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La Grande Vadrouille du championnat belge
À une période où certains championnats connaissent déjà leur champion, le championnat belge ne commence, lui, réellement que ce week-end. Après 30 journées pour rien suite à la division des points par deux, ils sont six acteurs à pouvoir encore prétendre au titre, pendant que le reste cherchera à s’occuper tranquillement. Entre playoff 1, playoff 2 et playoff 3, la Belgique va encore bien s’éclater au printemps.
Standard : Augustin Bouvet (Bourvil)
Gentil, mais un brin naïf, fort, mais sans doute un peu trop tôt, le Standard de Liège est en tête depuis la première journée de championnat, mais semble irrémédiablement parti pour s’essouffler au plus mauvais moment. Des dernières performances en demi-teinte, un entraîneur qui intrigue, mais prolonge quand même pour deux ans et un duo d’attaque extrêmement doué, mais peut-être encore un peu fragile, font du Standard le faux favori par excellence. Celui qui, moyennant quelques circonstances favorables et une victoire ce dimanche contre Anderlecht, pourrait encore tout écraser sur son passage, celui aussi qui pourrait voir le travail de toute une saison partir rapidement en fumée en cas de départ raté. Bref, la seule équipe d’Europe qui, après avoir dominé de la tête et des épaules son championnat, pourrait encore repartir la queue entre les jambes d’ici quelques semaines, et sans chaussures…
Bruges : Stanislas Lefort (Louis de Funès)
Bruges, c’est typiquement le petit Louis De Funès, surexcité et qui va attirer toute l’attention des médias pendant la suite des événements. Bourré de talent, l’effectif du Club de Bruges est en plus pléthorique, ce qui lui donne une force et une énergie folles. Rien qu’en attaque, Michel Preud’homme, qui évolue en 4-3-3, peut compter sur trois avants-centres de qualité (le grand De Sutter, le prometteur Castillo et ce bon vieux Eidur Gudjojnsen). Un peu brouillons pendant la saison classique, les Brugeois semblent désormais être les mieux armés pour exploser littéralement durant les playoffs. Il suffit pour s’en convaincre de voir les derniers résultats des Blauw en Zwart : un match nul, six victoires (notamment contre le Standard et Genk) et seulement 6 buts encaissés. Mais au-delà des chiffres et grâce à Preud’homme, c’est mentalement que les Brugeois semblent enfin aptes à s’emparer du tout premier rôle dès le début de ce vrai championnat belge.
Anderlecht : La mère supérieure (Mary Marquet)
Une absence (très) longue, mais un caractère et une histoire qui font qu’on le craint. La saison catastrophique qu’est en train de traverser le Sporting Bruxellois est une ode à l’absentéisme coupable d’une équipe largement capable de mieux, mais incapable de faire preuve d’un tant soit peu de régularité. De motivation peut-être. Jamais vraiment concerné par l’enjeu, Anderlecht, c’est aussi l’équipe qui semble (enfin) avoir compris qu’il était sans doute préférable de se cacher tout l’hiver pour surgir une fois les playoffs arrivés. Reste à savoir si licencier son entraîneur à une semaine du début des hostilités est une riche idée ou un ultime moyen de conforter les Bruxellois dans leur rôle d’intermittent en manque de confiance. Pas grave, même avec neuf défaites concédées en 30 matchs et un fonds de jeu minable, Anderlecht garde cette autorité naturelle de l’équipe capable de tout faire exploser sur un coup de dé. Diront-ils 33 ?
Zulte Waregem : Sœur Marie Odile (André Parisy)
Après une merveilleuse saison clôturée à la 2e place l’an passé, le Essevee a poursuivi sur sa lancée avec un exercice tout aussi acceptable. Thorgan Hazard and co se sont ainsi qualifiés sans trop d’encombre pour les playoffs en terminant à la 4e place. Quelques bons résultats contre les favoris par-ci (victoires contre le Standard et Anderlecht) quelques flops par-là (défaite 5-2 à Genk et 2-0 au Standard), Zulte, c’est la sœur séduisante et courageuse qui aide les grands à s’enfuir, mais qui monte dans l’avion au bon moment pour faire partie de la fête. Moins forts que les trois ‘Grands’, les hommes du très bon Francky Dury auront donc 10 matchs de plaisir, avec néanmoins l’objectif de garder son honneur en évitant la 6e place, celle du diable.
Lokeren : Le pêcheur (Paul Préboist)
Souvent présent, jamais gagnant. Lokeren, c’est Peter Maes, Kilian Overmeire et Roger Lambrecht. Un club à l’image de ses représentants : stable, mais sans réels éclats. En championnat du moins. Déjà assurés d’un ticket européen grâce à son succès acquis en Coupe de Belgique samedi dernier, les Waeslandiens aborderont avec encore moins de pression qu’à l’accoutumée l’ultime rendez-vous d’une saison déjà réussie. Pépère et sans stress, clope au bec et les pieds dans l’eau, comme souvent, Lokeren ne flambera pas, mais fera le taf. Tout en patience et en retenue, la bande à Harbaoui attendra le bon moment pour s’offrir son cador. Parce que le plaisir est dans l’attente et le talent dans le pré du Daknam, il faudra, c’est certain, compter avec l’arbitre de ces playoffs.
Genk : Le soldat qui louche (Michel Modo)
Le talent de Michel Modo conjugué à l’inefficacité du soldat allemand attelé à sa mitraillette. Genk, c’est un club qui joue généralement bien, avec des joueurs de qualité dans chaque zone, mais qui est vachement à côté de la plaque depuis quelques semaines. 2e à la moitié de la phase classique avec 2 points de retard sur le Standard, les Limbourgeois en ont accumulé 22 au final. Même divisée en deux, cette distance reste bien entendu impossible à combler, surtout que Genk ne va pas spécialement mieux depuis le remplacement de Mario Been par Emilio Ferrera, fin février. Qualifiés pour les PO1 à la grâce d’un minuscule point d’avance sur Gand, les Limbourgeois vont devoir prouver qu’ils méritent leur grade.
Les PO2…
Franchement, c’est nul. Cette « compétition » reprend toutes les équipes qui ont fini dans le panier à crabes de la D1, du 7e au 14e. Autant dire qu’elles sont déjà en vacances. L’enjeu (quand même) ? Une lamentable place au 2e tour de qualification de l’Europa League. Comment y arriver ? En terminant 1er de son groupe de 4, en battant ensuite le vainqueur de l’autre groupe puis en se débarrassant du 4e ou du 5e des PO1 (suivant la place de Lokeren, déjà assuré d’une place européenne vu sa victoire en Coupe de Belgique). Gand est favori, Charleroi fait semblant d’y croire, les autres s’en tapent.
Là-bas, tout au fond
Là aussi, tout le monde ou presque s’en fout, mais ce qui est sûr, c’est que tout le monde s’en offusque. Bon dernier du championnat, le RAEC Mons n’est pas encore certain de végéter en Division 2 l’année prochaine. Une anomalie unique que les Montois doivent au merveilleux système des playoffs 3. Et parce que les choses sont parfois drôlement bien faites, Mons retrouvera à 5 reprises OHL (15e de la phase classique), une équipe contre laquelle ils ont en plus eu la chance de terminer la saison. Six matchs de suite entre les deux pires formations de la Pro League, elle est là la vraie folie des playoffs à la belge.
Par Émilien Hofman et Martin Grimberghs