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La Liga passe du duo au trio

Par Robin Delorme, à Madrid
La Liga passe du duo au trio

Il faudra s'y habituer : une nouvelle fois, cette Liga devrait se décider entre Real Madrid, FC Barcelone et Atlético de Madrid, candidat déclaré à la succession blaugrana suite à son succès face à Valence. Pour le reste, cette journée a mêlé insultes, sieste et triplés.

L’équipe du week-end : Atlético de Madrid

Même vide, le Vicente-Calderón et ses strapontins festoient encore. Une ambiance olé-olé qui renvoie à la victoire dominicale des Matelassiers face à Valence. Ce succès de 2-1, plus que complaisant pour de bien faibles Chés, offre trois points plus que mérités aux hommes de Diego Simeone. « Nous avons vu le meilleur match de l’Atlético de ces derniers temps, confirme même le Cholo en conférence de presse. L’écart minimal peut laisser à penser que la victoire a été difficile à acquérir, mais du bord du terrain, nous n’avons jamais eu cette sensation. » Normal, puisque dès les premières minutes, les Rojiblancos étouffent un adversaire qu’ils n’ont pas battu la saison passée. Que ce soit dans le pressing ou les duels, dans l’animation ou dans le contrôle, ils martyrisent des Valenciens qui, grâce à un grand Domènech dans les cages, ne rentrent aux vestiaires qu’avec un écart de deux pions. Toujours aussi pressants, mais un tantinet moins adroits, ils conservent leur avantage au bout du second acte, ce malgré un penalty converti par Alcácer. De fait, à deux points du binôme des Blaugrana et Merengues, et après avoir joué ce duo, Chés, Palanganas et Villarreal, l’Atlético a la gueule d’un concurrent au titre.

Le Don Quichotte du week-end : Luis Suárez

Le Pistolero n’aime pas faire dans le comique de répétition. Un an après ses débuts au Santiago Bernabéu – des débuts retardés pour cause de suspension de la FIFA -, il n’a pas déçu face à la surprise Eibar. Heureusement, tant le FCB s’est une nouvelle fois montré apathique sans son maître à jouer argentin. D’abord à l’égalisation sur un service de Sandro, Luis Suárez a complété sa soirée par deux autres banderilles sur des services de son acolyte brésilien. Servi au point de penalty, puis en pleine course, il étale une nouvelle fois toute sa classe. Ce triplé a par là même sorti Luis Enrique de son habituel mutisme à sortir des compliments : « Nous savions déjà l’importance de Luis dans cette équipe, indépendamment des buts qu’il marque. Ce qu’il nous donne est inchiffrable, indéniable. Même s’il a un jour sans face au but, il reste pour nous un joueur de base et irremplaçable. » Un indéboulonnable qui, grâce à son deuxième hat-trick barcelonais, pointe même à un pion du Pichichi actuel, Neymar. Cette nouvelle a de quoi inquiéter : mal à l’aise avec son jeu, le Barça peut compter sur ses individualités sud-américaines.

Vous avez raté Celta de Vigo-Real Madrid et vous n’auriez pas dû

Le partidazo de la journée a tenu ses promesses. Entre les deux premiers de Liga, tous deux invaincus avant le coup d’envoi, le combat s’est voulu féroce au Balaídos. Le Real Madrid, par l’intermédiaire de Cristiano Ronaldo, ne tarde d’ailleurs que quelques minutes à trouver la mire. Ce pion précoce pousse le Celta de Vigo à pratiquer son plus beau toque. Une pluie d’occasions s’abat alors sur les cages de Keylor Navas. D’abord sur une frappe lointaine d’Orellana, puis sur festival dans la surface de Nolito, et enfin sur une tête à bout portant d’Hernandez, le Costaricain écœure les hommes du Toto Berizzo. Mieux, ces arrêts miracles permettent aux Merengues de faire le break avant la pause grâce à Danilo. L’expulsion de Cabral pour protestation à l’entame du second acte n’empêche pas les Celtiñas à poursuivre leur entreprise de domination. Lorsque Keylor ne peut rien, c’est au tour de Marcelo de se muer en sauveur sur sa ligne. Ou à Nolito d’inscrire un golazo en pleine lucarne. Les derniers espoirs galiciens se retrouvent pourtant six pieds sous terre, lorsque Guidetti se rate sur la balle d’égalisation et que Marcelo conclut, en contre, le bel après-midi madrilène.

Les arrêts exceptionnels de Navas

La polémique de la machine à cafe con leche : Mascherano, absent du Clásico ?

La biscotte rouge dégainée par Carlos Del Cerro Grande squatte toutes les unes des canards sportifs espagnols. Passé presque inaperçu à sa sortie à la 84e, ce carton synonyme d’expulsion a surpris jusqu’à son receveur. Javier Mascherano, tout surpris, ne sort qu’un sourire ironique en guise de protestation. En cause, une insulte importée d’Argentine – « La concha de tu madre » – qui n’a guère plu aux oreilles de l’arbitre de touche. Et qui pourrait coûter au Jefecito sa place pour le prochain Clásico. Selon le comité des arbitres espagnols, une telle insulte peut aller jusqu’à une suspension de quatre rencontres. Une durée d’indisponibilité qui interdirait à Luis Enrique d’aligner son Argentin face à Getafe, Villarreal, Real Madrid et Real Sociedad. Dans les faits, Damian Suárez, alors joueur d’Elche, avait lui écopé de deux rencontres de suspension pour une telle insulte. Quoi qu’il en soit, il n’en fallait pas plus pour que les médias barcelonistas et madridistas n’entament, tambour battant, leur sprint jusqu’au si attendu Clásico.

