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La Louvière, une renaissance par l’actionnariat populaire

Par Lilian Fermin
La Louvière, une renaissance par l’actionnariat populaire

Club emblématique en Belgique, la RAAL a fini par disparaître à la fin des années 2000. Un projet ambitieux porté par un actionnariat populaire est venu à la rescousse des habitants de La Louvière qui s’ennuyaient sans leur équipe à supporter. La réussite est totale, et figurez-vous qu’un nouveau stade va bientôt sortir de terre.

Faire revivre la Royale Association athlétique louviéroise pour, et avec ses supporters. Voilà l’objectif que s’est donné Salvatore Curaba, quelques années après la radiation du club par la fédération belge en 2009. Ancien joueur de l’équipe wallonne lorsqu’elle évoluait en D2 au début des années 1980 et désormais entrepreneur à succès dans l’informatique, il s’est senti investi d’une mission : venir à la rescousse de ses concitoyens. « Je suis né à La Louvière et j’y passerai toute ma vie, j’aime cette ville », clame-t-il. Pour lui, pas question d’être seul propriétaire et décisionnaire de l’écurie, il copie le modèle de sa boîte pour permettre à quiconque d’investir et d’avoir son mot à dire au sein du club. Dans cette ville aux ambiances latines, où de nombreux habitants sont des descendants d’immigrés italiens, le football possède une place importante. « Le club était très familial, proche des supporters. On est issu d’une région ouvrière », se rappelle Christophe Bartolini, qui a connu l’époque où la RAAL accrochait Benfica, lors de sa seule participation à la Coupe de l’UEFA en 2003-2004.

Le club était très familial, proche des supporters. On est issu d’une région ouvrière.

Forcément, le projet d’actionnariat populaire plaît, et les habitants de la ville répondent présent en 2017. Tous ceux qui souhaitent détenir un peu du club le peuvent, en déboursant un minimum de 1000€. Salvatore et son entreprise gardent chacun un quart des parts pour s’assurer que le capital atteigne 2 millions d’euros, mais le club doit être rendu à ses supporters. Ce sont en tout 254 personnes qui ont participé à la renaissance de la RAAL, et ils pourraient bientôt être plus, puisqu’une augmentation du capital est en approche. « Avec ma compagne, nous sommes actionnaires, indique Christophe, apercevant le stade du Tivoli depuis sa résidence. C’est un geste plutôt symbolique, pour se dire que le club nous appartient. » La plupart des membres de la RAAL possèdent des billes dans l’équipe, même Frédéric Taquin, le coach. « C’était une opportunité de miser sur moi, sur mes capacités. Mais honnêtement, le projet est tellement ambitieux que j’aurais pu le faire sans en être. »

« Être un nouveau courant »

À la RAAL, tout le monde à son mot à dire, que vous ayez injecté 50 000€ ou 1000€. « Tous les types d’investisseurs sont représentés au conseil d’administration », promet le président. Il ne souhaite d’ailleurs pas rester accroché à son poste. « Quand le club sera capable de fonctionner sans moi, je me mettrai de côté. Je veux ne pas être utile ! » À La Louvière, on pense d’abord au club, puis à son ego ensuite. Mais pas question de se fourrer dans des petites magouilles et de reproduire les erreurs du passé. « On souhaite être un club propre, ne pas traîner dans des affaires comme on voit trop souvent dans le football », lance Christophe, lui qui a mis la main à la pâte bénévolement avant que le club n’embauche des salariés dans les secteurs administratif ou marketing.

On essaye d’être un nouveau courant, d’être une source d’inspiration.

Une professionnalisation express, puisque la RAAL possède un nombre hallucinant de sponsors pour une équipe de quatrième division : 213 soutenaient la formation issue de la province de Hainaut avant la pandémie. « Des équipes professionnelles nous demandent des conseils », assure Ludovic Martins, directeur des ventes et du marketing. Cette nouvelle façon de concevoir la vie d’un club de football interroge en Belgique et fait parler. Plutôt que de profiter seul du succès, Salvatore Curaba espère que son modèle influencera d’autres équipes. « On essaye d’être un nouveau courant, d’être une source d’inspiration, glisse l’homme de 51 ans. On ne garde pas tout pour nous, on partage notre savoir-faire ».

L’ambition sur le terrain

L’actionnariat populaire n’est pas qu’un projet chimérique. Le club est couronné champion dès sa première année de (ré)existence et manque de peu une nouvelle accession la saison suivante. Actuellement en quatrième division, ceux qui se surnomment les « Wolves » ont été ralentis par la Covid-19. « L’année dernière, nous étions deuxièmes, mais vu notre dynamique, je suis persuadé que nous serions revenus sur le premier si la saison n’avait pas été arrêtée », juge Frédéric Taquin. Cette année, l’équipe n’a pu disputer que trois matchs de championnat, mais a impressionné en Coupe de Belgique. « On est tombés en seizièmes de finale contre Antwerp, qui a battu Tottenham en Ligue Europa, rappelle le coach, grand fan de Johan Cruyff. On y est allé en gardant un esprit offensif et on a rivalisé jusqu’à la 75e et le but du 2-1, on a impressionné tout le monde là-bas. »

En marge des résultats sportifs très convaincants, les infrastructures se développent à vitesse grand V. La RAAL dispose d’un centre d’entraînement hyper moderne et s’est dotée d’un nouveau centre de formation. « Il fait partie du top 10, voire top 5 en Belgique », selon Salvatore. La formation est au cœur du projet, même s’il faudra être patient pour que les investissements portent leurs fruits. « Ça serait génial, et une immense fierté pour la ville et le club, de former des pépites », salive d’avance le coach, qui fait en sorte que le style de jeu de l’équipe première soit transmis depuis le plus jeune âge en adéquation avec tous les éducateurs.

On a des finances et une base très solide, on peut aller au bout de nos rêves et se requalifier en Coupe d’Europe.

RAALumer la flamme

Le projet porté par Salvatore Curaba se veut très ambitieux. Si l’objectif est de goûter au monde professionnel et à la seconde division belge d’ici trois ans, les infrastructures continuent de grandir. À tel point qu’un nouveau stade devrait sortir de terre en 2023. Le mythique stade du Tivoli est devenu trop vétuste pour ce club qui ne se pose aucune barrière. « On va construire le premier stade en Wallonie depuis 50 ans », affirme fièrement le président. Il y aura des loges pour les sponsors et il répondra aux normes européennes. Oui, un club de D4 va bien construire un stade d’environ 9000 places dont il sera le propriétaire. « On a des finances et une base très solide, on peut aller au bout de nos rêves et se requalifier en Coupe d’Europe, ambitionne Christophe, actionnaire, mais supporter avant tout. Notre président est un rêveur. » Propos confirmés par l’intéressé : « Je vise toujours l’excellence, et l’Europe, c’est l’excellence. » Rendez-vous dans une dizaine d’années quand la RAAL fera trembler le Barça et Manchester City, alors.

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Par Lilian Fermin

Propos recueillis par LF.

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