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- Ce qu'il faut retenir de la 28e journée
La loi du plus fort
Ce week-end de Ligue 1 a permis de confirmer le vieil adage de Jean de la Fontaine : la raison du plus fort est toujours la meilleure.
Les gros terrassent les petits
Venus s’abreuver discrètement, les agneaux du championnat ont fait de très mauvaises rencontres à l’orée de la forêt. Affamés, les six premiers du classement étaient de sortie ce week-end, en quête de points et de viande fraîche. Tous crocs dehors, les hommes de Marcelo Bielsa ont enterré Toulouse au Stadium (1-6), avant que Lyon ne dévore Montpellier sous les hurlements (5-1). Eux aussi dépecés au Parc des Princes, les petits moutons lensois ont abandonné leurs dernières illusions dans la douleur (4-1), tandis que les Messins sont couverts de rouge après leur défaite à Rennes (0-1). Pour les rescapés, les pertes sont considérables. Clinique et stratégique, Monaco s’est régalé à Évian (3-1), tandis que Saint-Étienne a su mordre pour arracher la victoire contre Lorient (2-0), laissant les deux clubs exsangues. Plus poussifs, mais tout aussi cruels, Bordeaux a frappé Caen dans le ventre mou à la dernière minute (2-1), quand Lille a croqué au physique des Guingampais qui restent sur trois défaites d’affilée (0-1). En résumé, tous les favoris se sont régalés, sans autre forme de procès.
Vous avez raté Bastia/Nice et vous n’auriez pas dû
Les vrais durs et les mecs qui en ont se retrouvaient ce week-end à Bastia, où le Sporting s’est imposé en jouant des coudes contre Nice. Alors que Carlos Eduardo avait ouvert le score sous les fumigènes, les tueurs à gages Puel & Diawara ont écopé de deux cartons rouges directs, laissant progressivement les Aiglons sombrer. « Les expulsions ne nous ont pas facilité la tâche » a expliqué Romain Genevois, sonné après la débâcle dans le derby : « On s’est fait avoir par le contexte » . Sur la pelouse, peu de football, mais des bourre-pifs administrés avec panache et savoir-faire, à l’image de ce coup de coude de Drissa Diakité sur Éric Bauthéac, qui a fini avec un œil poché et une défaite empochée. « Nous n’avons pas su rester dans le match » a conclu Claude Puel, le père du principal incriminé : « C’est une très mauvaise soirée avec un concurrent qui passe devant, des suspendus et des blessés. » Entre deux interruptions de jeu, les locaux ont renversé la vapeur grâce à Gillet et Sio, inaugurant une place au soleil dans la première partie de tableau.
L’analyse définitive : Lavezzi, plus buveur que buteur
Inspiré, Javier Pastore a profité de la venue de Lens au Parc pour gonfler ses statistiques d’une volée victorieuse dans le petit filet (4-1). Admiratif, son pote Lavezzi a voulu s’assurer qu’il soit bien titulaire contre Chelsea. Ivre, le Pocho a en effet croqué une occasion toute faite de marquer, tergiversant sans raison face au but vide après avoir éliminé Riou, avant d’être finalement contré. « Il y a des joueurs qui s’aperçoivent que c’est difficile de marquer » , a tonné Laurent Blanc en conférence de presse, au sujet du manque de réalisme patent de ses attaquants depuis plusieurs matchs : « Si Lavezzi a la même occasion à Stamford Bridge que celle manquée ce soir, il n’y aura pas que moi qui serai énervé. » Tremblant comme une feuille quand il s’agit de viser, à l’image de ses ratés inquiétants contre Monaco, l’attaquant argentin se révèle au fil de ses soirées parisiennes plus grand buveur que grand buteur. Un choix de vie qui se respecte, mais qui le privera sans doute du choc contre les Blues mercredi.
