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La Juve est-elle prête à défier la mort ?

Par Markus Kaufmann
La Juve est-elle prête à défier la mort ?

Depuis que la Juventus domine de la tête et des épaules le championnat italien, elle ne sait plus où mettre le reste de son corps sur la scène européenne. Après une élimination sans espoir contre le Bayern en 2013, puis un fiasco stambouliote en poule en 2014, les Turinois s'apprêtent à faire le grand saut ce soir à Dortmund. En espérant que le cœur ne va pas lâcher.

Nous sommes en juin 2011, et la Juventus sort d’une triste saison vierge en titres et émotions, ponctuée par une septième place et une élimination inattendue en poule de Ligue Europa. Sans Europe, les Turinois repartent donc à zéro. Mais Antonio Conte reprend la barre et va jusqu’à chercher le Scudetto contre le Milan d’Ibrahimović, pourtant grand favori, jusqu’au « but » de Sulley Muntari, du moins. La Juventus remet les pieds en C1, compétition qu’elle n’avait plus connue depuis 2010 et une élimination en poule derrière les Girondins de Blanc et le Bayern de Van Gaal. En poule de l’édition 2013, la Juve commence par trois nuls fades, puis retrouve les couleurs du jeu qui la fait briller sur la scène nationale : trois victoires contre Chelsea, Nordsjælland et le Shakhtar, sans encaisser un seul but. Le huitième de finale contre le Celtic Glasgow n’est qu’une formalité pour la troupe de Conte. 13 buts marqués et 0 pris en cinq matchs. Mais en quart face au Bayern – futur vainqueur – c’est l’inverse : la Juve encaisse les coups, mais ne les rend pas : 2-0 et 0-2. Retour à la case départ.

Mais en Italie, la Juve est à nouveau championne : nouvelle qualification en C1, nouvel espoir. Une fois de plus, presque plus que jamais, la Juve porte les espoirs de l’Italie sur ses épaules. En poule, la Vieille Dame renforcée par les arrivées de Carlos Tévez et Fernando Llorente doit faire face au Real Madrid galactique, au Galatasaray de Sneijder et Drogba, et au FC Copenhague. La conquête continentale s’arrêtera finalement aux portes de l’Europe, sous la neige turque, au bout d’un scénario dramatique qui verra Galatasaray marquer deux fois dans les dernières minutes, à Turin, puis à Istanbul. Après deux essais infructueux, mais aussi deux mauvais souvenirs en 2010 et 2011 (deux éliminations en poule), cette Juve sûre d’elle-même qui perd sa flamboyance sur la scène continentale rappelle donc étrangement l’Inter de Roberto Mancini. Les mêmes records battus à la maison, le même malaise loin d’Italie. Cette saison, l’histoire n’a pas changé. La Juventus est à nouveau la seule Italienne vivante à ce stade de la compétition. Et tout le monde attend qu’elle fasse le grand saut…

La cruauté de la Ligue des champions

Un grand saut, car chaque saison, la Ligue des champions est pour tous les grands clubs européens ambitieux un long voyage sans air. Une compétition qui bouffe des énergies physiques et mentales comme aucune autre, tout simplement parce qu’elle est la plus coriace au petit jeu de ruiner les espoirs et de briser les destinées. José Mourinho aura relevé le Real Madrid de presque une décennie d’échecs lamentables, le soulevant jusqu’à trois demi-finales consécutives, sans en tirer aucune reconnaissance. Pour les plus grands clubs, la C1 est un saut à deux issues. Celle de la gloire éternelle, pour l’équipe qui parvient à rejoindre la rive de la victoire aux grandes oreilles. Et celle de la chute. Une chute qui dure des mois, jusqu’au nouvel essai, s’il y en a un. Cette Juve-là a déjà essuyé deux chutes, sans compter l’ère pré-Conte. Depuis décembre 2013, près d’un an et demi, la Juventus attend donc son heure. L’heure de la rédemption.

