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La gauche contrariée
À quelques mois de la Coupe du monde, si tant est que la France parvienne bel et bien à se qualifier, le poste d’arrière gauche est toujours autant un casse-tête. Revue d’options, plus bancales les unes que les autres.
Benjamin Mendy
Benjamin Mendy souffre d’une rupture du ligament croisé antérieur du genou droit, et pourrait bien manquer le Mondial. Bien embêtant car il est la preuve numéro un que le poste d’arrière gauche est victime d’une incroyable pénurie en France depuis maintenant plusieurs années : Benjamin Mendy est la référence du poste sans aucune contestation possible. Alors, ok, c’est le défenseur le plus cher du monde, il sort d’une saison exceptionnelle avec l’AS Monaco où sa puissance, son activité incessante et ses nombreux centres lui ont conféré un tout nouveau statut. Mais il n’empêche que le joueur de Manchester City n’a que quatre sélections au compteur. Et mettre tous ses espoirs sur les épaules d’un mec aux 268 minutes de jeu avec l’équipe de France, c’est symptomatique de quelque chose.
Layvin Kurzawa
Également blessé – beaucoup moins gravement, il s’agit d’une entorse au genou gauche –, l’absence de Layvin Kurzawa n’émeut pas autant les supporters de l’équipe de France. Car le Parisien réussit l’exploit d’être le seul à être décrié dans des équipes qui font aujourd’hui l’unanimité. Titulaire au PSG, rouleau compresseur de la Ligue 1 et sérieux candidat à la Ligue des champions, et nouveau numéro un dans la hiérarchie d’une des sélections les plus ambitieuses pour le Mondial, l’ancien Monégasque agace. Moqué, notamment pour son 0% de réussite au centre face au Luxembourg, ses oublis défensifs et ses choix discutables sont souvent la cible des critiques. S’il semble avoir le talent nécessaire et l’équipe adéquate pour progresser et arriver au top au Mondial, il a quand même eu la bonne idée de se retrouver impliqué dans une histoire de chantage à la vidéo où il crache sur Didier Deschamps. Génie tactique.
Lucas Digne
Il a la même tête qu’un gosse timide de 13 ans, mais il va falloir arrêter de se moquer, car ce devrait être lui le titulaire pour les deux derniers matchs de la campagne de qualification, au vu des blessures. Grand espoir de la génération 93, le Barcelonais peine à confirmer depuis son éclosion prometteuse à Lille. « C’est la chance qu’il attend depuis longtemps, Il est 100 % prêt, et il sait que s’il fait un bon match, c’est tout bénef’ pour lui » , confie Mikkel Beck, son conseiller, à l’approche de l’un des premiers vrais matchs à enjeu pour Digne avec les Bleus.
Jordan Amavi
Oui, l’Olympique de Marseille est bel et bien le club le plus représenté en équipe de France. Après les sélections de Florian Thauvin, Dimitri Payet, Steve Mandanda, et le rappel d’Adil Rami à la suite de la blessure de Laurent Koscielny, c’est Jordan Amavi qui vient garnir les rangs des Bleus pour pallier celle de Kurzawa. Une véritable chance pour l’ancien Niçois qui évoluait encore en Championship il y a quelques semaines. Depuis, il est revenu dans un club où il est bien plus visible, a poussé Patrice Évra sur le banc et a effectué quatre matchs complets. Suffisant pour atteindre l’équipe de France. En tout cas, lors de l’annonce de sa sélection, personne n’a rien compris. Et puis, après quelques secondes de recul, on s’est rendu compte qu’il n’y avait pas des masses d’alternatives. Encore une fois symptomatique.
Djibril Sidibé
Avant de débarquer à Monaco et de faire partie de l’équipe la plus sexy de la saison 2016-2017 en tant qu’arrière droit, Djibril Sidibé s’est révélé à Lille de l’autre côté du terrain. Même s’il est droitier, c’est dans le couloir gauche qu’il crève l’écran. D’ailleurs, Djibril Sidibé ne serait-il pas plus à l’aise à gauche ? En tout cas, Didier Deschamps sait qu’en cas de coup dur, il peut faire passer Sidibé à ce poste et appeler un homme supplémentaire pour occuper le couloir droit. Mais ça risquerait surtout de déplacer le problème et se rendre compte que la France a un souci de latéraux quel que soit le côté. Parce qu’encore une fois, qui prendre à droite à la place de Sidibé ? Le néant est peut-être encore plus profond.
Blaise Matuidi
« Quand je regarde les solutions… Amavi, c’est très bien ce qu’il fait, mais de là à devenir titulaire en équipe de France, il faut attendre un peu. Digne je le trouve très léger, y compris dans le nombre de minutes qu’il a jouées depuis le début de la saison. Matuidi dans un poste d’arrière gauche, ce n’est pas une invention géniale, ça me paraît même logique.(…)Il connaît cette zone comme sa poche. Je le mettrais donc arrière gauche dans une organisation à deux. Matuidi a joué faux ailier gauche avec Emery. Il peut jouer faux arrière gauche. » Si Rolland Courbis le dit, ça ne peut qu’être une bonne idée.
Patrice Évra
Mis de côté après l’Euro 2016, Patrice Évra a déjà été rappelé une fois pour pallier une blessure. Cette fois-ci, Didier Deschamps l’a laissé à la maison malgré deux forfaits, et a préféré opté pour son concurrent à l’OM. Signe que l’avenir de Tonton Pat’ semble complètement inexistant avec les Bleus. Mais il ne faut jamais enterrer l’ancien capitaine des Bleus, quelles que soient ses difficultés actuelles. He loves this game.
Ferland Mendy
Vingt-deux ans, quatre matchs de Ligue 1 dans sa carrière pour sept buts encaissés et aucune passe décisive. Et pourtant, il est considéré comme une option pas si lointaine par certains observateurs. Ça en dit long.
Jérôme Roussillon
Didier Deschamps avoue lui-même qu’il ne regarde pas les matchs de Fenerbahçe pour Mathieu Valbuena, alors ceux de Montpellier pour Jérôme Roussillon, ça risque d’être compliqué.
Par Kevin Charnay