- CAN 2015
- 1re journée
- Gr. D
- Côte d'Ivoire/Guinée (1-1)
La Guinée tient tête à la Côte d’Ivoire
Le statut de poids lourd a trop pesé sur les épaules des Éléphants, incapables de se défaire de Guinéens buteurs sur la première occasion. Ils ont certes évité le pire grâce à Doumbia, entré en jeu, mais ont perdu Gervinho, expulsé pour une belle tarte.
S. Doumbia (73′) pour Côte d’Ivoire , M. Yattara (37′) pour Guinée.
Ce Côte d’Ivoire-Guinée, c’était beaucoup de choses. Une opposition d’entraîneurs français entre la belle gueule d’Hervé Renard et le regard inquiétant de Michel Dussuyer. Des mecs évoluant en Premier League, avec Yaya Touré, meilleur joueur de Manchester City en fer de lance, contre des remplaçants de Ligue 2, ou à la rigueur de Ligue 1, comme Florentin Pogba, forcément moins fort que son frère. Une opposition donc déséquilibrée sur le papier. Les aléas de la CAN : un ballon dégonflé, qu’il faut donc changer, le flux qu’on perd, laissant place à des images des tribunes, laissant penser qu’on a zappé sur TV5 Monde. Et puis il y a eu la réalité du terrain : un David vaillant, buteur sur sa première occasion, un Goliath à réaction, qui a attendu d’être à 10 pour se réveiller, Gervinho étant devenu fou. Un remplaçant décisif en la personne de Doumbia, que tout le monde réclamait. Et à la fin, un goût d’inachevé de part et d’autre. En somme, beaucoup de choses symboliques, pas grand-chose en vrai, parce qu’on s’est quand même pas mal ennuyé. La Côte d’Ivoire a évité le pire, mais devra faire bien mieux pour espérer plus.
La première est la bonne
Autant dire qu’on n’a pas vu beaucoup de football. S’il faut vraiment en parler, disons que la Guinée, victime annoncée, était loin d’être ridicule. En début de match, les Ivoiriens, malgré leur supériorité évidente sur le papier, semble timides, empruntés, peu en confiance. Yaya Touré ne touche que peu de ballon, et le jeu manque de fluidité, notamment à cause d’un terrain glissant parce que copieusement arrosé. Dans ces conditions, c’est d’un contre que naîit la première occasion du match : Gervinho mange l’espace et sert Bony, dont la frappe est contrée. Gervais tente ensuite sa chance, mais c’est dévié sur la barre par Yattara, le portier guinéen. Cette première a le mérite de booster le moral des Éléphants, qui aimeraient bien y aller une deuxième fois, souvent la bonne. Gervais essaye donc de nouveau de briser les réticences guinéennes. À chaque fois, il parvient à se montrer dangereux, sans jamais parvenir à conclure. Tout l’inverse de Mohamed Yattara. Le Lyonnais, qu’on n’avait pas vu depuis le début de la rencontre, profite d’une action confuse et d’une grosse erreur défensive dans la surface ivoirienne pour mettre une mine sous la barre. Tel est pris qui croyait prendre, en quelque sorte. Du coup, plus personne n’est dangereux, et on s’ennuie ferme.
Un peu d’animation, peu d’action
Alors Wilfried Bony décide de rappeler brièvement pourquoi Manchester City vient de claquer autant d’argent sur sa pomme : un enchaînement contrôle de la poitrine-frappe, une tête sur corner, un peu de présence devant. Son nouveau coéquipier, Yaya Touré, se rappelle quant à lui comment tirer un coup de pied de coin, ce qui précise un peu plus la domination ivoirienne. Mais ce n’est toujours pas assez. Vous savez, un éléphant, ça trompe énormément. Gervinho perd alors ses nerfs. Le Romain se fait marcher sur le pied, balance une claque, se fait expulser, devient fou. Il se jette à terre, cherche à se venger, pleure. Un vrai moment d’égarement, qui n’est pas sans rappeler un certain Zidane/Materazzi.
La folie continue, lorsque Traoré passe tout près de justifier son surnom de Messi de Conakry d’une frappe lointaine en déséquilibre qui finit sur la transversale. Dos au mur, Hervé Renard et sa chemise envoient Doumbia à la place de Kalou, et Tiéné remplace Serey Die. Changement gagnant : Bony contrôle superbement de la poitrine et sert Doumbia, qui aligne tranquillement Yattara, jusqu’à présent costaud dans les bois. Les Éléphants ne veulent plus mourir, et se ruent à l’attaque. Aurier et Tiéné amènent enfin des centres, toujours bien quand on a des joueurs de tête aussi forts devant. Pourtant, Renard a beau donner de la voix, les siens ne trouvent pas la voie. La Guinée se procure même les occasions les plus dangereuses en contre. Alors Hervé fait sensation et sort Yaya, pour Doujouré, pour les cinq dernières minutes. Sans grande conséquence : plus rien ne bougera. Les Éléphants ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes.
Par Charles Alf Lafon