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La machine à punchlines
En cinquante-cinq ans, Diego Maradona a beaucoup parlé. Il a aussi souvent pris la parole. Pour dire des conneries. Mais aussi pour faire pleurer, rire, voire les deux à la fois. Florilège des « Maradonades », les meilleures saillies du trash-talker argentin.
Pelé
→ « Pelé s’est dépucelé avec un garçon. Oui, oui, avec un garçon. » Après des critiques d’O Rei sur la sélection argentine, en 1997.
→ « Pelé est un esclave. Il a vendu son cœur à la FIFA. Et quand la FIFA n’a plus eu besoin de lui, il est venu gratter l’amitié des joueurs. Tous les noirs finissent par déteindre un peu… » Toujours en 1997.
→ « J’aurais pu être moins bon que Pelé. » Interview à la RAI, en 1997.
Fast life
→ « J’ai vécu quarante ans, mais c’est comme si j’en avais vécu 70. » Le jour de ses quarante ans.
→ « Si j’avais voulu baiser, je serais allé en Jamaïque ou à Ibiza, pas à Cuba. » En réponse à ceux qui l’accusaient de ne pas suivre correctement sa cure de désintoxication à Cuba, en 2000.
→ « Je ne sais pas ce que je vais faire dans 15 minutes, alors comment voulez-vous que je sache ce que je vais faire demain ? » En 2004, au jour le jour.
La FIFA
→ « Blatter m’aime comme un fils… Comme un fils de pute. » Philosophe, en 1998.
→ « Havelange vend des balles à l’un, et des fusils à l’autre. » En 1998, bien avant Lord of war.
→ « Havelange à joué au waterpolo, ça ne lui donne aucune légitimité pour parler de football. » En 1998, avec un certain désamour du bonnet de bain.
→ « Les dirigeants de la FIFA sont des vieux messieurs cramponnés à leurs fauteuils. Ils n’aiment ni le football ni les joueurs. Tout ce qui les intéresse, c’est l’argent. » En 2013, pour un football propre, à la Gazzetta dello sport.
Homosexualité
→ « Je n’ai rien contre les homosexuels. C’est bien qu’ils existent parce que ça laisse plus de femmes disponibles à ceux qui sont des hommes pour de vrais. » Gourmand, en 1987.
→ « Pelé est homosexuel. » Cliché sur les Brésiliens, en 1986.
Suicide
→ « Les gens qui se suicident n’ont pas de courage. » Après le passage à l’acte du joueur de San Lorenzo Mirko Saric, en 2000. Diego s’était excusé, quelques jours plus tard, auprès de la famille du joueur.
Religion
→ « Je me suis fâché avec le pape. Je suis allé au Vatican : le plafond était recouvert d’or. Et après, on nous dit que l’église se préoccupe des plus pauvres. Mais, putain, mec, vends le toit ! Fais quelque chose ! » Dans son autobiographie, Yo soy el Diego.
→ « Il est évident que je suis en connexion directe avec le grand barbu. » En 1997, après ses problèmes de santé.
Les dirigeants
→ « Les dirigeants de Boca sont aussi faux qu’un dollar celeste. » Remonté contre les institutions.
« Dans la clinique, il y en a un qui se prend pour Robinson Crusoé, et tout le monde le croit, et moi, on ne me croit pas lorsque je dis que je suis Diego Maradona. » Après le tournage de Vol au-dessus d’un nid de coucou.
La drogue
→ « Si j’avais été narcotrafiquant, je serais mort de faim. » Avant d’avoir vu Narcos, certainement.
→ « Si je ne m’étais pas drogué, on ne parlerait même pas de Pelé. » Avec des si…
Les Anglais
→ « »Esquiusmi, esquiusmi… » La prochaine fois, je te mets un coup de pied dans les couilles. » En 86, contre l’Angleterre.
→ « C’est un beau but, mais ce n’est pas une merveille. Raquel Welch est une merveille, mais pas un but. » Aux journalistes argentins, après son slalom contre les Anglais.
→ « Je demande mille fois pardon aux Anglais, mais la vérité, c’est que je le referais mille fois (la main de Dieu, ndlr). Je vous ai volé le portefeuille et vous n’avez pas cligné des yeux. » Pickpocket, en 1998.
→ « Je le jure sur la tête de tout ce que j’aime : je suis allé au duel avec Shilton et j’ai frappé la balle avec ma tête. Ce qui se passe, c’est que Shilton est sorti le poing en avant, mais je n’ai aucun doute que j’ai frappé le ballon de la tête : j’ai même un bleu sur le front qui peut en attester… Ce geste, je l’ai fait avec la tête de Maradona et la main de Dieu. » Son explication de la main de Dieu en 1986.
Les journalistes
→ « Aujourd’hui, j’ai moins de mots qu’un télégramme, laissez-moi tranquille. » En 2001, à des journalistes qui l’attendaient devant la porte de chez lui depuis des heures.
→ « Toi, t’es un juif de merde ! » Au journaliste argentin Mauro Viale.
Sélection argentine
→ « Continuez à me la sucer ! » Diego sélectionneur, après la qualification à l’arrache de l’Argentine en Coupe du monde 2010.
