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La Juve malgré tout
On ne s'en rend pas vraiment compte, mais la Vieille Dame est bel et bien en train d'effectuer une des meilleures saisons de sa longue histoire. Et pourtant, elle a dû faire face à de nombreuses indisponibilités qui lui ont compliqué la tâche.
En passe de gagner le championnat, qualifiée pour la finale de Coupe d’Italie et encore en course en Champions League en avril, voilà un scénario qui n’est arrivé que très peu de fois dans l’histoire de la Juventus. Ce n’est même arrivé qu’à une seule occasion. En effet, il faut remonter 42 ans en arrière pour trouver pareille configuration. Les Bianconeri, alors dirigés par Čestmír Vycpálek, avaient remporté le championnat à la dernière journée, puis échoué en finale de la Coupe d’Italie contre le Milan (aux tirs au but) et de Coupe d’Europe des clubs champions contre l’Ajax. On citera tout de même la saison 1994-95, avec Scudetto, Coupe d’Italie et finale de Coupe de l’UEFA, mais c’eut été un mini-Chelem. Bref, pour sa première saison sur le banc de la Juve, Max Allegri fait très très fort, et ce n’était pas gagné avec cette infirmerie qui ne désemplit pas.
Les 14 rescapés
La Juve a démarré la saison avec 26 joueurs dans son groupe pro : un onze type, onze remplaçants poste pour poste, un 3e gardien, Simone Pepe, Kingsley Coman et l’indésirable Marco Motta qui a ensuite résilié son contrat. Idem pour Giovinco, avant que Matri, Sturaro et De Ceglie ne rejoignent Turin au mercato hivernal. Voilà donc 27 joueurs aujourd’hui. Un bon chiffre pour une équipe engagée sur tous les fronts, ni trop, ni pas assez. Une gestion intelligente de l’effectif à laquelle nous ont habitués Marotta & co depuis quelques années maintenant. Toutefois, les blessures n’ont pas épargné la Vieille Dame depuis le début de saison, limitant drastiquement les possibilités de turn-over. Ainsi, seulement 14 joueurs ont dépassé les 1500 minutes de jeu sur un total de 4080. Cela correspond à un onze de départ et ses trois remplaçants : Buffon – Lichtsteiner, Bonucci, Chiellini (Ogbonna), Évra – Marchisio, Pirlo, Pogba, Vidal (Pereyra) – Tévez, Morata (Llorente).
Deux titulaires sur le carreau toute la saison
Une équipe type qui a perdu deux éléments clés de la gestion Conte, et pas des moindres. La saison d’Andrea Barzagli a débuté le 9 mars dernier. On parle là du véritable homme fort de l’arrière-garde impénétrable de la Vieille Dame. Celle de Kwadwo Asamoah s’est conclue le 4 novembre contre l’Olympiakos à cause d’un problème de cartilage du genou gauche. Reconverti latéral gauche par Conte dans le 3-5-2, il s’y est imposé comme le meilleur spécialiste du championnat italien. Ces deux absences importantes ont néanmoins permis à Allegri de faciliter le passage à la défense à 4, ainsi que l’intégration de Patrice Évra, plus à l’aise dans ce système de jeu. Un mal pour un bien comme dit l’adage, mais faire toute la saison avec l’ex-Mancunien titulaire n’était pas du tout au programme.
D’autres joueurs ont également manqué à l’appel pour des raisons de santé. Morata s’était fait une entorse du genou dès son premier entraînement. La fameuse malédiction Allegri, pensaient alors les supporters de la Juve, se remémorant les épidémies de blessures qui frappaient son Milan. Pirlo a vécu également une saison délicate avec deux problèmes (hanche et mollet) qui lui ont fait louper trois mois de compétition. Cáceres, excellente alternative dans la défense à 3 ou à Lichtsteiner, a vu sa saison se terminer début mars, après déjà une longue absence d’octobre à janvier. La palme revient à Romulo : l’Italo-Brésilien était l’une des révélations de la dernière saison au Hellas, mais n’a pu disputer que 100 minutes de jeu, enchaînant hernie inguinale et pubalgie. Cerise sur le gateau, Pogba qui se claque au moment d’aborder la dernière ligne droite. Et la fausse alerte (genou-gate) pour Marchisio.
On prie pour Tévez… et Padoin !
Vent de face donc pour la Juventus. Ça plie, mais ça ne rompt pas. Allegri a fait parler toute sa science, jonglant sciemment entre les différents schémas tactiques et demandant des heures supps aux plus solides. Bonucci, Chiellini, Marchisio et Buffon tiennent la route. Tévez aussi, et il vaut mieux croiser les doigts, car il n’a jamais été aussi décisif dans sa carrière (26 buts en 39 rencontres). La petite alerte avant le match de Parme a d’ailleurs fait frissonner le peuple juventino. Vidal et ses problèmes de genou ont survécu, c’est plus compliqué pour Lichtsteiner et son style de jeu très dépensier. Il y a toutefois quelques gagnants dans l’histoire. Pereyra, plus utilisé que prévu, et qui a eu ainsi l’occasion de justifier les 15 millions d’euros en passe d’être investis. Et surtout Simone Padoin. Véritable mascotte du groupe, homme à tout faire, à droite, à gauche, à la Pirlo et qui file vers son 4e Scudetto personnel, nous rappelant que l’histoire de la Juve est faite de fuoriclasse, mais aussi, et surtout, de joueurs grégaires.
Par Valentin Pauluzzi