- L1
- Girondins de Bordeaux
La malédiction Tigana
Jean-Louis Triaud a validé la démission de Jean Tigana. Un choix venu mettre un terme brutal à une année de collaboration placée sous le signe de la lose. Une rupture survenue, aussi, à quatre journées de la fin du championnat. C'est moche.
« Messieurs, dames, bonsoir, c’est la dernière conférence de presse que je vous donne » . Telles sont les ultimes paroles de Jean Tigana, désormais ex-entraîneur des Girondins. Des mots prononcés à chaud, après la lourde défaite concédée par les Bordelais sur leur pelouse, face à Sochaux (4-0), par l’ancien milieu de terrain Marine et Blanc, symbole du club phare des années 80′ en France*. Un homme qui s’en est allé, meurtri, blessé dans son orgueil et dans sa chair. Une décision motivée par une succession de faits défavorables depuis son arrivée en Gironde, en mai 2010, mais aussi par un acte isolé, venu des tribunes de Chaban-Delmas. « Ce fut une soirée désastreuse pour le club et pour moi… Ma fille (âgée de 16 ans)a été agressée en tribunes, en plus des problèmes à l’école (sic), a-t-il indiqué, dépité. Donc je prends la décision d’arrêter mon parcours aux Girondins de Bordeaux. Si certains en tribunes pensent que le problème c’est Jean Tigana, et agressent une petite, ça devient dramatique… Pour moi, le football, c’est pas ça. Il y a assez de problèmes dans le monde, je ne veux pas en créer aux Girondins » . Au revoir, fin du chapitre.
Jeannot, le Jeannot au rire rigolo, à la bonne humeur communicative, près d’un an après son arrivée au Haillan, a cette fois-ci définitivement jeté le chrono, après avoir remis par trois fois sa démission ; une révérence jusque-là toujours refusée par la direction bordelaise. Un épilogue douloureux, aussi, qui vient de sanctionner un parcours pour le moins ingrat. Clamant avec humilité et fierté appuyée, qu’il avait « toujours gagné partout où il était passé » , le successeur de Laurent Blanc, auto défini comme battant et gagneur, a lâché l’affaire. Conséquence d’une histoire chaotique, commencée dans la douleur lors de la dernière intersaison. Arrivé après trois ans d’inactivité, Tigana a dû successivement faire face à des mésaventures peu habituelles. Affublé d’un adjoint commis d’office (et non désiré), Michel Pavon, il a d’abord composé avec l’après Knysna, puis les suspensions et longues blessures de joueurs cadres, dont gardien de but et défenseurs.
« L’héritage » (laissé par Blanc, ndlr) comme il l’a alors plus ou moins maladroitement qualifié, s’est étoffé du départ de Yoann Gourcuff pour Lyon, d’un classement pourri en championnat, d’éliminations prématurées dans les coupes nationales, du départ de Maazou à la trêve, d’un classement pourri, de la fronde officieuse de Michel Pavon, des joueurs étant fidèles à ce dernier, de l’arrivée de l’imposture brésilienne André, de tags et insultes au centre d’entraînement, d’une rouste à Lorient (5-1), du départ de Michel Pavon, d’un classement pourri, de la suspension d’Alou Diarra, de celle d’Éric Bedouet (son autre adjoint), d’une relégation en L2 évitée de justesse, de la maladie (leucémie) de Dominique Dropsy (son autre adjoint), d’un strapontin européen capricieux, des « Tigana, démission ! » venus pour la première fois de la saison du Virage Sud, samedi, et enfin, de l’agression verbale sur sa fille ! Trop, c’est trop, donc. « La goutte d’eau qui a fait déborder le vase » , selon Jean-Louis Triaud, a noyé les derniers espoirs du petit garçon de Bamako, héros tricolore, devenu tricard chez lui, à Bordeaux. Une bien triste fin, pour celui qui risque de reprendre rapidement du service dans l’humanitaire, au Mali, son autre occupation. Avec plus de réussite, peut-être.
*(326 matches, 15 buts, sous le maillot frappé du scapulaire, entre 1981 et 1989)
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