Certains disent que la C1 repose en grande partie sur la chance. D’autres avancent que le vécu du groupe est la donnée la plus importante. Le fait est qu’il y a quelque chose d’inexplicable : chaque année, il faut provoquer une sorte d’alignement des étoiles pour venir à bout de ces quatre tours à élimination directe. Espérer que la défense, le milieu et l’attaque arrivent au printemps à leur meilleur niveau, avec déjà plus d’une quarantaine de matchs dans les jambes. En 2013, après une superbe campagne, la Juve avait été trahie par un moment d’inattention (but à la première minute d’Alaba), mais aussi par Gigi Buffon et son attaque muette. En 2014, l’attaque n’avait pas su venir à bout des exploits du Suédois Johan Wiland, gardien de Copenhague, et la défense n’avait pas empêché Drogba de la bousculer. Dans les moments-clés, quand elle avait aperçu son élimination, la Juve avait sombré sans réagir. Et en 2015, alors ?

Se croire mort pour mieux vivre

Pour effectuer son saut de qualité, l’Inter de Massimo Moratti avait finalement parié sur l’expertise : Mourinho, Eto’o, Lúcio, Sneijder, Motta. Mais la Juve ne suit pas le modèle milanais : comme toujours à Turin, on préfère parier sur la force du groupe. Après le départ d’Antonio Conte, il fallait un gestionnaire, un homme capable de faire grandir une création qui n’était pas la sienne, avec toutes les compétences que cela implique en termes de confiance et de gestion d’égo. Massimiliano Allegri n’a pas l’expérience européenne de Mourinho, mais il a un groupe qui arrive à maturité. Cet été, pour compléter une équipe déjà bien construite, la Vieille Dame a même fait venir deux vainqueurs de la compétition, avec Álvaro Morata et Patrice Évra. Mais si le recrutement n’est pas si important, c’est bien parce qu’au-delà du talent, la Ligue des champions est épuisante dans sa recherche de caractère. Ces dernières saisons, tout s’est joué à un fil : la C1 use, fatigue, et fait ressortir la personnalité de chaque groupe. Toutes les équipes, des plus préparées aux plus surprenantes, ont dû affronter le regard de la mort avant de gagner l’immortalité.

En 2009, le Barça aurait pu s’incliner contre Chelsea si Monsieur Ovrebo et Andrés Iniesta n’avaient pas été aussi exceptionnels, chacun dans leur registre. En 2010, l’Inter était passée à deux minutes de se faire éliminer dès les poules, dans le froid de Kiev, avant que Sneijder et Milito sauvent Mourinho. En 2011, le Barça s’était fait peur contre Arsenal en s’inclinant à l’Emirates en huitième, avant de trembler face à la charge inattendue du Real au Camp Nou. En 2012, Chelsea avait cru mourir deux fois, contre Naples et le Barça, avant de se faire noyer dans un bain de bière bavaroise à dix minutes du terme de la finale à Munich. En 2013, le Bayern avait tremblé au quart d’heure de jeu au Bernabéu, lors de la demi-finale retour, lorsque Cristiano Ronaldo célébrait son deuxième but en dix minutes, et s’apprêtait à laisser passer une occasion de tripler la mise. Enfin, en 2014, le Real Madrid avait bien cru voir son voisin coucher avec sa bien-aimée avant qu’un coup de tête de Sergio Ramos ne sauve l’honneur. Si elle ne récompense pas toujours la meilleure équipe de la saison, la coupe aux grandes oreilles finit toujours par se livrer aux bras de la plus grande équipe, de la plus résistante, de la plus héroïque. Le « saut de qualité » dont parlent tous les médias italiens n’est autre, cette fois-ci, qu’un grand saut dans le vide : la Juve a le talent pour éliminer le Borussia, mais en a-t-elle la force de caractère ? Sous le mur jaune, les Turinois pourraient bien avoir rendez-vous avec la mort ce mercredi soir. Sauront-ils soutenir son regard ?

Dans cet article :
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Par Markus Kaufmann

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