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La Ligue 1, entre excitation et appréhension
Entre les clubs qui lancent une nouvelle ère et ceux, toujours plus ambitieux, qui souhaitent surfer sur leur dynamique, cette saison de Ligue 1 s'annonce excitante et le championnat encore plus compétitif avec le passage à 18 équipes. Même si certaines menaces pourraient venir obscurcir son avenir.
C’est toujours la même excitation chaque année, en plein milieu de l’été, quand les choses sérieuses pointent le bout de leur nez après deux mois de manque, de mercato et de matchs amicaux qui donnent parfois envie de tirer de grands enseignements, mais qui ne devraient servir qu’à tuer l’ennui. La Ligue 1 est de retour au même moment que le beau temps, il faut peut-être y voir un signe. Comment ne pas aimer le foot au mois d’août, entre le soleil recouvrant les stades, le plaisir de retrouver nos repères et, à l’inverse, cette sensation de curiosité devant la nouveauté. En voilà une belle : le passage du championnat de 20 à 18 équipes, comme entre 1997 et 2002. Un coup dur pour les plus gloutons, privés de quatre journées sur l’ensemble de la saison (de 38 à 34), mais surtout un espoir de retrouver une élite plus compétitive. Celle-ci n’avait pas semblé aussi ouverte depuis longtemps en haut derrière le PSG, et encore, le champion de France en titre ne semble plus totalement intouchable. Cette saison sera belle, c’est sûr et c’est en tout cas ce que l’on a envie de croire quand on sait qu’elle sera décisive pour l’avenir du football français.
Le rendez-vous des ambitieux
Au niveau de ses aventures domestiques, la Ligue 1 suit une progression plutôt positive ces dernières années. Les clubs qui travaillent mal sont punis (Bordeaux, Saint-Étienne, Angers, etc.), ceux qui travaillent bien sont récompensés (Lens, Rennes, Reims, etc.). Le resserrement à 18 équipes, certes cruel sur la forme, devrait réduire le ventre mou du championnat et tirer tout le monde vers le haut, où les candidats aux places européennes sont de plus en plus nombreux. Le Paris Saint-Germain s’impose logiquement comme le grand favori, le club de la capitale restant dans une autre dimension, mais sa révolution estivale, cette fois concrète, entraîne quelques incertitudes. Puisqu’il est question de nouvelle ère, ce sera aussi le cas à Marseille, qui a encore changé de coach et renouvelé son effectif, ou bien sur la Côte d’Azur, à Monaco comme à Nice, où les entraîneurs Adi Hütter et Francesco Farioli comptent relancer la machine et les ambitions.
Parmi les ambitieux, justement, Lens, le Stade rennais et Lille souhaitent capitaliser sur leur dynamique. De retour en Coupe d’Europe, directement en Ligue des champions, les Sang et Or ont perdu Seko Fofana et Loïs Openda, deux acteurs majeurs du dernier exercice, mais peuvent s’appuyer sur Franck Haise et un budget record de 118 millions d’euros. Les Bretons ont conservé Bruno Genesio, attirant au passage Ludovic Blas et Enzo Le Fée, deux artistes que l’on avait envie de voir rester en France. Le LOSC peut toujours avancer avec Paulo Fonseca, son jeu sexy et un effectif qui a peu bougé. C’est aussi une raison de la métamorphose de la L1, cette harmonie entre de jeunes entraîneurs qui ont des idées (Régis Le Bris à Lorient, Will Still à Reims, Carlos Martinez Novell à Toulouse) et les coachs étrangers qui n’ont jamais été aussi nombreux. Bien sûr, l’enthousiasme n’est pas contagieux : l’OL fait déprimer plus qu’il ne fait rêver, alors que Brest et Nantes savent que la saison pourrait être difficile. Il reste l’espoir, peut-être, d’assister à quelques surprises avec le dernier tour de piste de Pascal Gastien à Clermont, ou encore les promus Metz et Le Havre, portés par des projets différents, mais cohérents.
La Ligue 1 face à son avenir
Au-delà des considérations sportives et la perspective d’aborder chaque week-end avec gourmandise, cette cuvée 2023-2024 se présente comme un nouveau tournant majeur pour le futur de la Ligue 1. L’appel d’offres concernant les droits TV du championnat de France pour la période 2024-2028 sera lancé le 12 septembre, sans trop de garanties après l’échec cuisant de Mediapro, qui avait obligé la LFP à revoir ses ambitions à la baisse avec une valorisation à 624 millions d’euros par an. Vincent Labrune rêve toujours du milliard d’euros de revenus annuels globaux, droits domestiques et internationaux compris, pour la Ligue des talents. Mais celle-ci reste loin derrière ses voisins européens, notamment la Premier League, et les possibles départs de Neymar et Kylian Mbappé, en plus de celui de Lionel Messi, seront des arguments en moins pour vendre le championnat de France à l’étranger.
Sur le terrain, il sera aussi question de montrer autre chose sur la scène européenne, avec comme fil rouge la lutte avec les Pays-Bas au classement UEFA, où la France est passée provisoirement 6e (51 914 points contre 52 600 pour les Néerlandais). Les représentants que sont le PSG, Marseille, Lens, Rennes, Lille et Toulouse seront soutenus par leurs concurrents, soucieux de ne pas perdre un ticket européen à l’aube de la réforme des compétitions européennes. Il faudra au moins ça pour que la Ligue 1 ne devienne pas le championnat de Slovénie, dont les clubs pourraient sans doute faire peur aux écuries françaises le temps d’une soirée. Chaque feuilleton a besoin de ses bonnes habitudes.
Par Clément Gavard