- Amical
- Pays-Bas–France (2-3)
La France rebondit sur les Oranje
Dominatrice et séduisante par intermittence, l’équipe de France n'a pas su gérer sa rencontre face à des Hollandais pourtant éteints et portant visiblement le deuil de Johan Cruyff. Heureusement, Matuidi, 14 dans le dos, a surgi. C'était peut-être écrit.
Pays-Bas 2-3 France
Buts : De Jong (46e), Afellay (85e) pour les Oranje // Griezmann (5e), Giroud (13e), Matuidi (88e) pour les Bleus
L’ombre de Cruyff ne pouvait que planer. Planer sur un stade, une équipe, et au fond, le football. Partis rejoindre l’au-delà, les cheveux mi-longs de Johan se sont donc faits plus que présents à l’Amsterdam Arena. Prévu bien avant la rencontre, l’hommage a donc bien eu lieu. Un arrêt à la 14e minute, des applaudissements nourris, et Cruyff pouvait s’en aller rejoindre sa nouvelle famille et regarder sa descendance affronter les Bleus de Deschamps. Pas de bol pour l’idole, les siens ont été affreux. Apathiques, inoffensifs, lents, fébriles, les Oranje ont sans aucun doute rendu le plus mauvais hommage au plus grand des leurs. Tant pis pour le respect, tant mieux pour l’équipe de France, qui s’est offert un peu de satisfaction, avant de remettre ça mardi contre la Russie.
The sound of silence
Puisque les temps sont durs, Cruyff n’est d’ailleurs pas le seul à recevoir le soutien du terrain. Après une arrivée tardive sur les prés, les 22 acteurs marquent ainsi une minute de silence pour les victimes des attentats de Bruxelles. Et là, plus un bruit, rien. Respectée comme jamais, la minute de mutisme est splendide. Reste que le football n’est pas qu’un prétexte au souvenir, et que les deux équipes se doivent de lancer le spectacle. Côté français, c’est une équipe presque type, exception faite de Jallet et Mandanda, qui s’affiche. À ceux-là, DD décide d’ajouter Dimitri Payet, histoire de prouver que la bisbille est en apparence réglée, mais aussi de tester le bougre en Bleu. Et au fond, cette équipe a de la gueule. Entre un milieu de rêve (Pogba, Matuidi, Diarra), et des attaquants en pleine bourre (Griezmann, Payet, et dans une moindre mesure Giroud), les Bleus, parés d’un nouveau maillot à faire s’évanouir Cristina Cordula, peuvent légitimement faire peur. D’autant qu’en face, les Bataves n’affichent que de faibles armes et débutent la partie avec une timidité affolante. Jallet décoche alors un premier bon centre, juste avant qu’un coup franc ne soit accordé aux 20 mètres. À la botte, Griezmann choisit le côté ouvert, à raison, puisque Cillessen décide de partir à l’aventure derrière son mur. La lucarne est facilement trouvée, et les Bleus s’arrogent un avantage précoce qui libère les esprits. Et permet de poursuivre la balade.
Beau devant, moins derrière
Car la Hollande, qui sera absente de l’Euro, n’a absolument rien à opposer. Sneijder se débat en soliste, mais le reste des pipes l’entourant ne font guère fumer les crampons français. Battus dans l’envie, battus dans la technique, battus dans la vivacité, les Oranje subissent les vagues hexagonales, le plus souvent conduites par un Griezmann dans tous les bons coups. Une tête plongeante, puis une autre décroisée ne parviennent toutefois pas à tromper le portier adverse, qui se rattrape d’un bel arrêt du pied. Qu’importe si le méché ne fait pas le break, puisqu’Olivier Giroud, d’une reprise de volée, s’était chargée avant le quart d’heure d’offrir un double avantage aux siens. Les Bleus déroulent donc, puisque privés d’adversaires, tandis que Payet justifie minute après minute sa qualité de centres. Mais le mal français est constant. Pas assez tueuse, l’équipe de France rentre aux vestiaires avec une avance certaine, mais loin d’être à la hauteur des espérances. Une plaie, d’autant que Didier Deschamps se décide à changer ses cartouches, et voit De Jong inscrire un but du bras dès la reprise.
Blaise pascal
Certes, l’enjeu n’est pas des plus cruciaux, mais concéder le nul ferait mauvais genre compte tenu de l’adversité. Payet, encore lui, décide alors d’allumer la mèche, mais sur le poteau, tandis que l’arrière-garde flanche. Entre un Varane fébrile et un Koscielny peiné à la relance, la charnière ne rassure que très peu et laisse craindre un retour de boomerang sponsorisé par les maillots criards. Et ce qui devait arriver arriva, puisqu’Afellay, en reprenant un corner tiré à ras de terre, se fait l’écho d’un mal récurrent chez les Bleus. Heureusement, DD possède désormais quelques guerriers. Dont Payet, passeur génial, et Matuidi, numéro 14 dans le dos, qui ne pouvait se muer qu’en buteur/sauveur d’une soirée qui, sans être parfaite, aura au moins le mérite de laisser quelques motifs d’espoir en vue du mois de juin. Et laissera à Didier Deschamps le soin d’expliquer « qu’il y a eu des bonnes choses, et d’autres moins bonnes, mais que le résultat est satisfaisant, d’autant que beaucoup d’hommes ont été testés. » . Ce qui n’est pas faux, puisque Kanté fait sa première apparition en Bleu, tandis que la ligne offensive accueille Toto Martial et André-Pierre Gignac, bronzé mais désormais décoloré, façon furet.
Par Raphaël Gaftarnik