- France
- Ligue 1
La Ligue 1, reine de l’année 2021
Au-delà des crises des droits TV et des incidents en tribunes, la Ligue 1 a réussi son année sur les terrains. Du spectacle, des buts, du jeu et le fruit d'une évolution des mentalités qu'il faut souligner et encourager. Et si le championnat de France devenait bientôt à la mode ?
Voilà un bon moment, pour ne pas dire trop longtemps, que le feuilleton préféré des Français n’avait pas été aussi passionnant. Il n’est pas question ici de Plus belle la vie ou de Joséphine, ange gardien, mais bien de la Ligue 1 et de ses rebondissements. Cette année écoulée, la routine ronronnante, mais toujours réconfortante, du championnat de France a pris une tournure très enthousiasmante. Moins de purges, plus d’équipes joueuses et moins de week-ends soporifiques. Il serait pourtant facile de mettre de côté la vérité du terrain pour s’attarder sur les problèmes en tribunes, récurrents depuis le mois d’août et occupant une place de choix dans les médias ces dernières semaines, au point d’occulter parfois le plaisir de voir une ligue des talents transformée et agréable à suivre. Il sera bien sûr essentiel de rapidement trouver des solutions pour éviter les débordements et faire en sorte que chaque match puisse se dérouler dans un stade plein et aller à son terme. En attendant, il faut savourer et se poser une question : cette parenthèse enchantée ne fait-elle que commencer ?
La prime à l’attaque et au spectacle
Il faudrait sans doute être un poil chauvin (juste un poil) pour assurer que la Ligue 1 s’est rapprochée des fameux quatre grands championnats, notamment de la Premier League et de la Serie A, et l’heure n’est de toute façon pas aux comparaisons bancales. La vitrine du football français a mérité cette année que l’on s’arrête devant. Au-delà du titre de champion du LOSC de Christophe Galtier, qui rappelle à tous les autres que le Paris Saint-Germain n’est pas totalement intouchable, il y a la satisfaction d’avoir assisté à des petites (r)évolutions dans les mentalités. « Je pense que ça calcule un peu moins, tout le monde a envie de jouer, nous confiait Fabien Lemoine le mois dernier. Je prends énormément de plaisir sur le terrain, je ressens le nouveau visage de la Ligue 1. Au milieu, on est maintenant dans une zone avec beaucoup de temps et d’espaces, ça doit rendre les choses intéressantes pour le spectateur. » Oui, le passionné de ballon s’éclate au stade ou devant sa télé à voir Lens réciter ses partitions à merveille ; Nantes s’embellir ; Strasbourg proposer du spectacle ; le collectif bien huilé du Stade rennais ; la surprenante équipe d’Angers dirigée par Baticle ; le regain de forme habituel de Monaco et celui de Brest ; le Montpellier de Savanier et plein d’autres belles choses.
Chaque match n’est pas passionnant, mais chaque équipe (ou presque) dégage quelque chose en particulier. Parmi les locomotives, l’OM et l’OL n’ont pas toujours été spectaculaires, ce qui n’empêche pas d’observer avec attention les tentatives tactiques de Sampaoli et Bosz, le premier étant plus en réussite que le second. Le tenant du titre, désormais entraîné par Gourvennec, a également beaucoup déçu, compensant sa première partie de saison poussive sur la scène nationale en brillant en Ligue des champions. Après un départ canon, Nice a davantage brillé grâce à ses individualités (Gouiri, Delort) qu’à un plan de jeu ambitieux. Tout n’est pas parfait, à commencer par le PSG de Messi, Neymar et Mbappé, plus souvent désolant que séduisant, mais la photographie générale de cette année 2021 incite à l’optimisme. Cela se traduit d’ailleurs dans les chiffres : jamais une première partie de saison n’avait été aussi prolifique depuis le début du siècle (536 buts après 19 journées, un record alors que la barre des 500 n’avait été dépassée que deux fois, en 2017-2018 et 2020-2021).
Le révélateur européen et l’excitation des lendemains
Une impression renforcée par le comportement des représentants français dans les compétitions européennes. Loin des moqueries méritées de ces dernières années, les six clubs engagés en Ligue des champions, Ligue Europa et la petite nouvelle Ligue Europa Conférence ont affiché un bilan inédit au bout de la phase de poules (19 victoires, 14 nuls, 3 défaites et plus de 12 points par participant en moyenne). Ce qui permet à la France d’être en tête du fameux classement des indices UEFA avec 14 416 points, soit presque le double de la saison passée, devant les Pays-Bas et l’Angleterre. Tout cela restera à confirmer lors des prochaines échéances, les plus importantes, mais il ne faut pas bouder son plaisir de voir le LOSC s’incruster dans le top 16 européen ou bien Monaco et Lyon régner facilement sur leurs poules respectives en C3. La Ligue 1 n’a jamais été aussi belle, et c’est paradoxal avec les multiples crises qu’elle a connues ces deux dernières années (les droits TV, la Covid-19, les incidents en tribunes, etc.). Il faut désormais patienter en espérant que ce ne soit pas le coup d’une saison, mais plutôt le début d’une évolution portée par les coachs étrangers comme français, dont la nouvelle génération se base peut-être sur d’autres principes et d’autres modèles. « Après, on verra en deuxième partie de saison, nous a prévenus Fabien Lemoine. Avec la pression des points, ce sera peut-être un peu différent, mais j’ai l’impression que même les équipes en difficulté vont de l’avant et marquent des buts. » De quoi rassurer Vincent Labrune : la Ligue 1 n’est pas près de devenir le championnat de Slovénie.
Par Clément Gavard