Où en est l’Espagne avec le coronavirus ?
Sixième pays le plus touché par le coronavirus avec 241 966 cas confirmés et 27 136 décès, l’Espagne commence, comme d’autres pays européens, à entrevoir le bout du tunnel. Preuve en est avec les chiffres du 9 juin qui font état de « seulement » 314 nouveaux cas et d’aucun nouveau décès. Pour autant, l’Espagne – qui a eu l’un des confinements les plus rigoureux au monde – reste toujours sur le qui-vive, et le déconfinement n’est pas encore total, notamment à Madrid et à Barcelone qui ne sont pas dans la même phase que le reste du pays, à l’image de ce qui se fait dans l’Hexagone avec l’Île-de-France. Prudent, le gouvernement espagnol reste intransigeant sur le port du masque qui est obligatoire – sous peine d’une amende de 100 euros – dans les transports en commun, les lieux fermés, mais aussi sur la voie publique. Et ce,
« jusqu’à ce que nous ayons définitivement vaincu le virus, c’est-à-dire quand nous disposerons d’une thérapie efficace ou d’un vaccin » comme l’a confirmé le ministre de la Santé Salvador Illa. En attendant, l’état d’alerte persiste jusqu’au 21 juin, soit 10 jours après le début de la Liga dont les joueurs – qui ont aussi été touchés par le covid-19
à l’image de ceux de Valence – n’ont visiblement pas les mêmes droits et devoirs que le reste de la population.
Quelles sont les règles en vigueur pour la reprise de la Liga ?
Javier Tebas, le très bavard président de la Liga, l’a assez répété à longueur d’interviews : l’industrie du football représente 1,37% du PIB de l’Espagne. Ajoutez à cela la passion des Espagnols pour le ballon rond et vous comprendrez bien que la majorité du pays souhaitait reprendre le championnat. Sauf peut-être le club basque d’Eibar
qui s’est fendu d’un communiqué dans lequel les joueurs expriment leur
« peur de démarrer une activité dans laquelle nous ne pourrons pas respecter la première recommandation de tous les experts, la distanciation sociale. Nous craignons qu’en faisant ce que nous aimons le plus, nous puissions attraper le virus, infecter nos familles et nos amis et même contribuer à une nouvelle épidémie, avec les terribles conséquences que cela entraînerait pour l’ensemble de la population. » Des préoccupations dont Javier Tebas et son meilleur ennemi Luis Rubiales (président de la fédération espagnole) n’ont que faire. Et malgré leurs désaccords et leur antagonisme, les deux hommes ont réussi à discuter pour trouver un moyen de terminer la saison. Bien aidés par celle qui a joué la médiatrice : la secrétaire d’État aux Sports, Irene Lozano.
Une fois ratifiée, la reprise a pu être annoncée. Parmi les nouvelles règles, une minute de silence devra être respectée avant chaque match jusqu’à la fin de la saison, et les entraîneurs pourront effectuer cinq changements. Ce qui ne plaît pas vraiment à l’entraîneur du Barça, Quique Setién : « Cela va nous nuire, parce que sur beaucoup de matchs, nous faisions la différence dans les dernières minutes. Là, nos adversaires auront plus de joueurs frais. » Les cinq changements ne seront pourtant pas de trop pour permettre aux joueurs d’assurer un match toutes les 72 heures en moyenne, la Liga voulant impérativement terminer avant le 29 juillet. Si les téléspectateurs – et notamment les personnes âgées qui pourront regarder les matchs gratuitement – se réjouissent d’avoir quasiment au moins une rencontre par jour pendant deux mois, les joueurs, eux, tirent la tronche. C’est notamment le cas de Dani Carvajal, Gerard Piqué, Koke et Asier Illarramendi qui ont demandé d’avoir du temps supplémentaire avant la reprise afin d’éviter les blessures. En vain.
La saison se terminera-t-elle avec des supporters en tribunes ?
