- Premier League
- J8
- Liverpool-Manchester United (0-0)
La grande muraille d’Angleterre
Impressionnants dans les chiffres en ce début de saison, les Red Devils se sont fait tout petits ce samedi après-midi à Anfield. Mourinho avait maçonné sa défense pour ne pas perdre, et il n'a pas perdu. Grâce à une grosse défense, qui peut aussi compter sur les arrêts de son gardien le peu de fois où elle fléchit.
Dominés pendant toute la rencontre, les Mancuniens de José Mourinho ont eu ce qu’ils voulaient, ou en tout cas ce que leur coach leur avait demandé : un match fermé, sans grand danger pour David de Gea. Si les hommes de Klopp ont bousculé United, les occasions franches se comptent facilement : une de chaque côté. Avec un peu plus de précision de la part de Lukaku en fin de première mi-temps, on aurait même pu assister au hold-up parfait : un tir cadré, un but. Dans l’autre camp, Liverpool aura donc tout essayé pour faire plier la défense de Manchester, mais rien n’y fait : ce mur fait de briques larges et solides est décidément difficile à franchir en ce début de saison.
Le mur à clean sheets
Lors de sa victoire en Ligue des champions avec l’Inter, Mourinho avait subi les critiques à propos de son jeu défensif pendant toute l’année, sans broncher. Ce qui lui importait, c’était le titre. Cette saison, le Portugais part sur des bases similaires avec ses Diables rouges. En huit rencontres, Manchester United a signé sept clean sheets. Dingue. Avec David de Gea en Lord Commander de la Garde de Nuit, pour se prendre les coups quand les autres ne sont plus là, le mur qui protège les cages mancuniennes est quasi infranchissable. Sans Éric Bailly, et en se permettant toujours de laisser Victor Lindelöf, transféré pour 35 millions cet été, sur le banc, l’équipe de Mourinho fait des merveilles avec une défense qui a pourtant souvent été critiquée par le passé.
La paire centrale Jones et Smalling a souvent été qualifiée de faible à ses débuts, lorsque Jones était arrivé comme le défenseur le plus prometteur d’Angleterre il y a de cela déjà plusieurs années. Les mauvaises saisons du côté d’Old Trafford ont coïncidé avec le départ d’Alex Ferguson, mais aussi ceux de Ferdinand puis Vidić, les deux rocs de l’époque glorieuse de United. Smalling, qui reste il est vrai sur une bonne saison, a lui aussi l’habitude de voir son nom à côté des critiques d’après-match. Les millions ont coulé pour bétonner cette défense fragile et pourtant, cet après-midi, c’étaient bien Phil Jones et Chris Smalling, les vieux briscards de United, qui étaient titulaires.
Et le duo n’a que peu faibli cet après-midi sur la pelouse d’Anfield, laissant à David de Gea le soin de sortir la seule occasion vraiment dangereuse de Liverpool, venue des pieds de Joel Matip, qui reprenait un centre de Firmino. Le reste du temps, les Reds ont essayé, mais ont à chaque fois buté sur cette défense mancunienne ou leur gardien, sans trop les inquiéter. Toute la rencontre, on a senti qu’on était presque aussi proche d’un but de raccroc des Mancuniens que d’un caramel venu des pieds de Coutinho, l’homme le plus en vue du côté de Liverpool.
La défense, la meilleure attaque ?
Ceux qui espéraient voir de l’action du côté de Manchester United, l’équipe qui marque quasiment quatre buts par semaine depuis le début, en oubliaient l’essentiel : sur le banc, il y a Mourinho. Et pour son premier test face à un grand, le Special One a sans doute voulu rappeler ses fondamentaux : la défense. Un titre se joue sur les buts que l’on marque, mais aussi ceux que l’on ne prend pas. Et à ce jeu-là, Manchester aura joué comme il le fallait aujourd’hui. Un bloc regroupé, qui n’a pas passé la ligne médiane pendant de longues minutes, laissant le seul Lukaku devant.
L’attaquant belge aura été le moins actif de l’équipe et c’est normal : la défense était la priorité. Mis à part l’occasion manquée, ses faits les plus remarqués auront été des semelles laissées par-ci par-là sur les jambes ou les têtes de ses adversaires du jour. Même Valencia, piston habituel du flanc droit, ne sera pas beaucoup monté dire bonjour à Alberto Moreno sur la pelouse d’Anfield, preuve que les consignes étaient différentes en ce samedi de choc. Sans parler de Darmian, son homologue sur le flanc gauche, qui aura tenté une frappe sur corner en début de partie, avant d’être trop occupé à baby-sitter Mo Salah pour oser sortir le nez à la fenêtre de la ligne médiane.
Si jusqu’ici, United n’avait pas pris de but, c’était aussi et surtout parce que ses adversaires étaient plus faibles. Ce samedi, c’est le résultat d’une bonne défense, qui aura encaissé les coups sans broncher. Un bon sparring partner pour Liverpool, qui doit encore préciser sa finition pour un jour espérer transpercer un mur pareil.
Par Arthur Lejeune