- Italie
- 1949-2019
- 70 ans du drame de Superga
La légende du quart d’heure granata
Quinze minutes suffisaient au Grande Torino pour détruire ses adversaires.
Pourquoi s’embêter à sa fatiguer pendant 90 minutes quand quinze minutes suffisent à gagner un match ? C’est certainement la question que se sont posée les joueurs du Grande Torino. Une autre époque : les années 1940. Une autre équipe de Turin qui domine la Botte : le Grande Torino. Les images de l’époque sont en noir et blanc, mais la légende a gardé toute sa couleur et sa splendeur. Les joueurs du Toro étaient tellement forts qu’ils pouvaient se permettre le luxe de défier le temps. Le laisser couler, filer, jouer avec. Le mythe est né un 19 avril 1946. Le Torino est alors en déplacement sur la pelouse de la Roma. Castigliano (5e), Mazzola (6e), Ossola (7e), Ferraris (9e), Loik (16e) : en un quart d’heure, les champions mènent déjà 5-0. Ils s’imposeront finalement 7-0. Mais ce premier quart d’heure reste dans les mémoires de tous les supporters, et va devenir la marque de fabrique du Grande Torino.
La sonnette d’Oreste
Au stadio Filadelfia, cela deviendra un véritable spectacle, un théâtre. Cela fonctionnait plus ou moins comme ça : le Torino jouait à son rythme, faisait tourner le ballon, contrôlait son adversaire. Et puis, quand le moment était venu d’accélérer (si le score était bloqué à 0-0, ou si le Toro était mené au score), Valentino Mazzola prenait les choses en mains. Le charismatique capitaine donnait le signal en retroussant les manches de son maillot, et en pointant du doigt le but adverse. Depuis les tribunes, un supporter du Torino répondant au nom d’Oreste Bolmida, cheminot de profession, sortait alors sa trompette (une sorte de corne) et soufflait dedans très fort.
C’était l’annonce du début du « quarto d’ora granata » . Quinze minutes pendant lesquelles le Torino marquait toujours un, deux, trois, quatre buts. Même six, le 2 mai 1948, face à l’Alessandria, tous inscrits entre la 75e et la 90e minute. Ou quatre face à la Lazio, le 30 mai de cette même année, permettant au Toro de passer de 0-3 à 4-3 ! Parfois, c’était même le public du Filadelfia qui réclamait le début du quart d’heure granata, et Oreste Bolmida anticipait les joueurs en soufflant dans sa corne, incitant ainsi Mazzola & Cie à accélérer. Toujours avec le même résultat. Un moment de grâce, qui a résolument contribué à écrire la légende du Grande Torino.
Par Éric Maggiori