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La grande lessive bordelaise
Fini de ronronner, à Bordeaux. Avec dix recrues, dont six titulaires, et 18 départs, les Girondins ont vécu un été beaucoup plus mouvementé qu'à l'accoutumée. Cela méritait bien une petite revue d'effectif.
Ce vendredi 1er septembre, les Girondins de Bordeaux présentaient Nicolas de Préville et Matheus Pereira, leurs neuvième et dixième recrues d’un mercato qui n’a rien eu à envier aux plus belles sagas estivales. Car dans le même temps, ce sont dix-huit joueurs qui ont plié bagages. Cette grande lessive opérée en quelques semaines par les Girondins porte avant tout la marque de son nouvel organigramme. En un an, le club s’est doté d’un nouvel entraîneur, Jocelyn Gourvennec, d’un directeur sportif, Ulrich Ramé, et depuis mars, d’un nouveau président, Stéphane Martin. Fini la gestion « en bon père de famille » de Jean-Louis Triaud, avec ces joueurs de retour de blessure annoncés comme des recrues, ses prolongations de contrats de joueurs moyens et ses 31 août passés à pêcher au Cap Ferret.
Relance améliorée, milieu de terrain costaud et de Préville sur le podium
À la suite d’une première saison d’observation qui l’a d’abord vu tâtonner, avant de terminer à une honorable sixième place, Jocelyn Gourvennec a bien cerné les manques de son effectif. À commencer par ses problèmes de relance, un secteur indispensable à son projet de jeu. Cédric Carrasso, en fin de contrat, paye donc ses défaillances dans les sorties et le jeu au pied, et est remplacé par Benoît Costil, plus performant dans ces domaines. Idem pour Nicolas Pallois, remplacé par Jérémy Toulalan, descendu d’un cran. Et si le début de saison de l’ancien international n’est pas brillant, Gourvennec assume : « Jérémy n’est pas un défenseur de métier, mais je sais que, sur la durée, ce sera un choix payant » , déclarait le Breton sur RMC.
Dans le rôle de pointe basse du milieu bordelais, la Toule est suppléée par le Brésilien Otávio, débarqué de l’Atlético Paranaense pour 5 millions d’euros. Le sosie approximatif d’Ice Cube s’est déjà comporté en patron, lors de sa première sortie, face à Troyes, et semble être une bonne pioche. Mais la vraie belle trouvaille du mercato bordelais se trouve un cran plus haut. En cinq titularisations, Lukas Lerager, le néo-international danois, s’est déjà imposé comme un élément indispensable des Girondins. Et ce n’est pas un hasard si l’unique défaite bordelaise cette saison, à Videoton, s’est déroulée lors de sa seule absence. « Il n’a que 24 ans, mais il est très mature, très intelligent, assure Gourvennec.Il peut jouer à tous les postes, s’adapte en permanence, a une très bonne lecture du jeu, est très bon dans la récupération et joue simple. »
Associées à Younousse Sankharé, 5 buts en 6 matchs depuis le début de la saison, les deux recrues du milieu de terrain forment un entrejeu qui aura peu d’équivalents cette saison en Ligue 1. Ce qui annonce une saison très longue pour Valentin Vada, à propos duquel Toulouse s’est renseigné. Enfin, Bordeaux a posé près de 10 millions sur la table pour attirer Nicolas de Préville, qui monte directement sur le podium des recrues les plus onéreuses de l’histoire du club, derrière Yoann Gourcuff et Christian.
Triumvirat, fiasco hongrois et gauche pathé
Ces découvertes estivales ne ressemblent pas à de simples flirts dont septembre sonnera le glas. À l’aise dans son chino, Stéphane Martin s’est d’abord avancé un peu trop confiant sur le dancefloor du mercato, distribuant son 06 à quelques créatures de rêve qui ont bien failli succomber, telles que Javi García, Nampalys Mendy ou Luuk de Jong. En vain. Pas résigné pour autant, il a attendu le bon moment pour passer à l’action et attirer ses cibles. Mieux, le triumvirat Stéphane, Jocelyn et Ulrich s’est, en plus, permis de placer quelques râteaux mémorables, comme à ces Allemands prêts à poser 50 millions sur le comptoir pour s’attacher les services de Malcom.
Ou bien ces Niçois, dont l’offre pour Laborde et ses six buts en Ligue 1 serait montée jusqu’à dix millions d’euros. Ajouté à Youssouf Sabaly et Vukašin Jovanović, déjà prêtés au club la saison dernière, mais définitivement transférés cet été, tout ce petit monde porte à six le nombre de recrues présentes dans l’équipe type des Girondins. Peut-être même sept, si le Brésilien Cafu parvient à déloger François Kamano de l’aile gauche. Et au vu du début de saison, chacun apporte une plus-value par rapport à la formation de la saison passée.
Alors, tout va bien dans le meilleur des mondes à Bordeaux ? Évidemment que non. Car deux taches incrustées dans le tissu girondin ont résisté au lavage. D’abord, il y a cette élimination prématurée de la Ligue Europa, subie chez les Hongrois de Videoton, qui gâche en partie une saison à peine entamée. Ensuite, il y a ce fameux poste d’arrière gauche. Désigné comme un chantier prioritaire dès le début du mercato, le poste n’a finalement pas été renforcé, faute de départs. C’est donc le brave Théo Pellenard qui s’y colle pour l’instant, tandis que Maxime Poundjé et Diego Contento profitent de la qualité de vie girondine. À l’heure où les sénateurs parisiens et monégasques creusent un écart abyssal entre eux et la plèbe, les Girondins font le pari d’être parmi les moins largués du troupeau. Et faute de moyens conséquents, leur salut passe par leur capacité à se montrer malin. Cela tombe bien, ils le sont.
Par Mathias Edwards