La polémique de la machine à café : la Ligue 1, c’est le Bronx
À l’image des artères les plus mal fréquentées de Paris, la Ligue 1 serait-elle devenue une « no-go zone » ? C’est la question que tout le monde se pose aux États-Unis après les débordements de ce week-end, entre tacles à la gorge, règlements de compte à la OK Corral et clash interposés… Englués dans l’affaire Emiliano Sala, Willy Sagnol et Patrice Garande se sont vertement frictionnés en public, tandis que Louis Nicollin a mis un contrat sur la grosse tête de Jean-Michel Aulas : « Faut faire gaffe car, dans la vie, tu paies toujours le manque d’humilité » . Au milieu des invectives, les premières salves sont parties sur les pelouses, où pas moins de 48 cartons ont été distribués entre adeptes des duels musclés, pour cinq disparus recensés. Mais que fait la police me direz-vous ? Corrompue ou impuissante, à l’image d’Alexandre Castro qui a refusé deux buts valables aux Nantais, ou d’Olivier Thual, qui a condamné Caen sur un penalty litigieux, elle n’offre pas la régulation espérée. Sur le terrain, les enquêteurs ont recueilli pas moins de 36 impacts de balles dans dix lieux différents, preuve s’il en est que les fines gâchettes se portent bien.
Le top 5
– Nabil Fekir, toujours au-dessus du game avec une polémique internationale, un penalty provoqué et un doublé. – Michy Batshuayi, dont on va devoir apprendre à prononcer le nom, et plutôt deux fois qu’une. – Max-Alain Gradel, yes you CAN, troisième but d’affilée en Ligue 1. – Rony Lopes, l’histoire d’un Portugais qui arrivait à faire briller Nolan Roux. – Paul-Georges Ntep, le double-prénom qui fait fureur à la maternité.
Ils ont dit
– Rolland Courbis, impressionné par le leader : « Heureusement qu’on ne rencontre Lyon que deux fois. Trois, ça ferait 15 buts encaissés. (…) S’il y a un terme supérieur à « bravo », je leur dis. » – Marcelo Bielsa, cherche un traducteur : « Je ne considère pas que mettre des joueurs sur le banc soit un signal fort. Pour moi, Gignac et Thauvin ont la même importance qu’avant. » – Pascal Dupraz, en mode cash investigation avec ses actionnaires : « Notre club, au bout de quatre ans en Ligue 1, devrait avoir un budget supérieur, et certains devraient se remettre en question, comme je le fais chaque jour. Il est trop facile de tailler. C’est insupportable. » – Jean-Luc Vasseur, qui s’attaque ensuite au défi de l’aiguille dans une botte de foin : « On a trouvé une bonne pelouse, on a trouvé un public et on est en train de retrouver une équipe » . – Patrice Garande, tapons un peu sur les arbitres : « Sur le banc, on me dit que le penalty est sifflé à 2 minutes 10, alors qu’il y a 2 minutes d’arrêts de jeu. Donc voilà, je suis juste allé voir l’arbitre, parce que je ne sais pas si la psychologie fait partie de leur formation, mais moi, je n’aurais jamais sifflé ça. » – Antoine Kombouaré, sparring-partner patriote : « Paris, ce soir, c’est un rouleau-compresseur. (…) Cela a été un match d’entraînement pour eux, espérons que cela leur serve mercredi. » – Albert Cartier, bisounours grenat : « 54% de possession de balle et 17 tirs au but ! C’est quand même pas si mal pour un dernier du championnat. » – Michel Der Zakarian, un peu boudeur : « Je ne vais pas parler d’arbitrage ce soir » .
Le geste héroïque
Bientôt récompensé de la légion d’honneur, le gardien de l’OM Steve Mandanda s’illustre en déjouant un attentat contre la presse.
Le tweet
Apparement les coups de coude c’est rouge mais que dans un sens… pic.twitter.com/losHPDt6sv
— Eric bautheac (@BautheacEric) 8 Mars 2015
La Stat
Remercié trois minutes après son entrée en jeu, l’international comorien du FC Nantes, Chaker Alhadur, est le remplaçant le plus rapidement expulsé en L1 depuis Jordan Ayew en 2013 contre Évian. Monde de brutes.
⇒ Résultats et classement de L1
Par Christophe Gleizes