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- France-Belgique (1-0)
La France remet les Diables en boîte
Géant ! Grâce à un but d'Umtiti claqué de la tête après la pause, l'équipe de France se qualifie pour la troisième finale de Coupe du monde de son histoire et écarte la Belgique (1-0).
France 1-0 Belgique
But : Umtiti (51e) pour la France
Une promesse collective et la montée d’un col : il y a quelques jours, Kylian Mbappé, 19 ans, a pris le micro et a hurlé au monde que cette équipe de France peut « faire de grandes choses » . Difficile de ne plus croire ce que racontent ces mecs qu’on peinait à lire à la sortie d’un premier tour laborieux. Place à leur histoire, celle qu’ils se sont fabriquée au fil des étapes, de l’Australie à la Belgique, que les Bleus ont attrapé au vol, mardi soir à Saint-Pétersbourg. Cette fois encore, ça s’est joué à quelques centimètres, une seconde d’attention prise à l’adversaire : un corner en sortie de mi-temps, Umtiti qui grimpe au-dessus de tout le monde et passe devant Fellaini avant de tromper Courtois. Tout n’aura pas été maîtrisé, mais au fond, qu’est-ce qu’on retiendra ? L’essentiel : la qualification pour une troisième finale de Coupe du monde, la troisième en vingt ans.
Un arnaqueur et des flèches cassées
Étape de montagne inédite que celle vécue par cette génération mardi soir, à Saint-Pétersbourg. On y a trouvé les vertiges de l’histoire, les duels étourdissants : l’essence d’une demi-finale de Coupe du monde, rendez-vous brutal dont le rôle est précisément de séparer les destins en deux issues diamétralement opposées. Le « tout ou rien » dessiné lundi par Kevin De Bruyne, tout simplement. Sur ce point de bascule, c’est d’abord un arnaqueur qui s’est présenté sur le bord de la scène, une version masculine de Ginger McKenna. Son nom : Roberto Martínez, maître diable en costume et roi de l’entourloupe, venu retourner le cerveau de Deschamps avant la fête en décidant de conserver sa défense à trois et de renforcer son milieu avec Moussa Dembélé. Ce qui a donné : une Belgique accrocheuse d’entrée, malgré une première tentative de décollage de Kylian Mbappé au bout d’une petite poignée de secondes de jeu, cherchant à écarter au maximum un bloc français à réaction et profitant d’un Pavard transformé défensivement en jouet par Eden Hazard. Résultat, la défense tricolore a tangué, le capitaine belge croisant d’abord trop sa frappe (15e) avant de pousser Varane à une intervention angoissante (19e).
Le réveil français est intervenu dans la foulée : à la vingt-et-unième minute de la rencontre, Alderweireld profite des trous pour pousser Lloris à une horizontale monumentale, elle aussi à ranger dans la case « arrêt qui vaut un but » . Puis, on a vu Paul Pogba prendre les commandes, tirer sur les ficelles fragiles tenant Dembélé, chercher Griezmann dans la verticalité, utiliser l’excellente forme du soir de Matuidi et c’est Giroud qui s’est pointé. Et plus ou moins planté à la finition : de la tête sur un centre de Pavard (31e) et du gauche ensuite au bout d’une subtile remise de Mbappé (34e). La vraie première flèche française a finalement été tirée avant la pause par Benjamin Pavard, qui a vu Courtois la casser en deux du mollet droit (39e). Le moment choisi par Lukaku, esseulé au bout du 3-6-1 belge, pour sortir de sa boîte après une erreur de jugement monstrueuse d’Umtiti. Trop juste, trop surpris : 0-0 à la mi-temps pour une demi-finale jouée sur une corde.
Umtiti et gros minet
Tout ça ne tient à rien, à une tête de Lukaku qui s’échappe du cadre à la reprise (48e), à un enchaînement de Giroud devant Kompany dans la foulée (50e). D’où la fameuse « occasion à saisir » balancée au milieu de la préparation médiatique par les deux sélectionneurs. Ça, c’est pour maintenant : dans la foulée de l’occasion d’Olivier Giroud, les Bleus grattent un corner. Griezmann au service, Umtiti qui casse les plats de la tête et voilà la bande à Deschamps aux commandes (1-0, 51e). Redémarrage dans la nuit de la mobylette Mbappé, DJ technique d’une soirée qui claque la porte aux temps morts et où Martínez décide de sortir son pion Dembélé, vraie déception du jour, pour abattre la carte Mertens à l’heure de jeu. Un as des piques : le joueur du Napoli prend la table et la retourne à plusieurs reprises, Lloris décolle pour sauver la patrie, Fellaini glisse une tête à côté (65e) et c’est un retour dans le labyrinthe du haut niveau.
Une jungle psychologique d’où Kevin De Bruyne tire deux boulets hors cadre, au cœur de laquelle les contacts tournent en coup de lame et au-dessus de quoi Lloris s’élève en Shiva, notamment devant Witsel (81e). C’est le foot sur le fil d’un rasoir, ce à quoi les Bleus ont habitué les suiveurs et ce sur quoi ils auront surfé en équipe, Deschamps faisant entrer sur les dernières notes de la soirée Steven Nzonzi et Corentin Tolisso, auteur du dernier frisson de la nuit, pour débrancher les connexions restantes. Mbappé, lui, se charge de faire débloquer les dernières têtes. Voilà la France au pied de son rêve étoilé : dimanche, elle disputera la troisième finale de Coupe du monde de son histoire.
France (4-2-3-1) : Lloris – Pavard, Varane, Umtiti, L. Hernandez – Pogba, Kanté – Mbappé, Griezmann, Matuidi (Tolisso, 86e) – Giroud (Nzonzi, 85e). Sélectionneur : Didier Deschamps.
Belgique (3-4-3) : Courtois – Alderweireld, Kompany, Vertonghen – Chadli (Batshuayi, 90e), Witsel, Fellaini (Carrasco, 80e), Dembélé (Mertens, 60e) – De Bruyne, Lukaku, Hazard. Sélectionneur : Roberto Martínez.
Par Maxime Brigand, au stade Krestovski