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La guérilla urbaine
Ce dimanche soir, 500 supporters parisiens devaient remplir le parcage visiteurs du Vélodrome. Mais le déplacement a finalement été interdit par la préfecture des Bouches-du-Rhône, faute de policiers suffisants. C'était pourtant un déplacement très attendu par les supporters de la capitale quelques mois après le retour de la ferveur en tribune à travers le Collectif Ultras Paris. La dernière fois que des ultras parisiens ont débarqué à Marseille avant le plan Leproux, c'était en 2009 et le match n’a pas eu lieu sur le terrain du fait de la menace de grippe aviaire. Mais les pierres et les couteaux ont volé dans les rues de la cité phocéenne.
C’est un corps qui vole sur une dizaine de mètres. Ce dimanche 25 octobre 2009, il est 16h38 sur le boulevard d’Athènes, l’artère de Marseille qui se dresse devant la gare Saint-Charles, lorsqu’une voiture accélère, puis percute un homme de plein fouet. « Putain, il est mort » , s’écrit un témoin comme le rapporte le lendemain La Provence. Par miracle, la victime s’en tirera avec une simple fracture du tibia. Il s’appelle Thomas et faisait partie des 600 supporters parisiens débarqués à Marseille pour OM – PSG. Avant d’être pris en charge par les secours, Thomas va même se faire « voler et frapper avec toutes sortes d’armes pendant que j’étais à terre, inconscient. Si j’avais été mort, le résultat aurait été le même » , relate-t-il quelques semaines plus tard, dans un entretien pour le site LMDPSG. Tout ça pour un match de football… qui n’aura pas lieu.
Grippe aviaire et match annulé en dernière minute
L’annonce tombe dans un communiqué de la LFP, après 14h : match annulé pour prévenir tout risque de contagion de la grippe aviaire. En fin de matinée, on apprenait que le milieu parisien Jérémy Clément était porteur du virus H1N1. Dès la veille, il était confirmé que Ludovic Giuly et Mamadou Sakho avaient contracté le virus. RMC Sport avance même que Loris Arnaud, Mevlüt Erdinç, Grégory Bourillon et le préparateur physique Raphaël Fèvre « présentent également des symptômes grippaux » . Pourtant, il aura donc fallu attendre le début d’après-midi, à quelques heures du coup d’envoi, pour que Frédéric Thiriez prenne sa décision. Au plus mauvais moment. Les supporters parisiens sont en passe d’arriver à destination, la suite c’est une guérilla avec la population locale.
L’affiche est classée à haut risque, pourtant seulement 650 membres des forces de l’ordre sont mobilisés. Et les cars parisiens débarquent à la gare Saint-Charles, à deux pas du centre-ville, sans la moindre escorte policière. Très vite, l’effet de foule fait son effet : les chants anti-marseillais gagnent en intensité, certains se cagoulent avec leur écharpe en s’armant de ce qui leur tombe sous la main. Un cortège d’environ 200 Parisiens prend la direction du Vieux-Port. Tout sauf une bonne idée. Des Marseillais convergent en masse de toute la ville. Bientôt, c’est une bataille rangée avec des poubelles comme barricades improvisées. Il y a cette photo publiée le lendemain dans L’Équipe. Un homme de dos en train de lancer un couteau de combat vers un groupe de Parisiens à l’autre bout du carrefour, où un blessé est allongé sur le dos. En tout, il y aura une dizaine de blessés pour autant d’interpellations. Le report du match si tardif était-il une folie ? La Ligue n’aurait-elle pas dû prendre pareille décision la veille ? « On aurait crié au complot.(…)L’apparition de nouveaux cas(dimanche matin)dans l’effectif et dans le staff a conduit les experts à conseiller à la Ligue de reporter le match » , se justifie alors Frédéric Thiriez.
Des enjoliveurs, poêles et même des télévisions…
Finalement, les affrontements se terminent en début de soirée et le calme revient au milieu des vitres brisées et des projectiles de toutes sortes sur la chaussée – des enjoliveurs, poêles et même des télévisions… Un TGV spécialement affrété ramène les supporters visiteurs dans la capitale. Des Parisiens qui reviendront tous en train pour le match reporté un mois plus tard. Victoire de l’OM 1-0 sur un coup de tête de Gabriel Heinze. Au match retour, les autorités prendront des mesures de sécurité particulièrement fermes, trop répressives pour les Marseillais qui boycotteront le déplacement. Mais ce jour-là, la violence n’avait pas besoin d’eux, puisque Yann Lorence sera tabassé à mort aux abords du Parc sur fond de règlements de compte entre Auteuil et Boulogne.
Par Florian Lefèvre
Sources : So Foot #70, France Inter, La Provence et L'Équipe