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La lettre de motivation de François Ciccolini pour entraîner l’OL
Blanc, Mourinho, Garcia, Marcelino... À chaque banc libéré, la même ribambelle de coachs cités. Mais ce serait oublier des hommes francs du collier qui mériteraient un peu de considération. La preuve avec une légende que les intimes appellent Cicco.
« Monsieur Aulas,
Peut-être que vous me connaissez. Peut-être que vous ne me connaissez pas. Si vos souvenirs s’embrument, je me permets de vous le rappeler par la présente.
Je suis d’abord l’homme de votre situation. Quelqu’un qui a traversé quelques tempêtes, mais a suffisamment de lucidité pour voir à travers les nuages. Derrière mon âme de poète, je sais mener une barque. Porto-Vecchio, Bastia, le Red Star, Laval ou actuellement le Gazélec sont autant de ports où on m’a demandé d’amarrer pour des missions toujours très courtes, mais riches en émotions. Je crois modestement que l’Olympique lyonnais serait une belle bitte à laquelle m’accrocher.
Je suis un homme d’expérience, rompu aux joutes des championnats de France et de Corse. Un entraîneur habitué à mettre les mains dans le cambouis. Je n’ai besoin ni de supérieur, ni d’inférieur, juste de camarades. Moi, chasseur émérite, la crosse bien calée sous le coude, je sais mener une équipe à la poursuite d’un podium. Et quand un club pointe à la 14e place, dieu sait qu’il y a du gibier à tirer.
Je suis aussi un homme qui aurait pu, à l’époque, vous éviter quelques broutilles. Souvenez-vous. J’avais conseillé à vos joueurs, un soir d’automne 2016, de n’avoir la grippe, ni la gastro au moment de venir à Bastia. J’avais prévenu que le match retour se réglerait comme ça, comme d’habitude en Corse, comme des hommes. Résultat : vos garçons ont goûté à la ferveur de notre belle île. Beaucoup ont pris mon message comme une menace. Mais il ne s’agissait bien évidemment que de clairvoyance. Et un homme aussi entreprenant que vous devrait savoir de quoi on parle.
Je suis un homme de terroir qui n’aura pas besoin de s’encombrer avec des traducteurs, ou avec les bonnes manières avec les journalistes, qui — si je ne m’abuse — dictent depuis quelque temps quel coach conserver et quel autre lourder. Vous avez fait l’expérience du coach étranger, j’espère que l’on ne vous y reprendra plus.
Je suis un meneur d’hommes. Pour moi, les considérations tactico-tactiques n’ont de valeur que si on y attache une réelle connaissance de ses joueurs. D’ailleurs, j’ai déjà entendu Youssouf Hadji dire de moi que je suis « le genre d’entraîneur qu’on aime en tant que joueur » , celui pour lequel « on donne tout » , qui a « un rôle de grand frère, de conseiller » . Certes, j’emploie des mots crus de temps en temps, mais aux grands maux les grands remèdes. Si demain, vous me convoquez à Lyon, je viendrai avec un sparadrap pour scotcher Traoré au banc, un suppositoire pour faire dégonfler le melon de Memphis, ainsi qu’un coup de pied au cul pour bouger tous les autres.
Je veux également croire à ma capacité à fédérer les foules. Et un stade de 50 000 places n’est rien comparé à la horde de fidèles que je sais à mes côtés. Ils se sont déjà mobilisés pour moi ici ou là.
Sachez aussi que je suis un homme connu des services d’allocation chômage (également des commissions de discipline malheureusement). N’y voyez pas là un manque de fiabilité : juste une occasion de confier une tâche à un employé qui ne vous coûtera pas bien cher en indemnités. Et ce n’est ni Laurent Blanc ni José Mourinho qui peuvent en dire autant. Je ne me trompe donc pas en disant que je suis certainement le candidat le mieux disposé pour vous assurer des lendemains radieux.
Amicalement vôtre,
François
PS : Vous trouverez en pièce-jointe la liste de Givet, toujours utile en cas de besoin. »
Ceci est évidemment une fiction. Toute ressemblance avec des faits réels et avérés serait fortuite.
Par Mathieu Rollinger