Si la saison va reprendre – comme partout ailleurs – à huis clos, certains stades pourraient accueillir des supporters après le 29 juin. C’est en tout cas ce qu’a révélé l’émission
El Partidazo sur la Cope qui annonce qu’un arrêté aurait été validé par le Conseil des ministres à ce sujet sans préciser la jauge maximale de personnes autorisées à entrer dans l’enceinte. Si des clubs comme Las Palmas ou le Celta de Vigo se sont dit favorables à cette idée, le ministre de la Santé Salvador Illa est venu calmer les ardeurs de tout le monde, précisant qu’il
« faut garantir l’équité dans la compétition. Il n’est pas possible que l’on joue d’une manière dans un stade, et d’une autre manière dans un autre », avant d’ajouter que le huis clos sera levé, une fois qu’il sera possible d’accueillir du public partout dans le pays. De quoi jeter un froid sur la date du 29 juin, en raison des chiffres du covid-19 à Madrid et à Barcelone. En attendant, Javier Tebas a trouvé la solution sur
FIFApour lutter contre le huis clos :
« Nous avons travaillé avec une société norvégienne spécialiste de l’ambiance virtuelle et avec EA Sports pour l’ambiance des matchs de leur jeu FIFA. Lorsque vous jouez à FIFA, vous pouvez entendre la véritable ambiance des différents stades. L’atmosphère virtuelle sera très bonne. Mais si quelqu’un veut regarder le match sans cette ambiance, il pourra le faire. » Ne reste plus qu’à espérer que la connexion ne
lague pas.
Le Barça est-il le grand gagnant de cette interruption ?
Leader avec deux points d’avance sur le Real Madrid, le Barça n’est pas mécontent d’avoir dû mettre en pause le championnat durant trois mois. Il faut dire que la perspective de disputer le sprint final sans Luis Suárez ni Ousmane Dembélé n’enthousiasmait pas franchement Quique Setién qui a alterné au poste d’ailier entre Arturo Vidal et Martin Braithwaite sur les dernières rencontres. Léger. Si l’international français n’est pas certain de revenir à la compétition cette saison, l’Uruguayen est, lui, frais et dispos pour la reprise. Ajoutez à cela un Antoine Griezmann reboosté (
« Sur le plan personnel, la pause s’est avérée utile, j’avais besoin de me reposer. Cela faisait cinq ans que je n’avais pas connu de période si longue sans jouer. J’ai pu profiter de ma famille et je suis au top physiquement et mentalement désormais ») et vous comprendrez bien que le Barça peut de nouveau faire peur offensivement. Surtout si Messi et Suárez se décident à faire des passes à Grizou.
Où va jouer le Real Madrid ?
Le Santiago-Bernabéu a profité du confinement pour se refaire une beauté, accélérant ainsi les travaux prévus depuis longtemps et dont la fin est prévue pour 2022. Problème, le Real Madrid n’avait pas vraiment prévu de reprendre la saison. Et vu que l’enceinte est en chantier et que la pelouse a été retirée, les Madrilènes devraient donc évoluer jusqu’à la fin de saison à l’Estadio Alfredo Di Stéfano, situé au centre d’entraînement du Real à Valdebebas en banlieue de Madrid. Une enceinte que Zinédine Zidane connaît bien pour y avoir coaché l’équipe réserve des
Merengues. Une affaire réglée ? Pas tout à fait, puisque Enrique Cerezo, le président de l’Atlético, a indiqué à
Marca qu’il était prêt à mettre à disposition de son rival le Wanda Metropolitano. Et pourquoi pas prêter João Félix aussi ?
On en est où dans le classement ?
Comme souvent, le titre va se jouer entre le Barça et le Real Madrid, qui dispose de deux points de retard sur les
Blaugrana alors qu’il reste onze journées à disputer. Derrière, la lutte est âpre pour la course à la Ligue des champions, puisque seulement deux points séparent le FC Séville (3
e) de l’Atlético (6
e). Ils devront donc batailler avec la Real Sociedad (4
e) et Getafe (5
e). À moins que Valence – 7
e à trois points de l’Atlético – ne s’invite dans la danse. En queue de peloton, l’Espanyol (20
e avec 20 points) va tenter d’éviter une relégation plus connue depuis 1993. Pour cela, il va falloir dépasser Leganés (19
e, 23 points), Majorque (18
e, 25 points) et le Celta de Vigo (17
e, 26 points). Pas de quoi effrayer la Catalogne qui a déjà connue plus folle
remontada.
Gasperini-Retegui : l’amour ouf