Le golazo du week-end : Nolito

La défaite ne permet pas les festivités, certes. Il n’empêche que Manuel Agudo Duran, aka Nolito, a fait de la lucarne de Keylor Navas sa chose. Un chef-d’œuvre qui compte, presque, pour du beurre : défait par le Real et écœuré par son portier costaricain, le Celta trouve tout de même en Nolito le deuxième meilleur buteur du Royaume.

L’analyse définitive : oui, une Liga à trois !

Les mauvaises langues peuvent se la bouffer. Alors qu’un énième duel entre Real Madrid et FC Barcelone se profilaient pour cette Liga, l’Atlético de Madrid rappelle à son monde qu’il faudra bien compter sur lui. Vainqueur avec la manière de pâles Chés, la bande à Simeone peut se targuer de ne pointer qu’à deux longueurs de l’omnipotent duo, qui s’apprête à se retrouver dans deux bonnes semaines au Camp Nou. Mieux, les Colchoneros se sont déjà farcis tous les gros du championnat – ne manque que le Celta de Vigo – et peuvent espérer faire le plein jusqu’à Noël. Mieux armé, aussi bien en quantité qu’en qualité, ils rappellent, de par le jeu proposé, la fabuleuse équipe de la saison 2013-14 qui avait ramené le salarié doré de Liga au Vicente-Calderón. Une breloque qui traîne toujours au Barça, tenant du titre légèrement déboussolé depuis le début de l’exercice. Déjà menés à cinq reprises et défaits par deux fois, les Blaugrana attendent le retour de leurs blessés (Messi, Iniesta, Rafinha) et l’intégration de leurs recrues (Vidal, Turan, en attendant Nolito ?) avec grande impatience. Le Real, quant à lui, a assuré pendant cette période où son infirmerie était plus remplie que son vestiaire. Bref, vivement le printemps, en Liga et en Europe.

Les déclas du week-end

« Les Argentins de notre équipe disent mille fois à chaque entraînement ce qu’a dit Mascherano… L’expulser pour cela, c’est… » Dani Garcia, capitaine vaincu d’Eibar, n’en démord pas : « La concha de tu madre » , soit l’expression qui a valu au Jefecito son expulsion, n’est en rien insultant. La preuve, la plage de San Sebastián en porte le nom.

« Je m’en vais avec la chair de poule. J’ai dû beaucoup travailler défensivement. En revanche, offensivement, je suis libre, mais je dois conserver cette mentalité de toujours travailler pour l’équipe. » Après une intégration compliquée – absorption des préceptes du cholisme oblige -, Yannick Ferreira Carrasco décolle enfin. Avec un nouveau pion et une activité folle face à l’Atlético, il entre même dans le hit-parade des Colchoneros.

« Je suis très satisfait du point du nul. J’ai vu de très bonnes choses face à un adversaire extraordinaire, très bien organisé. Je pense que ces débuts sont remplis d’espoir. » Visiblement, Quique Setién n’avait pas les yeux en face des trous pour sa première sur le banc de Las Palmas. Avec le 0-0 le plus sale de ce début de saison, la sieste aura duré 90 minutes pour les spectateurs canariens.

Et sinon, que pasa ?

Kevin Gameiro continue son début d’exercice séduisant. Auteur d’un triplé face à un faiblard Getafe – victoire 5-0 du FC Séville -, il a rapporté le ballon à la maison « pour les enfants » . En revanche, il n’a pas voulu prononcer le nom de Didier Deschamps. Pour sûr, le sélectionneur des Bleus ne regarde jamais les Palanganas.

Borja Baston ne s’arrête plus. Prêté à Eibar après une belle année à Saragosse, ce canterano de l’Atlético de Madrid a bien failli rendre service à son club formateur. Auteur de l’ouverture du score au Camp Nou, il en a profité pour inscrire son cinquième pion de la saison et faire fleurir les comparaisons avec Mandžukić. Avec son patronyme de Baston, c’était écrit.

Éclaté par la Real Sociedad à domicile (0-4), Levante a dû se défaire des services de Lucas Alcaraz sitôt le coup de sifflet final. Une décision compréhensible, tant les Granotes semblent avoir fait de la zone rouge leur squat annuel, mais qui ne devrait pas les empêcher de descendre en Liga Adelante à la fin de l’exercice.

Dans la même galère que Levante, Grenade n’arrive toujours pas à engranger les trois points. Tout avait pourtant bien commencé face au Betis, puisque l’ancien Rennais Foulquier ouvre le score dès l’entame. Une joie de courte durée, puisque Ruben Pérez commet une main grossière dans la surface synonyme de penalty. Résultat des courses, un match nul qui n’arrange personne.

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