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La Juventus et la Coupe d’Italie, le tabou
Il y a 20 ans, la Juventus remportait sa dernière Coupe d'Italie. Tantôt désintéressée, tantôt malheureuse, la Vieille Dame n'est plus parvenue à soulever le trophée depuis. En chasse de son dixième succès dans la compétition et de l'étoile d'argent symbolique qui va avec, la Juve entend bien prendre le bon vaisseau cette saison.
L’appétit vient en mangeant. Maman l’a sans doute souvent répété lorsque vous n’étiez qu’un gamin plus fan de bonbons devant la console que de plats et légumes préparés aux traditionnels repas en famille. Ça tombe bien, puisque la formule convient cette fois à une autre Vieille Dame. Tout aussi distinguée, celle-là règne également en main de maître à la maison et chérit autant ses enfants que ses victoires. Après trois Scudetti consécutifs, et un quatrième en très bonne voie, la Juventus a désormais en tête de faire valoir son retour au premier plan aussi bien en Europe qu’en Coupe d’Italie, une compétition qu’elle n’a plus gagnée depuis tout juste 20 ans. En conférence de presse, ce mercredi, l’entraîneur bianconero, Massimiliano Allegri, n’a d’ailleurs pas caché ses ambitions : « On a le devoir d’aller le plus loin possible dans les trois compétitions où nous sommes encore engagés. C’est le moment décisif de la saison. Notre objectif était d’être encore sur tous les tableaux en mars, et nous y sommes. » Auquel cas certains douteraient encore de la motivation turinoise, le Toscan en rajoute une couche : « La Champions League est un rêve. Mais on ne doit pas laisser de côté la Coupe d’Italie qui est un objectif prioritaire, parce que cela fait des années qu’on ne l’a pas gagnée » . L’humilité rend invulnérable, la Vieille Dame connaît ses classiques.
Demain, c’est loin
20 ans déjà. Une éternité. À l’époque, Gianluigi Buffon attend encore sagement, à seulement 17 ans, de faire ses premiers pas sous les couleurs de Parme. Une formation alors dirigée par le mythique Nevio Scala qui truste les plus hautes marches du football italien. La preuve ? En cette saison 1994-1995, les Ducali se disputent aussi bien le championnat que les Coupes de l’UEFA et d’Italie avec la Juventus. Ainsi début mai 95, Parme arrache le trophée européen aux Bianconeri au terme d’une finale disputée en deux matchs (1-0/1-1). La revanche de la Juve est cinglante avec une victoire 4-0 quelques jours plus tard pour valider le 23e Scudetto de son histoire. La belle a lieu, au mois de juin 95, en finale de Coupe d’Italie, et c’est là aussi la Juve qui l’emporte, avec l’improbable Sergio Porrini, buteur à l’aller comme au retour (victoires 1-0 à Turin à l’aller, et 2-0 à Parme au retour avec une autre réalisation de Ravanelli). Depuis cet affrontement, Parme a remporté deux Coupes d’Italie en 99 contre la Fiorentina et en 2002 face à… la Juventus du tout frais transfuge… Gianluigi Buffon. Paradoxalement, la Juve n’est, elle, plus parvenue à inscrire son nom au palmarès de la compétition, échouant encore en finale en 2004 contre la Lazio, puis en 2012 contre le Napoli, quelques jours seulement après avoir entériné le premier des trois Scudetti de l’ère Conte.
La course à l’étoile d’argent
La prochaine gravure de la Juve en Coupe d’Italie serait d’ailleurs sa dixième et lui permettrait de décrocher symboliquement l’étoile d’argent. Débarrassée du funeste « jamais deux sans trois » avec 3 défaites en finale, la Vieille Dame pouvait ainsi se pencher sur sa quête avec une étoile dans les yeux. Sauf que l’objectif est apparu bien secondaire lors de ces deux dernières saisons. C’est tout juste si Antonio Conte ne déléguait pas l’équipe à son adjoint Angelo Alessio, comme tout bon joueur de Football Manager l’a déjà fait. Plus concentré à conserver le Scudetto ou à progresser sur la scène européenne, l’actuel sélectionneur de la Nazionale devait aussi faire avec un effectif assez réduit. Ce qui n’est plus vraiment le cas cette saison après un nouveau mercato réussi pour mieux doubler les postes, avec entre autres les arrivées d’Évra, Pereyra ou Morata. Mieux, la Juve semble plus déterminée que jamais à marquer sa domination en Italie en réussissant un doublé sur la scène nationale. Après avoir laissé échappé la Supercoupe d’Italie en décembre contre le Napoli, la Vieille Dame ne veut plus laisser aucune miette, comme un enfant devant un bon goûter. Comme en a témoigné Leonardo Bonucci, jamais avare en bons mots, l’histoire ne se souvient que des vainqueurs.
Pas de place aux calculs
Confirmation du sursaut d’intérêt pour la Coupe d’Italie, Allegri a confirmé que son turn-over serait, cette fois, plus limité : « Demain (jeudi), les meilleurs iront sur le terrain. Je ferai sûrement confiance à ceux qui ont le plus joué jusqu’ici cette saison, avant de faire tourner contre Sassuolo, lundi » . Pas de juxtapositions des derniers joueurs valides de l’effectif donc, et des fans de Simone Pepe qui ne devraient pas, non plus, voir à l’œuvre leur star. Il en faut pour tous les goûts et couleurs, et le Juventus Stadium affiche d’ailleurs complet pour l’occasion avec la promesse d’une ambiance des grands soirs. Arrivés en demi-finale sans égratignure, là où – avouons-le – l’intérêt de la compétition débute, les Bianconeri entendent surtout se servir du rendez-vous comme d’exutoire. Accrochés à 11 contre 10, contre la Roma, lundi, les Turinois sont frustrés de ne pas avoir définitivement achevé la bête romaine. De même qu’avoir laissé en course le Borussia Dortmund en huitième de finale de Champions League avec une maigre victoire 2-1 lors du match aller et un but à l’extérieur allemand qui pourrait peser lourd, dans un peu moins de deux semaines. L’adversaire et rival florentin tombe donc à pic pour expier une certaine frustration. Une Fiorentina qui se révèle comme l’une des dernières à résister vaillamment en Italie à l’empire turinois. Personne n’a ainsi oublié la victoire 4-2 de la Viola en championnat ou l’affrontement étriqué en seizièmes de finale de Ligue Europa, la saison dernière. Massimiliano Allegri n’était pas encore là, mais il n’est pas affranchi de l’héritage de Conte. Un héritage qu’il s’attache désormais à dépasser avec un doublé coupe-championnat dont le Pugliese ne peut se vanter. Logique, il est libre Max, y en a même qui disent qu’ils l’ont vu voler.
Par Eric Marinelli