- Groupe D
- Allemagne/Australie (4-0)
La Mannschaft sort la grosse Bertha
Enfin ! En dynamitant l'Australie (4-0), l'Allemagne est le premier favori à s'imposer avec la manière. Et tant le score que le nombre de situations chaudes et variées disent la force de frappe de cette Mannschaft puissante et séduisante.
Il fut une époque où c’était presque toujours les Allemands qui gagnaient à la fin. Un proverbe mis à mal depuis bientôt quinze ans d’insuccès. Mais on n’est certains que les Allemands ne perdent presque jamais au début. En 19 Coupes du monde, la Mannschaft n’a perdu qu’une seule de ses entames, en 1982 face à l’Algérie (1-2). Pour ce faire, les Allemands ont rappelé une autre évidence : ce n’est pas le système qui compte mais l’animation. Joachim Löw avait opté pour un 4-2-3-1, comme un code familier en France. Mais celui-là n’avait rien d’un dispositif sécuritaire quand en Bleu il est synonyme de bétonnage. Oui, tout devient plus simple quand les côtés sont animés, quand on y combine et qu’il y a du monde à la réception des centres. Si Ribéry et son crew ont jeté un œil, on espère qu’ils ont pris quelques notes, juste au cas où…
Özil, une vraie classe
Pourtant, les toutes premières minutes rappelaient deux choses. Primo, l’Australie n’est pas une équipe de charlots. Huitièmes de finalistes il y a quatre ans, les Socceroos avaient même été à deux doigts de sortir le futur champion du monde avant de se faire dégager sur un péno assez discutable (0-1). Secundo, faut pas se mentir, les hommes de Pim Verbeek sont très britanniques dans leur façon de jouer, avec une bonne partie de l’effectif en Premier League. Du coup, on n’était guère surpris de voir les Aussies mettre le feu sur corner (2e). Mais il y a bien longtemps que la Mannschaft ne fait plus son beurre sur sa défense. Alors rapidement, dans les pas d’un Özil à la patte gauche suave et au coup d’œil bluffant, les Allemands créaient des brèches. D’abord sur un premier lancement d’Özil sur Klose qui s’en allait buter sur Schwarzer (7e) avant que le même Özil ne décale Müller dont le centre en retrait parfait trouvait la grosse Bertha de Podolski et un 40e but en 80 sélection (8e, 1-0). A tout juste 25 ans, qui dit mieux ? Un petit quart d’heure plus tard, c’est encore du côté droit que Müller centrait au ras pour le même Podolski, un poil court cette fois (23e).
Pas grave, une poignée de minutes après ce loupé, Lahm balançait un centre dans la boîte sur lequel Klose devançait un Schwarzer suspect, l’appréciation du gardien de Fulham étant plus que douteuse (26e, 2-0). Décidément, les portiers de Premier League ne sont pas à la noce dans ce Mondial. Et onzième but de Klose en Coupe du monde, à quatre longueurs du record de Ronaldo. Les Australiens étaient totalement dépassés et il fallait un brin de nonchalance d’Özil dans sa pichenette au-dessus de Schwarzer pour ne pas corser davantage la note (30e) avant que le même Özil, dix minutes plus tard, ne perde l’équilibre en dribblant le portier aussie. Le coup de sifflet de M. Rodriguez ressemblait à une bouffée d’oxygène pour Tim Cahill et ses potes.
Un coup à droite, un coup à gauche
Comme en première période, la reprise était favorable à l’Australie avec quelques corners, une frappe intéressante et même un pénalty réclamé pour une main de Mertesacker bien involontaire. Mais bon, il en fallait quand même plus pour bouger l’Allemagne. Sur un nouvel échange adsl, Özil (qui d’autre ?) était encore à la conclusion mais sa reprise flirtait avec la barre de Schwarzer (54e). Oui, l’Allemagne ressemblait à quelque chose de la grande équipe qu’elle fut si souvent par le passé. Et on sait que l’arbitrage est parfois sensible à ce genre de considération. Car franchement, le tacle certes sévère de Tim Cahill valait-il un rouge direct (56e) ? Dans ces conditions, cette rencontre, déjà si bien engagée, virait au calvaire. Pour les Australiens s’entend car pour Klose et ses partenaires, l’affaire ressemblait plus à une promenade. Özil, intenable, en profitait pour driver à droite avant de repiquer pour allumer du gauche un pétard bien repoussé par Schwarzer qui sortait ensuite un nouveau stop sur Klose, action sur laquelle Khedira semblait bien s’être fait balancer par Neil au moment de conclure dans le but vide.
Et l’histoire tournait au miracle quand sur un double échange à gauche Podolski-Klose, Schwarzer, archi battu, voyait la reprise à bout portant du buteur du Werder friser le montant. Face à tant d’occasions bouillantes, il fallait bien que ça craque. Nouveau départ à gauche de Podolski en diagonale pour un service vers Müller, son contrôle en pivot et sa finition croisée (66e, 3-0). Instant choisi par Löw pour lancer Cacau, comme une autorisation à y aller lui aussi de son petit coup. Nouveau lancement de la gauche vers Özil dont le centre en retrait trouvait Cacau, seul aux six mètres (70e, 4-0). Au vrai, au-delà d’un goal-average soigné, cette seconde période consacrée au flanc gauche démontrait aussi l’étendue de la force de frappe germanique après quarante-cinq premières minutes à déclencher de la droite. Un enseignement parmi d’autres pour cette équipe d’Allemagne qui, en attendant l’entrée du Brésil et de l’Espagne, a fait la plus forte impression.
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