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La Lazio face au tabou Juventus

Par Éric Maggiori
La Lazio face au tabou Juventus

Ce soir, la Lazio reçoit la Juventus au stadio Olimpico. Pour les Biancocelesti, actuels cinquièmes du classement, c'est un véritable défi : ils n'ont plus battu les Turinois en Serie A depuis le 6 décembre 2003. Il y a 11 ans, donc.

Un coup de casque décroisé de Bernardo Corradi à la 21e minute. Une frappe puissante au point de penalty de Stefano Fiore à la 48e minute. Par deux fois, Gianluigi Buffon s’incline. Nous sommes le 6 décembre 2003 et la Lazio, avec Roberto Mancini sur son banc, s’impose 2-0 face à une Juventus en maillot rose. Les tifosi laziali ne le savent pas encore, mais ils viennent d’assister là à la toute dernière victoire de leurs protégés face à la Vieille Dame en Serie A. Depuis ce jour, le bilan est dramatique : 19 confrontations, 13 défaites, 6 matchs nuls.

Ce qui veut donc dire que le président Claudio Lotito, intronisé lors de l’été 2004, n’a jamais vu son équipe battre la Juve en championnat. Un vrai tabou, qui s’est matérialisé encore un peu plus lors de la dernière opposition entre les deux formations, le 25 janvier dernier. Ce jour-là, les hommes d’Edy Reja ont longtemps mené 1-0 avant de se faire rejoindre au score par un but de Llorente. Mais surtout, en fin de match, ils ont frappé les montants à deux reprises, une fois par Klose (miracle de Storari + barre), une fois par Keita (poteau). Comme si la malédiction turinoise empêchait le ballon de rentrer. Comme si la Lazio ne pouvait résolument plus gagner face à l’ogre blanc et noir.

Klose muet, Pioli impuissant

Le seul endroit où la Lazio est parvenue à briller face à la Juventus, c’est en Coupe d’Italie. D’ailleurs, c’est simple : à chaque fois que les deux équipes s’affrontent en Coupe, la Lazio s’impose et, derrière, elle remporte la compétition. C’est arrivé en 1997-98 (Juve éliminée en demi-finale), en 2003-04 (victoire en finale), en 2008-09 (demi-finale) et en 2012-13 (demi-finale, encore). À croire que le « tabù » Juve est réservé au championnat d’Italie. Et cette histoire de tabou s’étend même jusqu’aux principaux protagonistes. Prenez Miroslav Klose, tiens. L’attaquant allemand est le meilleur buteur de l’histoire de la Coupe du monde, et a inscrit quelque 308 buts toutes compétitions confondues dans sa carrière.

Pourtant, lorsqu’il affronte la Juventus (c’est arrivé à neuf reprises dans sa carrière, deux avec le Werder, deux avec le Bayern, cinq avec la Lazio), il devient tout docile. Son bilan ? Un seul but marqué face aux Bianconeri, et pas franchement un but décisif, puisqu’il a été inscrit l’an dernier, lors d’une défaite 4-1 au Juventus Stadium. Même discours pour Stefano Pioli. Le nouveau coach de la Lazio a porté les couleurs de la Juventus lorsqu’il était joueur, entre 1984 et 1987. 34 matchs, pas le moindre but marqué. Mais depuis qu’il est coach (Chievo, Palerme, Bologne), impossible de venir à bout de la Vecchia Signora. Quatre défaites, trois nuls, zéro victoire. Et l’entraîneur peut même étendre le discours jusqu’à dire qu’il n’a jamais battu une équipe entraînée par Massimiliano Allegri, le technicien de la Juventus. On en viendrait pratiquement à penser que, pour tenter de prendre les trois points face au triple champion d’Italie en titre, les Laziali feraient mieux de s’exercer sur des poupées vaudou plutôt que sur un terrain de foot.

50 000 au stadio Olimpico

« La Juve ? Nous jouons chez nous, devant notre public, et nous voulons gagner. » Filip Djordjevic se fiche du vaudou, lui. Le Serbe est arrivé à Rome cet été avec des ambitions dans les valises. Six buts depuis le début de la saison, et le voilà positionné à la quatrième place du classement des buteurs, derrière Tévez, Callejón (huit pions) et Icardi (sept). L’ancien Nantais n’a aucune certitude quant à une éventuelle titularisation ce samedi, car dernièrement, Stefano Pioli a pris l’habitude de masquer ses cartes concernant ses attaquants. Un coup Djordjevic, un coup Klose. 784 minutes pour le Serbe, 326 pour l’Allemand.

Toutefois, sur les six buts qu’il a plantés jusqu’ici, « Djo » n’en a inscrit qu’un seul au stadio Olimpico, le 5 octobre dernier, face à Sassuolo (3-2). 183 minutes sans marquer à domicile. À ce rythme-là, on pourrait bientôt parler d’un autre tabou. Et pour le briser, lui, et toutes les autres malédictions qui planent autour de ce Lazio-Juventus, la public du stadio Olimpico a bien l’intention de mettre les petits plats dans les grands : selon CittàCeleste.it, ils devraient être au moins 50 000, ce samedi soir, pour encourager leurs poulains. C’est au moins ce qu’il faudra, pour faire tomber onze années de mauvais œil.

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