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La galère dans les Gênes
18e de Serie A, le Genoa affronte la Fiorentina ce dimanche pour espérer se maintenir en première division. Une anomalie pour ce club historique du championnat italien, qui a remporté neuf Scudetti et qui n’a plus connu l’échelle inférieure depuis 2007. Mais à Gênes, les galères passent et amarrent à bon port. Surtout du côté des Rossoblù, qui vivent une saison agitée en mer comme à quai. Récit des péripéties du Grifone.
Lointaine est l’époque de la République de Gênes. Les galères y passaient, s’amarraient pour faire du commerce. Les civilisations se rencontraient, échangeaient leurs connaissances et tombaient sous le charme l’une et l’autre comme si le cadre de la ville de Ligurie agissait en Cupidon.
Les guerres et les crises économiques ont fait qu’aujourd’hui, la splendeur de Genova n’est plus. Mais l’âme y est restée. Et le club principal de la ville est à l’image de ce double visage qui, pour autant, paraît toujours aussi difficile à expliquer. Comme la saison vécue par le Genoa.
Noyé par les vagues
Pourtant connus pour être d’excellents navigateurs, les Génois ont trop subi en mer les nombreuses attaques des adversaires, mais également en ayant une difficulté folle à mettre en place un projet sportif. Car si les Rouge et Bleu n’ont remporté que trois matchs sur la phase retour, les rencontres sur le terrain ne sont pas les seuls facteurs explicatifs de la déroute actuelle de l’équipe. En effet, la galère génoise a de grandes difficultés à trouver une stabilité à la barre. Il Grifone a changé d’entraîneurs à sept reprises depuis l’année 2016, faisant notamment appel aux services d’Ivan Jurić à trois reprises sur le banc. Avec Cesare Prandelli en capitaine de bateau, le GCFC a voulu mettre en place un projet sur le long terme. Comme cela avait été le cas avec Gian Piero Gasperini, aujourd’hui coach de l’Atalanta. L’ex-sélectionneur de la Squadra Azzurra est connu pour sa volonté d’imposer un style de jeu, tout en respectant l’institution du club dans lequel il arrive.
Encore faudrait-il avoir les hommes pour faire tourner le bateau. Car l’équipe manque cruellement de talents. Et le peu qu’elle a eu, elle l’a vendu. D’abord l’infatigable piston gauche Diego Laxalt, parti à l’AC Milan l’été dernier. Mais c’est surtout la perte du buteur Krzysztof Piątek au mois de janvier, lui aussi parti du côté des Rossoneri, qui a précipité le naufrage de la galère génoise. L’attaquant avait démarré la saison sur les chapeaux de roues : auteur de treize buts en 19 matchs de championnat avec le Genoa, la mitraillette polonaise était la terreur des mers.
Larguez les amarres, pas les amours
En perdant leur machine à marquer, les Rossoblù n’ont plus cette force dissuasive qui leur permettait de se maintenir dans le milieu de tableau de Serie A. Le GCFC n’a pu faire mieux que débaucher Antonio Sanabria, en manque d’efficacité au Betis Séville, pour remplacer l’héritier de Lewandowski dans l’effectif. Et malgré les coups d’éclat, à l’image de cette victoire contre la Juventus en mars qui mit fin à l’invincibilité des Bianconeri en championnat, le club de Ligurie sombre dans les profondeurs du classement. Oui, le Genoa navigue en eaux troubles. Il est d’autant plus difficile pour un club comme le Genoa de voir son rival de la Sampdoria tranquillement se maintenir en première division, qui plus est avec un attaquant aussi prolifique que Fabio Quagliarella. Pour couronner le tout, le club est à vendre ! Enrico Preziosi, le président et propriétaire de l’équipe ligurienne depuis 2003, serait prêt à lâcher le club pour la somme de 120 millions d’euros. Pas étonnant vu le bonhomme qui, par le passé, avait laissé le club de Côme en faillite avant de s’acquérir le bateau génois.
Cela ressemble donc fortement à un abandon de navire, dans une situation aussi critique qu’une course au maintien. Mais le Genoa pourra toujours compter sur le soutien de taille de ses supporters. Déjà relégué en 2005, mais sur le plan administratif, les tifosi ont suivi leur équipe même en Serie C en l’accompagnant sur les deux montées successives pour retrouver l’élite. Car supporter le Genoa Cricket and Football Club, c’est exprimer tout l’amour que les Génois ont pour leur ville. Même dans le drame, comme en cette journée du 14 août 2018 lorsque le pont Morandi s’est effondré. Depuis, c’est un amour encore plus puissant qui sort des veines et des cœurs des habitants de la ville. Alors, la fierté de faire partie de cette ville s’exprime autour du club historique. Comme si le Genoa était le phare qui illumine toute la ville, voire le monde entier.
Par Claude-Alain Renaud