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- France/Norvège (4-0)
La France grisée
L'équipe de France a marché sur la Norvège pour son premier match de préparation au Mondial (4-0) avec un doublé de Giroud et des buts de Pogba et Rémy. De la France grise à la France grisée.
France – Norvège (4–0) P. Pogba (12′), O. Giroud (50′), L. Rémy (67′), O. Giroud (69′) pour France
Dimanche, soirée électorale, grise mine. Deux jours pour se remettre, mardi, soirée football et réconciliation nationale. Après avoir envoyé paître l’Union européenne, rencontrer un pays qui fait la même chose depuis cinquante ans était une évidence, pour la France. Moins évidente, la Une de L’Équipe qui appelait à « entretenir la flamme » , un peu plus de 24 heures après la première victoire électorale du Front national. Ce soir, au départ au moins, tout était gris. Les bandes du maillot français. Le ciel qui recouvrait le Stade de France. Le public de ce dernier, également, hésitant entre la flamboyance du récent France-Ukraine et ses vieux démons, entre olas incessantes et sifflets vains à l’encontre des joueurs norvégiens.
Pogba montre l’exemple
La dominante colorimétrique de la partie se retrouve dans la performance d’Antoine Griezmann. En l’absence de Ribéry, l’Homme-Gris doit profiter de sa deuxième sélection pour prouver. Et pour prouver, il prouve. Dès la première minute, il provoque une faute sur l’aile gauche, puis claque une tête sous la barre sur le coup franc qui en découle. Il descend très bas pour récupérer, monte très haut pour porter le danger. Par deux fois, il se tape une pointe de vitesse pour intercepter une transversale norvégienne. Seul regret ? Peu avant sa sortie, il rate le tir qui l’aurait fait passer du gris pâle au blanc. D’autant plus que trois minutes après l’avoir remplacé, Loïc Rémy, lancé en profondeur, ne tremble pas au moment d’inscrire le troisième pion français de la soirée d’un plat du pied.
Avant lui, Paul Pogba avait frappé, dès la 15e minute. Paul la Pioche, Paul l’immense. Après avoir fait tourner les têtes avec une petite roulette au milieu de terrain, Pogba ouvre le score d’une tête décroisée sur le centre d’un Valbuena hors-jeu, mais qui rajoutera deux nouvelles passes décisives pour se rattraper par la suite. Pogba n’est venu que pour montrer le chemin, et puis s’en va. Sorti à la pause, il n’a de toute façon pas besoin de rester plus longtemps. D’abord parce qu’il ne faut pas l’user. Ensuite parce qu’il a montré qu’il était déjà prêt et qu’à côté de lui, Cabaye et Matuidi avaient encore un peu de travail à faire.
Presque trop facile ?
Gris eux aussi, Debuchy et Évra répètent leur numéro de duettistes avant le Brésil. Le premier est très offensif, avec des centres qui terminent partout sauf sur des coéquipiers, tandis que le deuxième ne semble vouloir dépasser la ligne médiane que si on lui crame le cul au chalumeau. Mais les Français ont beau faire quelques efforts pour laisser leur adversaire attaquer de temps en temps histoire d’éprouver un peu un Sakho semblant fébrile et un Ruffier inédit, l’instant norvégien ne viendra jamais. Il est loin le temps des Ole-Gunnar et des Tore-André.
Au contraire, Deschamps risque de sortir de ce premier match de préparation avec un problème de riche. Contre un adversaire plus proche du punching-ball que du sparring partner, tous ceux qui ne sont pas censés être titulaires au Brésil ont semblé pouvoir tenir leur poste. Griezmann, donc, mais aussi, évidemment, Olivier Giroud. Loin d’être omniprésent, le Gunner s’est quand même offert un doublé sur une demi-volée et une tête qui donne à ce France-Norvège une allure de démonstration. On en viendrait presque à espérer que le Paraguay et la Jamaïque offriront un défi un peu plus relevé aux Bleus, pour éviter qu’ils ne se grisent.
Par Thomas Pitrel au Stade de France