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La L1, 5ème championnat en Europe, vraiment ?
La seule victoire probante du PSG sur le Real (3-0) ne peut racheter les tristes performances des quatre autres clubs français engagés en C1 (OL et Lille) et en C3 (Rennes et Saint-Étienne). Ce « Little Four » est déjà dans le dur et ses perspectives d’accéder à la seconde phase déjà plombée...
Débandade de la bande des Quatre
Le pays des champions du monde en titre occupe au niveau des clubs une honnête cinquième place à l’indice UEFA, derrière l’Espagne, l’Angleterre, l’Allemagne et l’Italie. L’exception PSG, dont on parlera plus loin, situerait même notre championnat à un niveau un peu plus élevé en dépit des trois dernières éliminations parisiennes en 8es de C1. Seulement voilà… Dans le détail, avec dans l’ordre Lyon, Rennes et Saint-Étienne, la L1 n’a pas surclassé les championnats russe (Zénith Saint-Pétersbourg, 1-1), écossais (Celtic, 1-1) et belge (La Gantoise, 2-3). Pour ne rien arranger, les Lyonnais et les Rennais ont joué à domicile… On mettra de côté la défaite lilloise à Amsterdam (0-3) face à un super Ajax qui déroge toujours à la faiblesse de l’Eredivisie, objectivement inférieure à la L1.
Fin août, on avait assisté au naufrage strasbourgeois à Francfort en barrages de Ligue Europa (0-3) qui laissait déjà présager un manque de compétitivité de nos clubs à l’échelle continentale. Surtout, cette élimination alsacienne amputait précocement le contingent français, réduit donc à seulement deux participants. Or, la suite s’annonce très compliquée pour notre bande des quatre. En C1, Lyon devra batailler face à ce même Zénith dans un groupe où Leipzig a pris les devants en gagnant à Lisbonne face au Benfica (2-1), et Lille recevra un Valence vainqueur à Chelsea (1-0). En C3, Rennes se rendra à Rome contre une Lazio vexée de s’être fait surprendre par l’étonnant Cluj (2-1) et Sainté recevra Wolfsburg, co-leader et favori du groupe…
Tactique hésitante
Voilà pour le tableau global, certes pessimiste. Mais même dans le détail, trop de choses clochent. Premièrement, Lyon, Lille, Rennes et Sainté n’ont pas répondu au défi physique, impitoyable en coupes d’Europe. Les Gones n’avaient plus de gaz à l’heure de jeu et Rennais et Stéphanois ne s’attendaient pas à être respectivement autant secoués par des Écossais à l’engagement typiquement britannique ou par des Belges costauds et agressifs. Plus inquiétant, cette incapacité à imprimer des vrais temps forts, suffisamment durables pour espérer faire la différence. C’est de plus en plus flagrant pour Lyon, en Europe comme en L1. Or, sans sa furia, l’OL redevient une équipe banale.
Nos quatre équipes ont trop joué par à-coups et ont été de surcroît perturbées par des changements de systèmes tactiques qui dénotent une improvisation des coachs ou du moins une trop grande attention portée au jeu de l’adversaire. Le 5-3-2 rennais est devenu hier un 4-3-3, le 4-3-3 déjà bancal de Sylvinho est passé en 4-2-3-1 en seconde période ou le 4-2-3-1 stéphanois (ou 3-4-3) a laissé place à Gand à un désastreux 5-3-2 ! Enfin, les leaders de jeu n’ont pas répondu présent. Ni Grenier, ni Cabaye, ni André (pas si mal, certes) n’ont su véritablement se mettre au niveau européen. Mention spéciale à Depay, incorrigible individualiste qui n’a toujours pas compris que sans l’implication totale à Lyon qu’il imprime pourtant avec les Oranje, il ne jouera jamais dans les « grands clubs » dont il rêve…
Paris Foot Gueye et grand Marquis…
Complimenter le PSG et son jeu flamboyant mercredi soir au Parc, c’est permettre aussi de soulever un aspect relativement positif du quator OL-LOSC-Rennes-ASSE qui ont malgré tout essayé de jouer. Lyon, même sans imagination, propose encore de « l’allant vers l’avant » , attesté par une domination souvent insufflée par l’étonnant Reine-Adélaïde. Lille est mort debout en tentant des choses intéressantes, et Rennes s’est battu avec les moyens du bord avec une équipe trop ponctionnée cet été (André, Mexer, Ben Arfa, Sarr). Enfin, l’action qui a abouti au magnifique but de Khazri laisse entrevoir des potentialités. À voir…
Pour Paris, c’est déjà tout vu ? A priori, oui : sauf accident ou remontada désespérante, le PSG devrait bien figurer en huitièmes. Mercredi, c’est sans Cavani, Neymar et Mbappé que les hommes de Tuchel ont torpillé un Real d’Emmaüs. Sans eux, Di María a été magistral en signant un doublé des grands soirs et Icardi a confirmé sa nocivité face à la paire Varane-Militao. Mais c’est évidemment le trio du milieu Verratti-Marquinhos-Gueye qui a flashé de mille feux et écrabouillé le midfield madrilène. L’Italien très accrocheur joue enfin simple et sobre ! Et le festival d’Idrissa Gueye, tant à la récup infernale qu’aux projections vers l’avant et qu’aux combinaisons offensives, lui vaut toutes les louanges. Il ne faut pas non plus oublier Marquinhos, énormissime. À un poste qui ne lui est pas naturel, il a été pourtant le vrai point d’équilibre du PSG, celui qui fixe la stabilité et la mobilité du bloc parisien. C’est d’abord son positionnement au cœur du jeu (prêt à couvrir, jaillir, relayer et relancer) qui autorise justement Gueye au rôle de chasseur-harceleur tout terrain. Une complémentarité des deux qui n’est pas sans rappeler celle de la paire Vieira-Makélélé chez les Bleus… On attend de voir comment le milieu parisien réagira à l’impact physique d’équipes comme Liverpool ou au jeu de possession rapide d’un Manchester City. En attendant, on a bien remarqué qu’en phase défensive, Paris a cherché à sécuriser les abords de sa propre surface, zone de tous ses malheurs contre Manchester United (notamment la frappe de Dalot et la main de Kimpembe qui amène le penalty). Mission accomplie… ou presque ! Car Gareth Bale a marqué dans cette zone. Un but splendide, mais justement refusé pour une main. C’est à ce genre de détails qu’on voit que le PSG n’est pas encore parfaitement au point. Alors pas d’enflammade…
Par Chérif Ghemmour