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La lettre de motivation de Bruno Genesio
Alors que Sylvinho a été éjecté du banc de l'OL lundi soir, le bal des candidats débute autour de Jean-Michel Aulas. Parmi eux, Bruno Genesio, postulant aussi nostalgique que légitime, pour tous un tas de raisons lumineuses qu'il a choisies d'exposer dans une jolie lettre.
« Très cher Jean-Michel,
J’ai cru noter que tu avais comme de légers problèmes de management en ce moment. Comme je te comprends… Je ne te cache pas que, quand j’ai vu le but de Berić dans les arrêts de jeu ce dimanche, j’ai failli avaler de travers ma biscotte Heudebert (il était près de 5 heures du matin chez moi, à Pékin). J’ai même renversé un peu de mon bol de Nesquik sur le tapis de ma chambre d’hôtel et peiné à résister à l’envie de fracasser mon mug OL sur le mur. Oh rage. Finalement, je me suis calmé en regardant une compilation des meilleurs tacles de Patrick Müller sur YouTube. Pourquoi je prends ma plus belle plume pour t’écrire aujourd’hui ? Pour toi, pour moi. Ici, en Chine, je me sens seul. Quand j’explique à Wang Gang, mon latéral droit, qu’il doit défendre avec les épaules, exactement comme Jérémy Brechet face à El-Hadji Diouf lors de Lyon-Lens en 2002, je ne sonde qu’une profonde incompréhension dans son regard. Le soir, c’est encore pire à l’heure de dîner. Je m’enquiers toujours de savoir s’ils ont de la cervelle de canut au restaurant, mais les serveurs me regardent à chaque fois avec de grands yeux, avant de me demander « Is it like tête de veau, President Jacques Chirac’s favorite food ? » Une profonde lassitude m’envahit alors. Pour être tout à fait honnête avec toi, seules mes parties nocturnes de Monopoly Lyon Métropole avec Cédric Bakambu me permettent de tenir le coup (j’ai une préférence pour la famille orange, Cédric tombe toujours sur mon hôtel quai Charles de Gaulle, juste après sa sortie de prison).
Pourquoi je te confie tout ça ? Parce que je sais que tu me comprends. Toi et moi, on partage les mêmes références. L’été dernier, tu as choisi de me remplacer par un type plus enclin à s’enflammer après un coup franc de Messi que devant un tacle glissé de Philippe Violeau et regarde où ça t’a mené. Nulle part. Alors voilà, Jean-Michel, je ne vais pas te lister exhaustivement mes mérites. Simplement te rappeler que j’ai remporté mon derby rhodanien dans le temps additionnel, qu’avec moi sur le banc, nos gars avaient fait tomber Paris en février dernier, et que je ne suis pas peu fier d’être l’entraîneur avec qui Maxwel Cornet a mis un doublé à Manchester City. Si, avec tout ça, tu hésites encore, peut-être daigneras-tu considérer comme un signe prémonitoire cette erreur d’affichage que je n’ai pas manqué de repérer lors de Leipzig-OL, en milieu de semaine dernière : au moment de présenter les compositions d’équipe, les écrans de la Red Bull Arena ont affiché mon nom, et non pas celui de mon successeur, comme entraîneur du club. Résultat ? Une victoire deux buts à zéro.
Très affectueusement.
Ton Pep Genesio. »
Ceci est évidemment une fiction. Toute ressemblance avec des faits réels et avérés serait fortuite.
Par Adrien Candau