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La Lazio s’accroche à l’espoir suisse
Ce soir, face au Sporting Lisbonne, la Lazio Rome joue des ses dernières chances de qualification pour les seizièmes de finale de l’Europa League. Pas beaucoup de calculs à faire : il faut juste faire mieux que Vaslui, qui se déplace chez le FC Zurich, déjà éliminé. Mission impossible ?
Une victoire. Une défaite. Trois nuls. C’est avec ce bilan peu glorieux que la Lazio aborde le dernier match de poule de l’Europa League, ce soir, face au Sporting Lisbonne (19h). Forcément, avec six points au compteur, les Romains ne peuvent plus faire les malins. Dans quelques heures, il faudra espérer un miracle pour se qualifier. De fait, depuis le nul 0-0 obtenu sur la pelouse de Vaslui il y a quinze jours, la Lazio n’a plus son destin entre les mains. Elle est à égalité avec les Roumains, mais la différence de buts particulière leur est défavorable (2-2 à l’aller à l’Olimpico). Résultat : si ce soir, aux alentours de 21h, les deux équipes ont le même nombre de points, c’est Vaslui qui passe. Bon, en même temps, cette saison, la dernière fois qu’une équipe n’a pas eu son destin entre les mains, c’était Lyon en Ligue des Champions. On sait comment cela s’est terminé.
Après, la différence, c’est que Lyon a pu confier son destin au Real Madrid. Là, la Lazio doit compter sur le FC Zurich, antépénultième du championnat suisse. Pas vraiment un gage de garantie, même si le coach, Urs Fischer, assure que son équipe ne va pas se coucher. « Nous voulons terminer notre aventure par un résultat positif. C’est notre objectif. Je peux affirmer que nous allons tout donner pour gagner ce match contre Vaslui » martèle-t-il. Alors, l’objectif affiché par les biancocelesti est simple : il faut gagner. Et espérer. « Nous devons jouer au maximum de nos possibilités, parce que les matches européens sont ouverts. Nous devrons faire le match de notre vie. Au stade où nous en sommes, il devient fondamental de jouer toutes nos cartes pour passer le tour » assure Edy Reja, l’entraîneur romain. Et le pire, dans tout ça, c’est que la Lazio pourrait même se qualifier avec un match nul, si Vaslui perdait en Suisse. Accéder aux seizièmes de finale avec sept points en six matches : ça, ce serait sacrément costaud.
Retour vers 2009
Personne, à Rome, n’est dupe. La Lazio a totalement sous-estimé l’Europa League. En voyant Vaslui et le FC Zurich dans son groupe, la formation romaine s’est déjà vue première ou deuxième, quasiment sans jouer. Reja l’admet lui-même. « Nous pensions que ce serait plus simple que ça. Il faut de l’expérience, de la maturité et la conscience que, lorsque tu vas jouer des matches européens, ce n’est pas comme jouer un match de championnat italien » souligne-t-il. Or, le premier match, justement face à l’équipe roumaine, a vite ramené tout le monde sur terre. L’équipe de Reja y décroche un nul in-extremis (2-2), et se remémore avec effroi le début de la campagne européenne 2009, lorsqu’elle avait été battue à Rome par Salzbourg (1-2). Par la suite, elle avait perdu quasiment tous ses matches (quatre sur six en tout), et avait été éliminée dès le premier tour. « Jamais plus » avait-on alors clamé du côté de Formello. Deux ans plus tard, pourtant, rebelote. La Lazio a grandi, a récupéré des joueurs de haut niveau, mais commet encore les mêmes erreurs.
A cause d’un banc pas assez profond et des blessures en cascade, le coach est obligé d’aligner des seconds choix en Europa League, de façon à pouvoir maintenir un rendement digne en championnat. Du coup, si la mayonnaise prend en Serie A (la Lazio est aujourd’hui troisième, à deux points des deux leaders), en Europa League, c’est une autre affaire. Battus par le Sporting, incapables de venir à bout de Vaslui, les Laziali ont obtenu leur seule victoire à l’arrache contre Zurich (1-0). Du coup, les voilà au pied du mur. Obligés d’obtenir un résultat. Obligés de prouver qu’ils méritent d’accéder aux seizièmes de finale, et de se frotter à des Manchester United, City, Porto, Valence et autres Atletico Madrid. La vraie question étant : en ont-ils vraiment envie ? C’est un paradoxe. Même si Reja assure « vouloir jouer sa chance à fond » , la Ligue Europa semble plutôt être une contrainte pour son équipe. En même temps, le technicien n’avait pas forcément prévu les blessures de Mauri, Dias, Matuzalem, Biava, Brocchi et, dernière en date, de Marchetti. D’ailleurs, ce soir, c’est Albano Bizzarri qui devrait défendre les cages. Klose, « l’extra-terrestre » , comme il est désormais surnommé en Italie, sera bien là aussi. Au moins une bonne nouvelle.
Pour l’honneur, pour le ranking
Heureusement, pour la Lazio, le Sporting ne vient pas à Rome avec une rage de vaincre à toute épreuve. Les Portugais sont déjà qualifiés et déjà assurés de terminer premiers du groupe. Autant dire qu’avec un déplacement compliqué sur la pelouse d’Academica le week-end prochain, les Lisboètes ont tout intérêt à se ménager en Europa League. D’ailleurs, le coach, Domingos Paciencia, a déjà prévu le coup. Il va laisser à la maison Diego Capel, Anderson Polga, van Wolfswinkel et Joao Pereira, emmenant dans ses valises cinq joueurs des moins de 19 ans. Une façon pour le coach, finaliste de la compétition l’an dernier avec Braga, de faire comprendre qu’il ne veut pas se prendre une branlée, mais qu’il n’a pas non plus l’intention de jouer la gagne. 0-0, ça lui irait. Une défaite 1-0, aussi, à vrai dire.
Le seul vrai intérêt, pour le Sporting, c’est le ranking UEFA. Le Portugal, après la finale 100% lusitanienne l’an dernier, s’est sensiblement rapprochée de l’Italie. Un succès en terre romaine leur permettrait de grappiller encore des points et du terrain sur le voisin italien. Mais c’est bien là le seul véritable enjeu. Les Leoes n’ont même pas une invincibilité symbolique à conserver, puisqu’ils se sont déjà inclinés lors de la quatrième journée sur le terrain de Vaslui. Pour Paciencia, il s’agira donc, presque, d’un avant-goût de ce qui pourra l’attendre en seizièmes de finale. Car le stadio Olimpico a bien l’intention de répondre présent. Si cette rencontre doit être la dernière soirée européenne de la saison, alors, autant conclure en beauté. Et puis, à Rome, depuis un certain 14 mai 2000, on a tendance à croire en l’impossible. Ce jour là, l’équipe de Perugia, 10ème du classement, avait battu la Juventus, offrant un improbable Scudetto à la Lazio. Et si, de Perugia à Zurich, il n’y avait finalement qu’un pas ?
Eric Maggiori