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La lettre de motivation de Roberto Sedinho
Alors que Sylvinho a été éjecté du banc de l'OL lundi soir, le bal des candidats débute autour de Jean-Michel Aulas. Si le président lyonnais a tenté un coup avec Sylvinho, la bonne pioche se situe chez un autre Brésilien : Roberto Sedinho. Son CV parle pour lui.
« Le ballon est mon ami. Mon meilleur ami.
J’aurais pu commencer cette lettre de motivation en vous faisant des courbettes avec des formules de politesse toutes faites comme « Mon cher Jean-Michel » , « Très cher président » ou encore « Votre Majesté Aulas » . Mais l’Olympique lyonnais n’a plus le temps pour ça. Et moi non plus. C’est notre premier point commun. Depuis maintenant des années, l’OL cherche son guide spirituel pour retrouver les sommets et gagner des titres, et Roberto Sedinho cherche la pépinière de talents qui lui permettra de reprendre goût au football. Nous sommes faits l’un pour l’autre.
Sans faire offense à mes compatriotes qui ont fait le bonheur de votre institution, vous vous êtes trompé de Brésilien depuis bien longtemps. Orphelin depuis la mort de ma mère lors d’un accident dans son usine, je n’ai eu pour héritage qu’un ballon. La chose au monde qui m’est la plus précieuse. Comme toute star du foot brésilien issue des favelas, j’ai eu la faiblesse de céder aux facilités de la richesse et de la célébrité. Pour faire table rase du passé, je vais être honnête avec vous. Ce décollement de la rétine qui a mis fin à ma brillante carrière à São Paulo et avec la Seleção n’était qu’une façade pour cacher mon véritable fardeau : l’alcoolisme. Je suis le Brésilien ultime, un cliché ambulant. Cris, Caçapa, Sylvinho, c’est de la contrefaçon. Vous avez pris l’ancien sélectionneur adjoint du Brésil. Un sous-fifre qui compense son manque de légitimité par des tétons qui pointent. J’en ai été le sélectionneur, sans adjoint. Même Juninho, c’est de la gnognotte à côté de moi. Ses coups francs étaient sympas tout au plus, mais n’arrivent pas à la cheville de mon tir de la feuille morte, que j’ai eu la modestie de transmettre aux générations futures qui ont eu la chance de travailler sous mes ordres. Je ferai de Memphis Depay un tireur d’élite.
Surtout, vous n’êtes pas sans connaître mes qualités d’éducateur avec les jeunes. Et dans un club au centre de formation aussi fort que le vôtre, je vous garantis de marcher sur l’Europe. Au cas où vous dormiez ces trente dernières années, je vais vous rafraîchir la mémoire : j’ai pris une bande de gosses japonais qui ne savaient pas faire un contrôle et j’en ai fait l’équipe la plus bandante que la Terre ait jamais portée. Vous imaginez le niveau de base d’un Japonais qui joue au foot dans les années 1980 ? C’était la cour des miracles. À 10 ans, les mecs pouvaient manger le grand Barça. Les plus grands stades du pays étaient mis à notre disposition, il y avait 50 000 personnes pour des matchs de poussins (votre formidable outil fera parfaitement l’affaire). Pourquoi ? Parce que le ballon est mon ami. Et parce que je sais exploiter le talent d’un homme et en faire un super-héros. La bonne nouvelle, c’est que j’ai déjà ciblé le gosse qui va inscrire l’OL dans l’histoire du foot, celui qui sera votre Olivier Atton : Rayan Cherki. Avec moi, ce sera 4 buts par match minimum. À condition que vous profitiez de votre influence au sein de la Ligue pour faire passer le temps des matchs de Ligue 1 de 90 à 900 minutes. Mais ça ne devrait pas être un problème pour vous.
Devenez l’ami du ballon,
Roberto Sedinho »
Par Kevin Charnay