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La Liga Nos se sert un petit Porto
À huit points du Benfica Lisbonne à mi-saison, le FC Porto a effectué une remontada digne d'un Barça-PSG pour remporter le titre de champion du Portugal, validé à deux journées de la fin grâce à sa victoire face au Sporting (2-0). Une remontada qui doit autant au hara-kiri du SLB qu'au mental d'acier de Sérgio Conceição et de ses hommes.
À l’heure où les réseaux sociaux sont devenus l’outil de communication principal des clubs de football – et de la société en général –, l’histoire retiendra que le compte Twitter officiel du FC Porto a dû s’arrêter d’écrire à la 73e minute du match face au Sporting Portugal et l’entrée en jeu de Camacho à la place de Ristovski pour les Leões. Les comptes certifiés n’ayant plus eu le droit de tweeter durant toute la soirée du 15 juillet en raison de la vague de piratage massif sur le réseau de l’oiseau bleu, le FC Porto n’a pas pu célébrer son titre de champions du Portugal à coups de grands photomontages et de vidéos à rendre jaloux George Lucas. Peu importe, cela n’a pas empêché des milliers de supporters des Dragões de descendre dans les rues de Porto pour célébrer un trophée qui revient au nord du Portugal après une pige d’un an à la capitale, même si le coronavirus reprend peu à peu ses droits au pays de Cristiano Ronaldo. Pourtant, il n’y a qu’à jeter un coup d’œil à l’Estádio do Dragão pour s’apercevoir de la crise sanitaire dans laquelle le monde se trouve. Car plus que le piratage de Twitter, l’histoire retiendra surtout que c’est dans un stade vide que Moussa Marega a définitivement enterré le rival, le Sporting Portugal, (2-0) et offert la Liga Nos au FC Porto. Et ce, même si les supporters présents en masse autour de l’enceinte ont voulu montrer leur présence à coups de feux d’artifice.
Marega, le voilà
C’est un fait : Porto n’a pas eu besoin du but de Marega, inscrit dans les ultimes secondes, pour être sacré champion, un nul suffisant aux Dragões. Mais le natif des Ulis est le parfait symbole de la saison des hommes de Sérgio Conceição. Comme tous les membres de son club, Moussa Marega a été critiqué cette saison. Comme tous, il a souffert. D’abord sur le plan sportif où, avec 14 buts toutes compétitions confondues, l’international malien est en train de vivre sa pire saison statistique depuis son arrivée à Porto en 2016. Mais surtout sur le plan mental avec ce match du 16 février dernier sur la pelouse de Guimarães, où il a été victime de cris et chants racistes de la part de ses anciens supporters avant de quitter la pelouse en plein match. C’est donc avec un esprit revanchard que Moussa Marega est allé battre le portier du Sporting Portugal d’un subtil ballon piqué. Car oui, comme son club du FC Porto, l’ancien Amiénois a malgré tout fini avec le sourire aux lèvres.
On dit merci qui ? Merci Benfica
C’était pourtant loin d’être gagné pour Porto qui, après avoir terminé second la saison dernière derrière le Benfica Lisbonne, a redémarré l’exercice 2019-2020 de la pire des manières. À savoir avec une élimination en barrages de Ligue des champions face à Krasnodar et une défaite lors de la première journée de Liga Nos sur la pelouse de Gil Vicente (2-1). En trois jours. Et alors que certaines voix se sont élevées pour demander la tête de Sérgio Conceição, d’autres ont critiqué un recrutement raté avec les départs de nombreux cadres (Éder Militão, Felipe, Maxi Pereira, Yacine Brahimi, Héctor Herrera, Óliver Torres) – auxquels s’est ajouté le forfait médical du portier Iker Casillas – qui n’ont pas (ou mal) été remplacés.
Pour autant, Porto ne s’est pas laissé abattre et s’est refait une santé. En s’imposant à l’Estádio da Luz contre le Benfica Lisbonne d’abord (2-0), puis en écrasant le leader surprise alors invaincu de Famalicao (3-0), avant de mettre à nouveau au tapis le SLB (3-2). De quoi croire au titre ? Eh bien pas tout à fait, puisque Benfica, malgré ses deux défaites contre Porto, a remporté les 18 autres matchs de championnat qu’il a disputés et comptait toujours 4 points d’avance sur son dauphin. Ou plutôt son dragon. Sauf que cette défaite à l’Estádio do Dragão du 8 février dernier a fait plus de mal que prévu au SLB qui va alors vivre une véritable descente aux enfers avec 2 victoires, 4 nuls et 2 défaites sur les 8 journées suivantes. De quoi offrir sur un plateau le titre à un FC Porto qui n’en demandait pas tant et qui l’a même refusé à plusieurs reprises en s’inclinant à Famalicao ou en partageant les points avec Aves et Rio Ave avant de finir par accepter le cadeau généreusement offert par son rival du SLB.
Place aux jeunes ?
Alors oui, le FC Porto n’a pas fait une grande saison. Oui, le Benfica Lisbonne s’est sabordé tout seul. Oui, la saison a été faussée par la pause de trois mois liée au coronavirus. Il n’empêche que le titre des Dragões n’est pas volé. Il n’y a qu’à voir le classement : Porto possède la meilleure attaque (67 pions) et la meilleure défense (19 buts encaissés) confirmant que Sérgio Conceição déteste avant toute chose encaisser des buts. Pas vraiment connu pour faire confiance aux jeunes, le coach portugais a légèrement été contraint de changer son fusil d’épaule, à l’image de l’utilisation dans le sprint final de la pépite Fábio Vieira (20 ans). Mais aussi des apparitions de Diogo Leite (21 ans), Vitinha (20 ans), Romário Baró (20 ans) et de Fábio Silva (17 ans). De quoi donner un aperçu de ce qui attend les supporters de Porto la saison prochaine alors que les départs de cadres comme le latéral gauche Alex Telles (10 buts et 7 passes décisives en Liga Nos) – en larmes au coup de sifflet final du match contre le Sporting – se précisent ? Possible.
Mais la question est de savoir si ce sera avec Sérgio Conceição sur le banc de touche. Si l’ancien Nantais, qui remporte donc un deuxième titre de champion du Portugal en trois ans avec Porto, est sous contrat jusqu’en 2021, il laisse néanmoins planer le doute sur son avenir depuis plusieurs semaines. Tout comme son président Pinto da Costa dans des propos relayés par A Bola : « Ce que j’ai dit, c’est que si Sérgio Conceição le veut, il restera. Je ne peux pas garantir qu’il sera toujours l’entraîneur. S’il ne veut pas continuer, je ne peux pas le forcer. » Une chose est certaine, à voir l’embrassade de Pepe avec son coach au coup de sifflet final et l’interruption des joueurs en conférence de presse post-titre pour vider un seau d’eau sur Sérgio Conceição, le vestiaire a envie de continuer avec lui. Et il est fort probable que les milliers de supporters de Porto présents dans les rues aussi.
Par Steven Oliveira