- Euro 2016
- Gr. F
- Autriche-Hongrie (0-2)
La Hongrie contre-attaque
Bien que supérieure techniquement, l’Autriche s’est heurtée au réalisme hongrois en plus d’être plombée par un Turpin au rouge léger. Normal.
Autriche 0-2 Hongrie
Buts : Szalai (61e) et Stieber (84e) pour les Hongrois
Il y a d’abord les blagues, liées à l’Empire, forcément. Il y a ensuite le dédain, lié à l’affiche, évidemment. Car voir s’affronter Autriche et Hongrie lors d’un Euro qui nous a laissé pour dernier moment une démonstration de solidité italienne pourrait relever à la fois de la blague et de l’ennui. Deux adjectifs qui ne conviennent pas à David Alaba. D’une frappe sèche et vicieuse, le défenseur munichois placé au milieu de terrain vient réveiller un Matmut éparpillé façon Bordeaux-Guingamp. Sous le kop magyar, les 40 années de Kyraly se détendent dans la douleur, mais le bruit entendu n’est pas celui d’une articulation. Le poteau résonne, le ballon ressort, le tableau d’affichage à peine activé peut souffler. Il n’empêche que cette affiche qui n’aurait de prime abord même pas excité Jean-Luc Lahaye est lancée.
Turpin noir
Surtout, la rencontre est l’occasion de saluer l’une des stars du championnat de France. Le cheveu bien coupé, le short bien ajusté sur le postérieur, Clément Turpin est prêt à dégainer du sifflet. Mais il faut croire que le petit homme a reçu des consignes de l’UEFA. Dans un premier quart d’heure marqué par les coups et les tacles en retard, Clem’ reste de marbre. Tout au plus arrête-t-il le jeu pour permettre à Junuzović, touché et ensuite heurté par le ballon alors qu’il était au sol, de se faire soigner. Mais la liberté octroyée par l’homme en noir a le mérite de laisser libre cours à l’imagination de deux équipes. Arnautović et Alaba combinent bien pour mettre en danger Kyraly (10e), suivis de Junuzović, dont la reprise oblige le vieux portier à montrer qu’à cet âge, certaines choses, dont les mains, restent fermes. En réponse, Dzsudzsák, d’un tir croisé, et Harnik, esseulé au second poteau, manquent de donner un avantage à des Hongrois bien en place, mais peu percutants aux avant-postes. Et si l’Autriche dispose de talents bien supérieurs (Alaba, Fuchs et un très bon Arnautović), les Hongrois s’en sortent sans trop de heurts. Des heurts qu’aujourd’hui, seul Clément Turpin pouvait causer.
La Hongrie se détache
Bien entrée dans sa seconde période, l’Autriche ne va en effet pas sentir le vent tourner. Tournant pendant près de quinze minutes autour des cages hongroises, l’équipe de Marcel Koller se fâche tout rouge. Un énervement vain, puisque Janko, placé à la pointe de l’attaque, décide de ne pas couper un bon centre. Le contre hongrois peut se mettre en place. Une première alerte donnée par Dzsudzsák des 25 mètres et la seconde se fait fatale. Le remuant et néanmoins excellent Kleinheiser joue le une-deux avec Szalai (malekoum), ce dernier grillant ensuite la politesse au portier autrichien. Fumis en tribune, chants virils, la Hongrie est bien devant. Et si l’Autriche nourrit encore quelques espoirs étant donné sa supériorité technique, Clément Turpin se charge d’éteindre l’étincelle. Averti en première mi-temps pour un duel limite, Dragović tombe cette fois-ci pour un tacle mal maîtrisé dans la surface adverse. Faute bien réelle, sanction ridicule, et le central autrichien doit abandonner les siens à un triste sort. Un sort fait d’attaques désordonnées, repoussées, et de contres hongrois, qui trouvent un dénouement heureux à la 86e, lorsque l’entrant Stieber profite d’un boulevard pour s’en aller tromper Almer. Autriche-Hongrie, ce n’était donc pas si mal. Même avec un Turpin qui empire.
Par Raphaël Gaftarnik, à Bordeaux