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La Gantoise championne, sérieusement ?
75 saisons au plus haut niveau du football belge en 115 ans d'existence. Jamais candidat à la descente, souvent placé, La Gantoise, c'est l'archétype du club régulier et sympa, mais inoffensif. Comme Rennes ou l'Udinese, c'est avant tout une équipe jamais sacrée. Sauf que ce soir, en cas de victoire, les Buffalos seront champion de Belgique. WTF ?
Un peu grâce à son surnom ridicule hérité d’une visite de Buffalo Bill au début du XXe siècle, beaucoup grâce à son mini palmarès (3 Coupes de Belgique), La Gantoise souffre d’une absence de réputation dans un championnat belge abonné à voir cartonner Anderlecht, Bruges, le Standard ou Genk. Habitués à soigner leurs relations avec l’extérieur, les Gantois sont les bons potes des grands sans être vraiment leurs égaux. Une sorte de copain un peu niais qu’on trimbale un peu partout pour faire le nombre. C’est donc avec l’assentiment d’Ivan De Witte, le président gantois, alors aussi tête dirigeante de la Pro League, que le « Top 5 » s’est mis en tête de créer le système des play-offs il y a maintenant six ans. Un stratagème qui avait le don de faire miroiter à des clubs comme Gand la possibilité d’un jour venir squatter le podium. Il y a quelques semaines et devant l’absence de retombée sportive, le même président De Witte avait imaginé l’idée d’un championnat à quatorze et non plus à seize. Il ne se doutait pas encore que la formule actuelle risquait de lui sourire beaucoup plus vite que prévu. Déjà passée à deux doigts d’offrir son précieux à Zulte-Waregem il y a deux ans, la Belgique du foot aura cette fois bien du mal à échapper au braquage gantois.
Coefficient en berne
Des années que la crème du football belge se bat pour faire avancer un nombre à cinq chiffres appelé coefficient. Un nombre qui correspond à la moyenne des points obtenus par les clubs d’une Fédération dans les compétitions européennes. Le tout additionné sur une durée de cinq ans et arrondi au millième inférieur. Un truc un peu chinois, mais qui est le combat quotidien des petits championnats, comme la Belgique. Le but de ce combat fil rouge aux allures de Jeux sans Frontières ? Que le champion évite des tours préliminaires souvent casse-gueule et hérite d’une place directement qualificative pour les poules de la C1. En Belgique, c’est le cas depuis maintenant deux saisons, et cela devrait l’être encore pour les trois suivantes grâce aux bonnes performances conjuguées de Bruges et Anderlecht cette année. Le titre éventuel de Gand ne remet pas tout en cause, mais risque bien de ne pas faire que des heureux. Après avoir doublé la Suisse, la Turquie, la Grèce ou le Danemark, la Belgique va-t-elle vraiment devoir compter sur le KAA Gent pour faire la diff’ ? Une équipe qui n’a jamais cotisé et qui bénéficie donc d’un coefficient individuel proche de zéro. Ce sera donc le fameux chapeau 4 pour La Gantoise. Rien que d’y penser, c’est déjà drôle. Parce que qui dit chapeau 4 dit groupe de la mort. Et qui dit groupe de la mort dit souvent grosses claques. Demandez donc à Manchester City. Et si vous êtes vraiment belge, repenser au Lierse d’Éric Van Meir en 1997. Et si vous ne comprenez pas, c’est que vous n’avez jamais pensé à quoi pourrait ressembler le triangle médian des Buffalos (Neto, Dejaegere, Kums) perdu dans le rond central du Camp Nou.
Laurent Depoitre vs Didier Drogba
On peut rire du fait de voir La Gantoise championne de Belgique, toujours est-il qu’au niveau belge, il faut bien reconnaître que cette équipe n’a rien ou pas grand-chose à envier aux effectifs des plus grandes écuries du Royaume. Il n’empêche que si vous fermez les yeux et que vous imaginez Laurent Depoitre fouler le plasma de votre salon avec l’hymne de Tony Britten en fond, ça fait forcément tache. Laurent Depoitre est un brave gars, ce n’est pas le problème, il est même tournaisien. Mais sa dégaine de chef scout le trahit. Passé pro à 24 ans, après avoir longtemps erré sans but dans les divisions inférieures du Royaume, le garçon débarquait à Ostende à l’été 2012. Pas à Lokeren ou Courtrai, à Ostende ! Recruté par Gand deux ans plus tard pour faire jouer la concurrence, il est allé jusqu’à s’imposer en pointe du système de Hein Vanhaezebrouck et à planter 13 buts en 29 matchs cette saison. L’histoire est belle et arracherait quelques larmes à un Luca Toni ou un Didier Drogba, mais s’il doit vraiment y avoir comparaison, ce serait quand même pas mal qu’elle s’arrête là. Parce que si Laurent Depoitre plante en C1, on sera tous obligés de se remettre au sport et de faire semblant de croire à notre éclosion tardive.
Le mince espoir liégeois
Reste le Standard de Liège pour sauver les audiences de Club RTL, diffuseur officiel et unique de la Ligue des champions en Belgique francophone, à l’automne prochain. Le Standard, sans conteste la plus grande énigme du football belge. Une équipe qui a cela de particulier qu’elle est insondable. Un véritable cauchemar pour les bookmakers, une surprise hebdomadaire pour ses suiveurs les plus assidus. Et cela dure depuis 117 ans. Le matricule 16 n’a jamais été réputé fiable, mais a toujours adoré les coups tordus. Mais aujourd’hui, le dilemme est de taille. Battre Gand et relancer Anderlecht, son ennemi sportif de toujours, dans la course au titre ? Ou laisser les Buffalos s’emparer des lauriers, mais mettre en danger sa propre qualification européenne au risque d’en faire profiter… Charleroi, son ennemi régional de tout temps ? Cerné par ses deux pires ennemis, il est probable que le Standard privilégie toutefois la gagne à toute autre stratégie foireuse. Contre l’avis de ses supporters – un récent sondage réalisé sur un site non officiel du club révélait que 63% des 214 votants préféraient voir les Rouches perdre à Gand – mais avec l’assentiment du Dieu football. Et de toute façon, dans le pire des cas, les Liégeois pourront toujours demander à l’URBSFA d’arranger le résultat à leur guise.
Par Martin Grimberghs