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La Maison flanche

Par Maxime Brigand
4 minutes
La Maison flanche

Incapable de marquer pour la troisième rencontre consécutive, le Real Madrid a été battu mardi soir, à Moscou (1-0). Voilà déjà Julen Lopetegui avec une patate chaude prévisible entre les doigts : sans Cristiano Ronaldo, aujourd’hui à Turin, le triple tenant du titre se doit de recréer rapidement de nouvelles sources de buts. Mais comment ?

En fin stratège, Julen Lopetegui est un homme de peu de mots. Alors, lorsque le bonhomme s’essaye à la promesse, pourquoi ne pas lui faire confiance ? « Pas de panique, a soufflé l’entraîneur du Real Madrid, samedi soir, quelques minutes après le nul concédé au Bernabéu face à l’Atlético (0-0). Les buts arriveront… » Drôle de situation traversée en ce début de saison par le triple champion d’Europe en titre. En restant muet ce week-end lors du derby, ce Real a statistiquement fait tiquer en devenant la première équipe du club incapable de planter un but lors de deux matchs consécutifs de Liga depuis sept ans. Alors, trois, il ne fallait pas déconner. La dernière fois qu’une telle chose avait été vue à Madrid, c’était en janvier 2007, Fabio Capello était sur le banc et le Real avait bouclé la saison avec une couronne sur la tête, devançant le Barça aux confrontations directes.

Pourtant, bingo : en déplacement à Moscou mardi soir, dans un pays où Lopetegui s’est fait arracher les rênes de la sélection nationale à la veille du début de la Coupe du monde en juin dernier, les Merengues ont une nouvelle fois séché dans la finition et ont même été battus pour la deuxième fois (le Real a également été battu à Séville 3-0, mercredi dernier) en une semaine par un CSKA roublard (1-0). La faute première en revient évidemment à Toni Kroos – et par ricochet malheureux à Raphaël Varane, trop tendre sur le coup –, auteur d’une grossière remise vers Navas, interceptée et convertie par Nikola Vlašić après seulement deux minutes de jeu. Mais ce qui aura une nouvelle fois frappé les esprits en Russie, où le Real n’avait plus perdu depuis une défaite subie face au Lokomotiv Moscou (2-0) en octobre 2001, aura été le manque de réalisme de la bande de Lopetegui. Mais qu’est-ce qui cloche ?

Parler d’une crise n’a aucun sens

Ce qu’il faut savoir, déjà : mardi soir, Julen Lopetegui était privé de Gareth Bale, Isco et Marcelo, soit trois de ses principales cartouches offensives, auxquelles il fallait ajouter l’absence de Sergio Ramos, ce qui a forcé le technicien espagnol à retaper sa défense avec notamment la titularisation du jeune Reguilón, dont c’était le dépucelage européen. Ce qu’il faut comprendre, ensuite : Lopetegui était prêt à affronter ce casse-tête et ce problème est le chantier prioritaire de l’après-Zidane, mais surtout de l’après-CR7. Car en perdant le Portugais, c’est toute une idée de l’approvisionnement en buts qu’il faut réinventer, retrouver, le club espagnol tirant la majorité de ses succès des trois dernières années sur la force aérienne de sa vedette et Zidane ayant fait du Real une machine à centrer. Sous Lopetegui, c’est moins le cas, même si le match contre le CSKA a vu l’équipe se créer des opportunités et toucher à trois reprises les montants d’un Akinfeev expulsé en fin de match. Malgré tout, le schéma reste plus ou moins similaire offensivement parlant : une construction par les ailes, couplée à de nombreux mouvements conduisant à l’ouverture d’espace pour les créateurs avec un Bale devenu seul buteur né, Benzema étant davantage un constructeur, pour finir.

À Moscou, le Gallois n’était pas là et ça s’est senti, tout comme l’absence de Modrić, à qui Lopetegui a préféré Ceballos, au coup d’envoi a eu son rôle. Mais demain, lorsque Gareth Bale sera de retour, le Real Madrid retrouvera une nouvelle équation : comment demander à un joueur de créer au large et de finir dans l’axe ? Impossible, et cet élément avait été masqué lors de premières rencontres maîtrisées au tableau d’affichage, moins dans le contenu, à l’exception de la rencontre face à la Roma (3-0), lors de la première sortie européenne du Real cette saison. Alors oui, Julen Lopetegui n’est qu’au début de son aventure madrilène, mais se retrouve déjà placé face au choix assumé par Florentino Pérez de ne remplacer Cristiano Ronaldo numériquement que par Mariano, qui ne démérite pas depuis son retour à Madrid. Parler d’une crise n’a aujourd’hui aucun sens : c’est autre chose, de l’ordre du début de projet, des premières pierres à assembler qui changent déjà le visage du déplacement à Alavés samedi. Car quatre rencontres sans marquer le moindre but, oui, ça ferait tache. Et une promesse ne s’oublie pas, elle se tient.

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