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La Lazio s’en remet à son Reja

Par Eric Maggiori
La Lazio s’en remet à son Reja

Un an et demi après avoir quitté la Lazio, Edy Reja revient à Rome. L’entraîneur va remplacer au pied levé Vladimir Petković, qui a obtenu des résultats catastrophiques lors des derniers matchs et qui est déjà assuré de devenir sélectionneur de la Suisse l’été prochain. Retour vers le passé, donc, pour le club laziale.

Décembre 2012. On se les pèle, à Paris. Il neige sur la capitale française, mais Edy Reja s’en fout. Il est venu visiter la Ville Lumière, qu’il a découvert grâce à sa fille, et dont il est tombé amoureux (de la ville, hein, pas de sa fille). Il en profite pour aller au restaurant avec Lavezzi, son ancien joueur à Naples, et pour se balader, l’un de ses passe-temps favoris. Reja réside alors dans un hôtel à côté des Champs-Élysées, grand standing, portier à l’entrée. C’est un homme libre et apaisé. Il a quitté la Lazio quelques mois plus tôt, de son plein gré. Sans regrets ? Presque. « Évidemment, passer deux fois à côté de la qualification en Ligue des champions pour une question de différence de buts, c’est rageant et frustrant, c’est mon plus grand regret » , affirme-t-il. En réalité, une fois, la Lazio a bien raté la qualif en C1 à la différence de buts (2010/11), mais l’année suivante, elle a échoué à deux points. Un détail. Ce que Reja cherche aussi à faire comprendre à ce moment là, c’est qu’il a fait le job, à la Lazio. Il y a passé deux ans et demi, a d’abord sauvé l’équipe d’une relégation qui se profilait, l’a ensuite emmené deux fois en Coupe d’Europe, a failli démissionner deux fois. Bref, deux années et demie qui, sur l’échelle romaine, ont semblé durer dix ans. Mais tout ça était désormais derrière lui. Reja pouvait regarder son aventure laziale avec satisfaction. Il avait désormais passé la main à Petković. Jamais, à ce moment-là, il n’aurait pu penser qu’un an plus tard, c’est lui qui reprendrait la place du coach bosnien.

La dégringolade et la Coupe

Oui, car en un an, tout a changé. En décembre 2012, avec Petković aux commandes, la Lazio occupe les sommets de la Serie A. Elle termine l’année 2012 en s’imposant 1-0 sur la pelouse de la Sampdoria, et passe ainsi la trêve à la deuxième position, juste derrière la Juventus. Petković, pour ses débuts en Italie, réalise un baptême presque idyllique : 11 victoires, 3 nuls et 4 défaites, et, en prime, une qualification pour les seizièmes de finale de l’Europa League. Au mois de janvier, après la pause hivernale, l’œuvre continue. Le 13 janvier, au soir de la 20e journée de Serie A, la Lazio, deuxième, se retrouve même à trois points de la Juve et les tifosi se mettent à rêver. Reja est déjà oublié. Pire : personne, au stadio Olimpico, ne regrette son « jeu défensif » . Mais le 26 janvier, c’est le tournant. La Lazio s’incline 1-0 à domicile contre le Chievo, mettant fin à une série de 16 matchs sans défaite toutes compétitions confondues. À partir de là, c’est le début de la dégringolade.

Sur la phase retour du championnat, le club biancoceleste ne prend que 22 points, pratiquement une moyenne de relégable, et termine à la septième position. Mais cette mauvaise deuxième partie de saison est complètement éclipsée par la victoire en Coupe d’Italie. En effet, le 26 mai, la Lazio bat la Roma en finale de Coupe, et célèbre ça comme si elle avait gagné le Scudetto. Petković, critiqué lors des derniers mois, est soudainement érigé au rang de héros pour ce succès historique. Les Laziali passent l’été sur un petit nuage, mais en oublient l’essentiel : préparer la suite. Et la Supercoupe d’Italie largement perdue face à la Juventus (4-0) au mois d’août est là pour ramener tout ce petit monde sur Terre. À commencer par Petković, qui semble avoir désormais perdu toute la magie qui l’avait accompagné lors de ses premiers mois à Rome.

