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La Juventus est-elle « Tévez dépendante » ?
Quatre matchs qu'il ne marque plus, trois matchs que la Juve ne gagne pas. Hasard ou coïncidence, le manque de réussite actuel du champion d'Italie semble intrinsèquement lié à celui de son buteur argentin. Mais au fait, la Vieille Dame serait-elle la même sans son Apache ?
Samedi 22 novembre 2014. Voilà donc vingt-six jours que le petit gobelin de la Juventus n’a plus entendu le bruit jubilatoire du cuir qui fouette les filets adverses. Vingt-six jours et ce 3-0 net et sans bavure infligé à la Lazio de Rome de Stefano Pioli. Au soir de cette douzième journée, Carlitos Tévez totalisait neuf réalisations en onze apparitions avec la Vieille Dame et squattait, de fait, la première place du classement des buteurs de Serie A. Désormais confortablement installée dans son 4-3-1-2 mis en place quelques semaines auparavant, la Juve retrouvait ses plus belles couleurs et laissait la Roma à trois unités. Un mois et zéro but de l’Apache plus tard, les Bianconeri sortent d’une série de trois nuls consécutifs et entament leur dernier match de championnat de l’année avec une chose qu’ils ne connaissent plus vraiment : la pression. Car oui, si la Juve ne gagne pas à Cagliari ce soir et que la Louve parvient à battre Milan à l’Olimpico samedi, les Turinois passeront les fêtes de fin d’année dans la peau du dauphin. Chose qu’ils n’ont plus connue depuis un an, un mois et huit jours.
Seul contre tous
Si l’Apache n’a encore jamais pété les compteurs italiens comme ont pu le faire Ronaldo et Messi en Espagne ou Suárez en Angleterre, force est de reconnaître qu’un Carlos Tévez, c’est tout de même dix-sept buts, en moyenne, dans une saison. Avec des pics à 25/30 dans les années fastes et des descentes à 4/5 par temps de crise. Autrement dit, une valeur sûre. Or, quand le binôme Tévez/Llorente assurait l’an passé la quasi-totalité du rendement offensif de la Juventus avec une constance impressionnante (19 buts pour l’Apache, 16 pour l’Espagnol), la donne est tout autre aujourd’hui. Souvent en ballottage avec l’ex-Madrilène Álvaro Morata, la grande perche aux yeux bleus peine à s’imposer aux côtés de son petit coéquipier qu’il connaît pourtant bien. Résultat, Fernando Llorente a inscrit cette saison trois petits pions pour douze titularisations sur les prés de Serie A. Un ratio faible, pour ne pas dire médiocre, et évidemment insuffisant pour suppléer Carlos Tévez lors des éventuels passages à vide.
Pendant que l’un sommeille, l’autre ne satisfait pas beaucoup plus. Cet autre, c’est Álvaro Morata, recruté cet été par la Juve pour la coquette somme de vingt millions d’euros. Blessé au genou sitôt son contrat de cinq ans paraphé, le jeune Espagnol n’a pas pu goûter à l’intense préparation estivale et revient donc progressivement au sein du groupe. Pour l’instant doublure de Llorente, Morata a planté quatre buts pour seulement deux titularisations en Serie A. Mais malgré ce ratio intéressant, Max Allegri préfère maintenir le tandem gagnant de l’année dernière. Sans autre véritable serial buteur ni renard de surface, la Juventus s’en remet donc aux exploits individuels de son milieu tout-terrain (Vidal 4 buts, Pogba 3 buts, Pirlo 2 buts). Et quand Tévez se meurt, Madame prend peur.
Déjà indispensable ?
Que l’Argentin ne marque plus depuis quatre matchs est une chose, que son équipe ne mette que trois buts dans le même temps en est une autre. Et surtout, ce constat soulève une question fondamentale qu’il convient de se poser à ce stade de la saison : que serait la Juventus sans Carlos Tévez ? Depuis son arrivée dans le Piémont en juin 2013, les parties manquées par l’Apache se comptent à peine sur les doigts des deux mains. Jamais blessé hormis le temps d’une ou deux semaines, l’ex-Citizen a pris part à 68 rencontres sur les 78 disputées par le club depuis qu’il a posé ses valises à Turin. Une présence hégémonique sur le front de l’attaque qui a poussé dehors des personnes comme Mirko Vučinić, Fabio Quagliarella et Pablo Osvaldo. Et qui amène à se demander ce qu’il adviendrait de la Vieille Dame si l’attaquant venait à se blesser pour longtemps.
À l’heure actuelle, ni le jeu de tête de Llorente, ni la jeunesse de Morata et Coman, ni la fougue de Giovinco ne semblent en mesure de faire oublier le rendement du numéro 10 bianconero. Alors que l’effectif extra large de la Roma et le système en 4-3-3 permet à Rudi Garcia de varier les plaisirs en attaque, les possibilités qui s’offrent à la Juve en cas de pépin de l’Apache sont loin d’être aussi nombreuses. Quelques heures avant le départ pour Cagliari, Max Allegri est passé au point presse pour répondre à quelques questions concernant la méforme relative de son attaque : « Je ne suis absolument pas inquiet. Nous avons eu pas mal d’occasions importantes contre la Sampdoria, mais nous ne les avons pas saisies au mieux. Les milieux de terrain doivent créer davantage le surnombre. Nous devrons remédier à ce problème demain pour essayer d’obtenir une victoire. » Et comme souvent, la solution pourrait bien venir d’Argentine.
Par Morgan Henry