→ « Passarella veut que les joueurs se coupent les cheveux parce qu’ils se les touchent trop. Les joueurs se touchent aussi les couilles. Du coup, il va leur demander de se les couper aussi ? » En 1995, lorsque Passarrella voulait que ses joueurs se concentrent plus sur le ballon que sur leurs gels.
→ « Je n’aime pas les communistes qui conduisent des Rolls-Royce et qui ont des Rolex au poignet. » À propos de Menotti, son ancien sélectionneur et grand ami, avec qui il a l’habitude de se chauffer.
Messi et Ronaldo (et les autres, un peu)
→ « À chaque fois que Cristiano met un but, il regarde la caméra pour nous vendre un shampoing. » En 2014, un poil hater. Ou un cheveu.
→ « Neymar plus fort que Messi ? Je crois que Pelé n’a pas dû prendre les bons cachets. » Pharmacien, en 2014.
→ « Messi joue pour Messi. Il oublie ses coéquipiers. Souvent, il se transforme en Deportivo Messi, parce qu’il ne joue que pour lui. » Blagueur, lors de la Coupe du monde 2014.
→ « Si Messi gagne un Mondial, il sera meilleur que moi… » Serein, en 2014.
Boca Juniors
→ « J’ai joué des Clásicos, mais Boca-River, c’est différent. Ma poitrine s’enflammait. J’avais l’impression que j’allais passer la nuit avec Julia Roberts. » Interview à la RAI en 1997.
→ « Boca a moins de définitions que la télévision que j’avais à Fiorito. » Vendeur Darty, en 2001.
→ « Battre River Plate me procure la même sensation que lorsque ma mère venait me réveiller avec un baiser. » Incestueux, en 2000.
Enfance
→ « J’ai grandi dans une résidence privée… Privée d’eau, d’électricité et de téléphone. » Lors d’une visite en Bolivie en 2004.
→ « Mon rêve, c’est de jouer un Mondial et de le gagner. » Prophète, lors de sa première apparition, enfant, dans l’émission Sabados Circulares, 1971.
Politique
→ « Les politiciens sont aussi sales que des bidets. » En 2001, en réaction à la crise argentine.
→ « Mes deux grands héros sont Fidel Castro et le Che. » En 2013, à la Gazzetta dello Sport.
→ « Viva Palestina ! » En 2011, à Dubaï, après un entraînement d’Al Wasl.
→ « J’ai un peu d’avantages sur les politiques. Ils sont des personnages publics, moi je suis populaire. » En campagne, en 1996, au quotidien Olé.
→ « Je voulais faire ma cure de désintoxication aux États-Unis, mais Bill Clinton, avec sa tête de thermos, m’a refusé l’entrée dans son pays. » Oui, une tête de thermos. En 1996, toujours au quotidien Olé.
→ « Bush est un assassin. Je préfère être ami avec Fidel Castro. » Passion jogging, en 2003.
→ « Les États-Unis créent des guerres pour vendre des armes et après, on me raconte que c’est un pays génial. C’est un endroit sinistre, mauvais et hypocrite. » En 1996, au quotidien Olé et toujours avant Lord of war.
→ « Je veux que Kirchner soit comme Jésus-Christ. » Comme quoi, Jésus serait peut-être une femme. En 2004.
→ « Hugo Chávez a changé la forme de penser des Latino-Américains. Nous étions sous le joug des Américains et il nous a mis dans la tête que nous pouvions marcher seuls. » Discours funéraire à l’occasion de l’enterrement d’Hugo Chávez.
→ « C’est comme la légende de Frankenstein : les États-Unis ne peuvent pas se plaindre, car ils ont aidé Ben Laden quand l’Union soviétique occupait l’Afghanistan… » En octobre 2011, un mois après les attentats contre le Word Trade Center.
Immortalité
→ « Si je pouvais, je demanderais au père Noël d’avoir toujours vingt-cinq ans, comme ça je pourrais toujours jouer au football. » En 2001, au quotidien Olé.
→ « Ceux qui me croient mort peuvent aller se faire enculer. » En 1997, Diego invite ses détracteurs à une coloscopie à la suite de ses premiers problèmes graves de santé.
→ « J’étais dans un endroit très sombre. J’étais dans une marre d’huile noire, et des crochets sont venus me tirer de là. C’était sans doute le coma, ou la mort… J’étais mort et je suis revenu à la vie. Dieu a sans doute dû se dire : « Pour cette fois, c’est bon, mais la prochaine, t’y passes ! » » En 2010, revenu de nulle part.
En vrac
→ « Les gens doivent comprendre que Maradona n’est pas une machine à créer du bonheur. » Modeste, en 1995.
→ « Les fous, les alcoolos et les enfants sont les seuls qui disent la vérité. » Blague connue sur Michael Jackson, à la Gazzetta dello sport, en 2013.
→ « Dites-moi pourquoi je ne vais pas pouvoir vivre sans une partie de mon cœur, alors que d’autres arrivent à vivre sans âme ? » Après sa dernière opération du cœur.
→ « J’adore le foot américain, je veux être Peyton Manning. » En 2010, prêt à changer de ballon.
→ « Si j’avais la possibilité d’être quelqu’un d’autre pendant un jour, j’aimerais beaucoup être Richard Gere. » En 2010. D’où l’affection pour Julia Roberts.
Par Javier Prieto Santos