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« La France a besoin d’un grand OM »
Alors que le championnat finlandais reprend ses droits ce week-end, une ancienne figure du championnat de France a débarqué chez Seinajoki, le champion en titre : Abdoulaye Meïté.
Comment est-ce que tu es arrivé à Seinajoki ?Par le biais d’une personne que j’ai connue il y a quelques années, lors d’un premier passage en Finlande, au FC Honka. Il m’a mis en relation avec Simo Valakari, le coach de SJK, et ça a abouti.
Quelles sont tes premières impressions sur le club ? De l’intérieur, comment vois-tu ce club qui a une histoire récente et particulière ?C’est un club très récent avec déjà de bonnes bases au niveau infrastructures. Un nouveau stade est en construction, il sera prêt le 18 juin. Seinajoki, c’est un club qui est à la recherche constante de progression. Le président Raimo Sarajarvi a une bonne connaissance du football et sait ce qu’il veut pour son club. Depuis 2007, c’est une vraie success story qu’il veut prolonger. Et il se donne les moyens pour.
Quels sont les objectifs pour cette saison ?L’objectif principal est de conserver notre titre de champion. Sur la scène européenne, on veut au moins se qualifier pour la Ligue Europa. Aujourd’hui, c’est une belle vitrine avec des clubs de grandes qualités. Se qualifier pour la Ligue des champions serait une apogée un peu utopique. Mais vu le parcours de ce club, tout est possible. Le rêve est permis…
Comment se passe ta vie en Finlande ? L’adaptation est facile ?Je ne suis pas trop dépaysé, j’ai déjà joué dans ce championnat il y a trois ans. La météo à mon arrivée, il y a six semaines, piquait un peu, mais maintenant, c’est correct. Mon adaptation a été facilitée par les joueurs de l’effectif que j’avais déjà côtoyés au FC Honka. Et puis, ça parle français dans le vestiaire, il y a Ngueukam, un attaquant camerounais qui est là depuis quatre ans, et un jeune défenseur sénégalais de 20 ans, Elhadji Kane, qui espère jouer en Ligue 1. Ça aide beaucoup à l’intégration dans le groupe.
Finaliste de la C3, vainqueur de la Coupe Intertoto, près de 100 matchs de Premier League à ton actif. Est-ce que les Finlandais ont conscience de ce palmarès ?Oui, déjà à Honka, on avait fini deuxièmes et ça avait fait parler. Le coach s’appuie sur mon expérience et compte sur moi pour aider l’équipe à franchir un cap.
Tu vas retrouver la C1 pour la première fois depuis la saison 2003-2004 et une phase de poules avec l’OM. Es-tu impatient ?Après 13 ans, retrouver la Ligue des champions, la compétition reine, c’est vrai que c’est une belle histoire à vivre. C’est surtout un challenge excitant. Si on arrive à se qualifier en phase de poules, le football finlandais en profiterait à tous les niveaux. Ça créerait des opportunités et peut-être que le football deviendrait le sport numéro 1 devant le hockey ? Mais il y a encore du chemin à parcourir.
Ton parcours a connu beaucoup de rebondissements depuis ton départ de Marseille. Peux-tu nous en parler ?On va dire que j’ai roulé ma bosse entre l’Angleterre, la Grèce, l’Écosse et donc la Finlande. Comme dans la vie, il y a eu des hauts et des bas. Mais chaque expérience m’a apporté un grand plus, que ça soit sportivement ou humainement. Ça s’est toujours bien passé au sein des effectifs.
Durant cette période où tu n’es revenu en France qu’un an à Dijon, as-tu l’impression que l’œil des étrangers sur le championnat français a changé ?L’exposition de la Ligue 1 à l’étranger a connu une croissance exceptionnelle. L’avènement du PSG avec les Qataris a changé la donne, mais ce n’est pas encore au niveau des autres grands championnats. Il faut de la concurrence. Le football français a besoin d’un grand OM pour se développer. J’espère que, très bientôt, il rivalisera avec Paris, et ce, pour le bien de la Ligue 1.
10 ans après ton départ de l’OM, quels souvenirs marquants gardes-tu de cette période phocéenne ?La défaite en finale de la Coupe de l’UEFA. Ça reste un peu en travers de la gorge, mais c’est un excellent souvenir. On a vécu une belle épopée tous ensemble. Le groupe vivait bien, l’ambiance était bonne, on avait même notre rituel avec José et quelques joueurs avant chaque match européen. On se retrouvait dans la salle de massage et on se chambrait… C’est un souvenir qui est gravé, mais je ne peux pas en dire plus. (rires) Il y a aussi la finale de Coupe Intertoto deux ans plus tard contre La Corogne. J’étais suspendu à l’aller, et on gagne au retour dans un Vélodrome en folie en les faisant exploser. Ce n’était que l’Intertoto, mais ça fait plaisir de gagner un trophée international. Avec cette victoire, on a même fait danser Robert Louis-Dreyfus sur la pelouse. Inoubliable.
Suis-tu encore les performances de Marseille ? Si oui, que penses-tu de la mauvaise passe actuelle du club ?Bien sûr que je suis encore les performances. C’est vrai que c’est pas la fête en ce moment. Comme tout supporter olympien, j’espère que ça va changer positivement très vite. C’est un club historique qui a sa place tout en haut du classement.
A contrario, le Red Star, ton club formateur, est sur le point de revenir sur le devant de la scène. Heureux pour eux ?Je suis super content de ce qu’il se passe du côté du Red Star. J’espère de tout cœur qu’ils accéderont à la Ligue 1. Avoir le PSG et le Red Star dans l’élite serait super pour l’Île-de-France. Ça pourrait indiquer la voie à suivre à d’autres : Créteil, Paris FC…
À 35 ans, est-ce que tu penses déjà à l’après-carrière ? Espères-tu une dernière pige en France ?Tant que je me sentirais de jouer, je continuerai, où que ce soit. Je doute fort qu’un retour en France soit envisageable, ce n’est pas dans la mentalité française de recruter des joueurs trentenaires. Je ne me fixe pas d’âge pour arrêter. Ça viendra quand ça viendra, la retraite, c’est comme une petite mort, donc des fois, ça peut venir sans prévenir. Pour l’instant, je profite.
Propos recueillis par Nicolas Kohluber