère l’axe et De Bruyne a évolué ponctuellement en faux numéro 9 à Manchester City cette saison.
Le Hazard fait mal les choses
La Belgique ne bénéficie cependant pas de la même profondeur de banc que la France, l’Angleterre ou l’Allemagne, même si elle pourra toujours lancer le milieu polyvalent Leander Dendoncker (Wolverhampton), Yannick Ferreira Carrasco ou encore Timothy Castagne dans l’arène. On notera par ailleurs que 17 des 24 joueurs convoqués pour le Mondial 2018 rempilent pour cet Euro 2020, signe évident de la stabilité recherchée par le staff belge. Conséquemment, les cadres de l’équipe ont pris quelques rides : la Belgique est la seconde équipe la plus âgée du tournoi, avec 29,1 ans de moyenne d’âge. Ce qui n’a pas franchement semblé être un poids pour la sélection lors des qualifications pour l’Euro, puisque cette dernière a aligné 10 victoires en autant de matchs, inscrivant 40 buts pour seulement 3 encaissés.
Martínez et compagnie doivent en revanche composer avec un gros caillou dans leur chaussure, nommé Eden Hazard. Toujours diminué par les blessures, l’ailier madrilène sera absent pour le premier match des siens face à la Sbornaya. Son statut pour le restant de la compétition pose logiquement question, alors que son sélectionneur a semblé indiquer qu’il pourrait éventuellement intégrer le onze type après la phase de poules : « Le plus important est qu’il soit prêt pour performer tout au long du tournoi. C’est le genre de joueur qui a besoin d’être au top physiquement, mais aussi de pouvoir prendre du plaisir dans son jeu pour jouer un grand rôle. Nous aurons trois matchs de groupe pour lui permettre de grandir dans le tournoi. » Un tournoi où la Belgique tiendra sa ligne coûte que coûte, à en croire Martínez lui-même : « Vous ne pouvez pas espérer avoir des résultats si vous n’êtes pas bon dans le style que vous pratiquez. Ça me semble impossible d’imaginer une approche pragmatique à l’extrême et d’espérer m’en sortir avec un trophée. » La Belgique, la vraie patrie du romantisme.
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