- Ligue des champions
- 2e journée
- Gr.D
- Juventus/FC Séville
La Juve a déjà vu pire
En crise après un début de championnat complètement manqué, la Juventus a toutefois de solides motifs d'espoir pour la suite de la saison, entre retours de blessures et recrues qui vont doucement s'intégrer. La Juve ne peut que mieux faire, et son expérience, faite de déboires bien plus sombres, lui sera certainement utile. L'optimisme est de mise.
Le passage au lycée, les nouveaux habits, cette horrible recrudescence de la crise d’ado et la scolarité qui bat de l’aile. Voilà ce qu’inspire le début de saison de la Juventus. Les quatre dernières années au collège ont pourtant toutes été saluées par d’unanimes félicitations. Mis à part l’examen final d’espagnol, tout a réussi au petit Bianconero. Mais les vacances ont été agitées. Il s’est d’abord séparé de ce vieillissant mais toujours aussi classe stylo à encre Pirlo qui traçait encore de parfaites courbes. Puis son correspondant allemand lui a présenté une offre impossible à refuser pour sa paire de ciseaux Vidal et son stylo bleu Coman dont il ne se servait que rarement. Enfin, il s’est résolu à rendre son marqueur Tévez à son propriétaire originel. Beaucoup de chamboulements dans la trousse du petit Bianconero. Trop même. Car malgré les importants investissements consentis par ses parents, il a du mal à s’acclimater à son nouvel environnement. Ce lycée où les réputations sont à refaire. Où cet ancien cancre interista s’affirme comme un meneur. Mais l’intelligence ne disparaît pas en un été. D’ailleurs, le petit Bianconero a déjà connu plus de difficultés à l’école primaire. Et il peut toujours compter sur les cours de langue pour se remettre dans le bain.
La Ligue des champions comme échappatoire
Car si la Juventus a eu jusqu’ici bien du mal à gérer les affaires courantes en Serie A, a contrario, elle a livré sa meilleure copie en classe Euro. Précisément du côté de Manchester City, alors leader invaincu de Premier League, où les Bianconeri ont retrouvé le temps d’un soir leur cynisme de la saison passée. Avec une victoire 2-1 à la clé. Un examen réussi en terres britanniques qui sonnait alors comme le véritable point de départ de la saison bianconera. Raté. Après un succès laborieux sur la pelouse du Genoa, le Zèbre s’est à nouveau pris les pieds dans le tapis. Alors rebelote ce mercredi soir contre Séville, pour cette fois mettre définitivement la machine en route ? Peut-être. Cet intermède européen intervient même au meilleur moment possible pour oublier la morosité née du début de championnat manqué. Et puis Séville ne fait pas non plus figure d’élève en pleine réussite, puisque les Andalous n’ont empoché que ce week-end leur première victoire de la saison en Liga. Double enjeu donc : la tête du groupe et la confiance avant de retrouver le championnat.
Le temps comme meilleur remède
Une Serie A où la Juve ne pointe donc qu’à la quinzième place après six journées. Ce qui a fait dire à Gianluigi Buffon, interrogé par Premium Sport, que l’objectif Scudetto est pour le moment mis de côté : « Parler du titre en ce moment serait hors de propos. Ce serait présomptueux et superficiel. Cela voudrait dire que nous n’avons pas conscience du moment que nous vivons. Nous devons retrousser nos manches et nous salir les mains. On regardera le classement d’ici quelques mois » , a ainsi confié avec humilité le capitaine bianconero. De sages paroles qui font autant office de tableau de marche à suivre pour les mois à venir, que de constat de la situation actuelle. Oui, la Juve n’est pas actuellement, à l’instant T, en mesure de jouer le Scudetto. Mais nous ne sommes qu’à la sixième journée du championnat. Ce qui lui laisse largement le temps de revenir se mêler à la course au titre dans quelques mois. Les nombreux retours de blessures à venir (Marchisio, Asamoah, Khedira, Mandžukić), ainsi que l’intégration progressive des recrues s’affirmant comme de solides motifs d’espoir. De même, il est difficile de croire que Paul Pogba puisse évoluer à ce médiocre niveau toute la saison. En fait, sur la presque intégralité des matières, le petit Bianconero ne peut que faire mieux que ce qu’il a fait jusqu’ici. Un élève avec une moyenne de départ si basse, qu’il ne peut que s’améliorer en faisant preuve de bonne volonté.
Un nouveau défi
Surtout, la Vieille Dame a déjà vu pire, depuis son retour en Serie A en 2007. Ces deux septièmes places en 2010 et 2011 que personne n’a oubliées du côté de Turin. À l’époque, les bases d’une formation gagnante n’étaient pas encore posées. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Car ce début de championnat manqué ne peut décemment remettre en cause quatre années de domination quasiment incontestée. La phase de transition est certes réelle et visiblement plus compliquée que prévue, mais elle ne doit pas pour autant être surévaluée. D’autant plus qu’avec des finances au beau fixe, la Juve a le temps de voir venir. Sûrement même a-t-elle déjà vu en avance. Les Milan 2007 et Inter 2010 post-victoires en Ligue des champions, n’avaient, eux, pas osé le coup de frais. Avec le résultat que l’on connaît : un lent dépérissement. La Juve a, elle, pris les devants. Et c’est Gigi Buffon qui trouve encore les bons mots : « C’est le défi le plus difficile depuis 2010. Mais nous vivons et je vis de défis continuels : plus durs ils sont, et plus grande sera la joie en cas de réussite. […] L’histoire de la Juve est une histoire de victoires. La Juve a gagné sans Buffon, sans Vidal, sans Conte, sans Pirlo, et elle continuera à le faire. » Car le petit Bianconero restera quoi qu’il arrive un élève doté d’une intelligence au-dessus de la moyenne.
Par Eric Marinelli