- Coupe du monde 2014
- 8e de finale
- France/Nigeria (2-0)
La France remonte en quart
Embêtée l'essentiel de la partie par une bonne équipe du Nigeria, l'équipe de France a finalement décroché la qualification en fin de match grâce à Pogba et Yobo contre son camp. Et, aussi, à l'excellente entrée de Griezmann.
France – Nigeria (2–0) P. Pogba (79′), A. Griezmann (91′) pour France
La France souffrait. Ce n’est même pas qu’elle ne trouvait pas la faille : elle était tout simplement dominée par les Super Aigles. Et puis, Onazi est sorti, la cheville en morceaux. Et puis, Griezmann est entré, remplaçant un Giroud des (très) mauvais jours. Et d’un coup, les Bleus sont redevenus ceux des deux premiers matchs : tranchants, percutants, menaçants. Dangereux. Enyeama a sorti tout ce qu’il a pu, mais il a fini par se tromper. Sa sortie sur un énième corner de Valbuena était osée, elle a offert à Pogba le but de la délivrance. Celui de la qualif’. Évoluer aussi bas pendant la première heure de jeu, était-ce la stratégie de Didier Deschamps pour ne pas laisser aux vifs attaquants nigérians l’espace nécessaire pour prendre de la vitesse ? Et, au contraire, pour en donner au trio Valbuena-Giroud-Benzema, opposé à une défense lente et limitée techniquement ? Toujours est-il que ça n’a pas fonctionné, et que sans un Lloris impérial, ça aurait pu coûter cher. Tout est bien qui finit bien. Très bien, même, Griezmann poussant Yobo à foutre au fond un des derniers ballons du match (2-0).
Giroud-Benzema, c’est non
Il fallait plus qu’un huitième de finale entre la France et le Nigeria pour passionner Brasilia pour sa Coupe du monde. Autour du stade Nacional, à une heure du coup d’envoi, l’ambiance est paisible et les revendeurs nombreux. Les minutes passent et les prix chutent. De places, personne n’en veut. Les supporters français sont bien moins nombreux qu’au Maracanã, les Nigérians se comptent par dizaines et les Brésiliens sont autrement plus intéressés par la possible venue de l’Argentine en quarts samedi prochain. Résultat, l’imposant Mané-Garrincha ne se remplit pas, loin de là.
Côté EDF, sans surprise, Pogba et Giroud sont dans le onze. Privé de Babatunde, Stephen Keshi envoie, lui, son quatuor offensif Musa-Odemwingie-Emenike-Moses au combat, et associe papy Yobo à Oshaniwa du FC Ashdod (Israël) derrière dans l’axe. Pas effrayant. Mais (comme tout adversaire de la France) poussés par le public local, les champions d’Afrique dominent le début de partie. Hormis un contre bien joué par le duo Benzema-Matuidi, les Bleus peinent à exploiter les bons ballons récupérés. Acculée derrière, bousculée physiquement, la bande à DD est en danger. La sentence semble tomber quand Emenike trompe Lloris du bout du pied, mais le buteur de Fenerbahçe était un poil hors-jeu. Ouf ! Nonchalant à l’échauffement, K-Rim n’y est pas. Ses contrôles sont ratés, ses passes trop longues. Pogba prend donc les choses en main : une percée, un une-deux avec Valbiche et une superbe volée, claquée par Enyeama, forcément. La France va (un peu) mieux. Petit vélo, encore lui, décale un Debuchy lancé à toute vitesse, mais c’est à côté. Dommage.
Griezmann, le monsieur plus
À la pause, les bons points sont pour Lloris, décisif face à Emenike et serein dans les airs, pour la charnière Varane-Koscielny, impeccable, et pour la paire Pogba-Matuidi, dont les percées ont mis un peu de boxon dans le bloc nigérian. En revanche, devant, ça ne marche pas. Valbuena joue juste, mais Benzema a l’air paumé à gauche et Giroud est tantôt indisponible, tantôt maladroit. C’est bien beau de faire la gueule, mais faut assumer derrière, bonhomme.
À la reprise, le jeu reprend sur le même faux rythme. Aucune des deux équipes ne prend vraiment le dessus, même si le Nigeria domine territorialement. Les imprécisions et les temps morts se succèdent. Matuidi broie comme il faut la cheville du pauvre Onazi, remplacé par un certain Ruben Gabriel, du KV Waasland-Beveren. L’heure de jeu passée, Deschamps décide de réagir : dehors Giroud, bienvenue Griezmann. Les Bleus ont besoin de poser le pied sur le ballon, de cesser de subir, de venir emmerder cette défense nigériane. Et ça marche. Un des premiers ballons de l’ailier de la Real Sociedad est un caviar pour Benzema, mais Enyeama est sorti trop vite pour le Madrilène. Les supporters brésiliens, eux, fêtent l’arrêt comme un but de Neymar. Ont-ils si peur que ça de nos petits Bleus en manque d’expérience ? Quoi qu’il en soit, la France est transformée. Le portier lillois dégage désormais centre sur centre et remercie sa barre, sur laquelle s’échoue le missile de Cabaye. En vrai numéro 9, Benzegol est un autre homme. Sa tête est claquée par Enyeama, trop court sur le corner qui suit : Pogba est là pour déposer ça au fond (80e). Soulagement. Les Bleus n’ont plus qu’à gérer, et plier l’affaire si possible. Griezmann, à l’entrée tonitruante, est à deux doigts d’Enyeama de s’en charger. Servi par Valbuena, le Mâconnais pousse finalement Yobo à le faire pour lui (91e). L’attaquant de la Real Sociedad a marqué des points pour la suite. Huit ans après l’épisode allemand, la France est en quarts de finale de la Coupe du monde.
Par Léo Ruiz à Brasilia