L’appel de la Suisse

La suite est une longue traversée du désert. La Lazio n’entre jamais dans sa saison, les joueurs semblent être les fantômes de ceux admirés la saison dernière, et Petković entre dans une véritable confusion tactique. Un coup 3-5-2, un coup 4-1-4-1, un coup 4-2-3-1. Le coach ne trouve jamais la bonne formule, pas franchement aidé, cela dit, par les nombreuses blessures de ses joueurs clefs, à commencer par Miroslav Klose. Pour certains, Petković est le coupable principal de ces errances. Pour d’autres, tout est de la faute des dirigeants, qui n’ont pas su faire les bons investissements pendant l’été. Il y a peut-être un peu de vrai dans les deux. Ce qui est indéniable, c’est que l’entraîneur a déjà l’esprit ailleurs. Il se murmure qu’un accord a déjà été trouvé pour qu’il devienne sélectionneur de la Suisse après le Mondial 2014. Petko dément, évidemment, mais à côté de cela, à chaque apparition sur le banc laziale, son regard semble perdu. La motivation et l’envie ont disparu.

Même quand la Lazio gagne, Petković tire la tronche. Il n’y est plus. La défaite concédée sur la pelouse du Hellas Vérone lors de la dernière journée de 2013 est le point final de l’aventure. Le lendemain, la Suisse officialise son arrivée sur le banc de la sélection nationale après la Coupe du monde. Une annonce qui met hors de lui le président romain, Claudio Lotito, qui considère cela comme une véritable trahison. Il faudra désormais résoudre cela devant des tribunaux. Petković ne veut pas démissionner, et Lotito souhaite qu’il démissionne pour ne pas lui verser d’indemnités. Quelle que soit la façon dont se terminera la relation, Vlado ne sera plus le coach de la Lazio lors de la reprise du championnat. Dans l’urgence, et après avoir sondé Trapattoni et Di Matteo, Lotito a choisi Reja pour reprendre les rennes de l’équipe. Comme en mars 2010, lorsque ce dernier avait récupéré une équipe anéantie par Ballardini, en position de relégable.

Fin de cycle

Début, donc, de l’ère « Reja-bis » , comme on l’appelle déjà en Italie. L’entraîneur a un avantage, c’est qu’il connaît déjà le vestiaire. Un vestiaire qui, semble-t-il, a perdu toute unité lors des derniers mois. Son rôle va être de redonner de la confiance à une formation qui en a cruellement besoin, à l’instar de joueurs comme Hernanes, Lulić, Marchetti ou Candreva, méconnaissables par rapport aux saisons précédentes. Toutefois, si ce choix de rappeler Reja semble être, dans la situation présente, le plus judicieux pour relancer la saison, il est aussi le symbole de la confusion totale des dirigeants biancocelesti. Reja était parti parce que la pression à Rome est difficile à supporter, et que les dirigeants (Lotito et Tare) l’avaient beaucoup déçu, notamment lorsqu’il leur avait demandé des recrues qui ne lui ont jamais été offertes. Son départ devait marquer la fin d’un cycle, celui de Ledesma, Biava, Mauri ou André Dias. D’ailleurs, en décembre dernier, le mister était plutôt clairvoyant sur le sujet : « Cette saison(2012-13, ndlr), c’est la dernière saison où la Lazio peut gagner quelque chose avec la génération actuelle. Après, il faudra tout recommencer pratiquement à zéro » , nous avait-il affirmé.

Il ne croyait pas si bien dire. La Lazio a bel et bien gagné quelque chose en mai dernier, et ce succès a clairement été le point final d’une génération. Problème : le renouvèlement générationnel a été un fiasco total. Les « vieux » sont désormais hors du coup, et les jeunes, hormis peut-être le petit Baldé Keita, n’ont pas du tout le niveau nécessaire pour la Serie A. Voilà donc le problème. Reja, d’accord. Le coach va peut-être relever le niveau (déplorable) de la Lazio, et éventuellement faire un bon parcours en Europa League. Mais après ? Que se passera-t-il au mois de juin ? A priori, Reja n’assurera l’intérim que pour six mois. Mais en même temps, c’était aussi censé être le cas en 2010, et il est finalement resté deux ans et demi. Quoi qu’il en soit, avec ou sans lui, il faudra tout changer, tout renouveler, tout réécrire, à l’image de ce qu’a fait la Roma cet été. En attendant, les clefs de la baraque sont à nouveau entre les mains de Reja. On lui souhaite bien du courage.

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Par Eric Maggiori

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