La L1 pour les Nuls !

Bon, commençons par le commencement : « Honnêtement, je ne comprends pas. Vous sortez de grands joueurs, l’équipe nationale est vraiment l’équipe à battre, mais alors votre championnat, je ne sais pas quoi dire. (…) Tactiquement, qu’est-ce que c’est mauvais, c’est pas croyable ! » C’est signé Gattuso.

Il prenait en exemple…un match du PSG (et quel match : PSG-Nice de l’an dernier 2-3 !). Eh, ouais, le bon Gennaro suit la L1 : c’était dans le So Foot n°56, un entretien réalisé par compère Vikash et Mister Régy. Pas méchant, le Gattuso : il dit simplement que la L1, c’est tactiquement nul. OK, il exagère un peu mais le match OM-PSG de dimanche soir corroborait assez bien son jugement (dernier). C’est pas parce qu’il y a eu 6 buts que le match était grandiose.

On le répète : Paris n’a aucune identité de jeu et l’a encore montré au Vélodrome tandis que l’OM est juste en train de couler à pic (Eindhoven + PSG + affaire Ben Arfa dans la même semaine). A ce propos, tous les journalistes qui ont suivi la mascarade des excuses publiques de ce crétin d’Hatem en pleine conférence de presse de Gerets sont restés scotchés par le regard complètement paumé du pauvre Eric qui, paraît-il, commence à se demander sérieusement ce qu’il est venu foutre dans cette galère phocéenne. Peut-être la malédiction So Foot, puisque Gerets était en une du dernier numéro…

Toujours au sujet du OM-PSG, le bon Guy Roux, en rupture totale de lèche corporate (il bosse pour Canal +), a eu cette analyse très cruelle : « M’oui…Un match amical perfectionné (sic), avec aucun contact trop appuyé entre les joueurs… Peu d’intensité…Pas de grands gardiens » . C’était sur Europe 1, hier soir. Et encore, Guy l’Auxerrois s’est modéré, ça s’entendait. Sur sofoot.com, on a dit exactement la même chose que Guy Roux… Seulement, il se trouve qu’il y en a qui confondent journalisme et supportérisme. Et puis c’est bien connu : Guy Roux n’y connaît strictement rien au foot.

Alors laissons parler ceux qui savent. Au hasard, Le Parisien qui salue la victoire parisienne « Quel exploit ! » . Quel exploit ? Battre une équipe à la ramasse qui ne joue que pendant 45 minutes et avec son joker Ben Arfa qui refuse de rentrer en jeu ???

Mais le top du top, c’est pour L’Equipe. Déjà, la une : « RENVERSANT ! » … Ouais, bof. On récapitule juste les notes : Hoarau (9) : on a rarement vu Zidane, Raul, Gerrard, Ronaldo, Deco, Ronaldinho ou Messi obtenir une note pareille, mais Guillaume, si ! On continue : Koné (6), on l’a à peine vu… M’Bami (7), ah, bon ?!… Landreau (5), sans commentaire… Ceara (7), sans commentaire. Sessegnon (7) et Pancrate (7), no comment… Luyindula (8), OK, là bon match mais un bon 6 suffisait. Moralité : on nous survend le Clasico, avant et après.

Mais, y’a pas que le Clasico. Il faut aussi revenir sur la couverture médiatique ultra scandaleuse du match Nice-Bordeaux. Le premier but niçois est hors-jeu, c’est incontestable. C’est moins évident pour le penalty pour Nice : « Le ballon touche le bras qui reste collé au corps…Interprétation stricte de l’arbitre…Penalty sévère mais justifié » . C’est signé Gilles Veyssière sur Canal +… Or, tous les médias de l’Hexagone en ont fait des tonnes sur l’arbitrage honteux qui a privé Bordeaux de victoire. L’Equipe, encore, titrant même sur sa une de dimanche : « Bordeaux volé à Nice » …Bonjour le lynchage public des arbitres. Pourtant, la réaction d’après-match de Lolo Blanc était bien plus objective : « Je suis déçu du score mais pas du contenu. Le score est évidemment décevant, car nous avons eu la possibilité de tuer le match sans parvenir à le faire. L’arbitrage ? Ce sont des faits de jeu, j’espère juste qu’à l’avenir ils nous seront plus favorables » . OK, le lendemain Lolo a chargé un peu l’arbitre, mais l’essentiel avait été dit la veille : Bordeaux n’a pas su tuer le match (ratages d’Obertan, Cavenaghi et Gourcuff), un point c’est tout. Mais c’est tellement plus facile de dézinguer l’arbitrage.

Soyons honnête : L’Equipe avait retrouvé tout son sens critique dans son édition de lundi, avec en page 5 un article acéré, « Lyon tire la langue » . En gros, une analyse juste et sévère sur l’OL déclinée en trois thèmes : « Un jeu décevant » , « Les limites des exigences du Puel » , « Juninho et Benzéma risquent de s’épuiser » . Bien vu. Parce qu’il est là le vrai problème : la L1 est dominée par un OL très faiblard qui profite de l’inconsistance de ses concurrents encore plus faiblards ! Lyon fonce donc vers son 8ème titre, faute de concurrence. Ça désespère tout le monde mais c’est comme ça.

Pas la peine d’entretenir un suspens jusque là factice, de transformer Paul Le Guen en Mourinho français (dans son bouquin, Alain Cayzac souligne avec justesse les limites du coaching de Paulo !) ou d’essayer de nous survendre l’OM et Bordeaux, sans même analyser le contenu exact de leurs matchs ou en s’en prenant lamentablement aux arbitres, coupables de ne pas “aider” ces concurrents de l’OL, afin d’avoir un championnat plus palpitant. Un championnat un peu moins chiant que les saisons d’avant, avec un peu plus de buts et un peu plus de spectacle, il faut le reconnaître, mais sans l’intensité des autres grands championnats. Le Téfécé joue les premiers rôles en L1 mais rend une copie médiocre contre Monaco (0-0). On attend toujours les éternels Lille et Rennes, bonnes équipes capables de booster le championnat mais clouées au milieu à force de matchs nuls à répétition. Un bon point pour Le Mans, Grenoble et Caen, les juges de paix de la compète qui maintiennent par leur sérieux (et par leur jeu) un semblant d’homogénéité dans cette L1.

Parti comme c’est parti, ce n’est pas encore cette saison que l’OL va trouver en L1 cette adversité féroce qui pourrait l’aguerrir à la C1. Derrière, tout est possible, tout peut arriver, faute de véritables “valeurs sûres” (hormis Bordeaux, peut-être, qui revient quand même bien). C’est pas nouveau mais c’est comme ça. La saison est longue, on verra bien. Comme d’hab, on suivra les performances des clubs français en Coupes d’Europe, histoire de se faire une opinion plus précise. L1 et coupes d’Europe : si c’est mauvais, on le dira. Si c’est bon, on le dira aussi. Et si c’est drôle on sera lol…

Chérif Ghemmour