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La fierté du coq
À l'image de la Une de Bild avant la demi-finale, la presse étrangère prend plaisir à provoquer grossièrement l'équipe de France. Ça tombe bien : en général, les Tricolores aiment bien lui répondre sur le terrain.
« C’est jouissif.(…)Et c’est en même temps une petite pique à l’Allemagne. Car quand on voit leur titre dans les médias aujourd’hui et notamment« Adieu les Bleus »… Quand on est arrogant de la sorte, le football te met un coup de bâton derrière la tête. Ça va leur faire du bien.(…)Ça envoie quand même des piques. Donc, franchement, c’est une motivation supplémentaire. » Tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. En pointant du doigt l’orgueil de la presse allemande – sans en rajouter non plus –, André-Pierre Gignac a emprunté la langue de pas mal de ses compatriotes. Parce que les Français n’aiment pas trop qu’on se paye leur tronche. Or, cela arrive régulièrement.
L’arroseur arrosé
Manque de bol pour les chambreurs, cela se passe rarement comme ils l’avaient imaginé. Et c’est ensuite eux qui sont moqués. L’arroseur arrosé. De bonne guerre, toujours. Dans un bon esprit, souvent. Mais avec une grosse part de sérieux, quand même. Ce jeudi 7 juillet, jour de demi-finale entre les Bleus et la Mannschaft, le tabloïd allemand Bild avait donc fait le pari de la provocation. En Une, le journal titrait ainsi « Adieu les Bleus » , dans la langue de Molière s’il vous plaît. Raté. À en croire Gignac, l’initiative a davantage boosté les Bleus qu’encouragé les Blancs. Battus sans trop de contestation possible, l’Allemagne et ses journalistes ont dû rabaisser leur caquet. Pour rester dans le ton, Bild débutait sa première page par un joli « Adieu, titel-traum ! » ( « Adieu le rêve de titre ! » ) le lendemain.
#FRAALL Bild dit « adieu » aux Bleus https://t.co/jnrnJwooX8 pic.twitter.com/3P7K2xe586
— BFMTV (@BFMTV) 5 juillet 2016
Forcément, cela rappelle un épisode précédent, avec un autre voisin de l’Hexagone. Le fameux France-Espagne du Mondial 2006. À l’époque, Zinédine Zidane est sur la fin de sa carrière et ne semble pas pouvoir retrouver ses jambes d’antan. Marca choisit donc sa cible, avec un « On va mettre Zidane à la retraite » en couverture. Sauf que ZZ monte en puissance à partir de cette rencontre et achève la Roja en inscrivant le dernier but des siens en fin de partie (3-1), après avoir déposé un ballon sur la tête de Patrick Vieira sur le second pion. La célébration parle d’elle-même : un smile et des bras dandinants qui ressemblent à un beau doigt d’honneur respectueux et poli envers les Rouges.
Quand Deschamps y passe
En zone mixte, le numéro 10 dégaine sans attendre sa réponse, comme s’il l’avait préparée : « Ce n’était pas encore mon jubilé. J’ai envie de dire aux Espagnols, parce qu’ils nous ont assez chambrés là-dessus, que ça n’est pas pour cette fois. L’aventure continue. » Et ce n’est pas le seul, signe que ces lignes médiatiques ne sont pas si anecdotiques que ça. « Ce troisième but, c’est un beau symbole. C’est pas mal pour un mec de 72 ans » , balance ainsi un Willy Sagnol en forme. La presse espagnole, elle, réagit de la même manière que l’allemande : « Zidane nous a mis à la retraite du Mondial » , sort Marca. Qui va même plus loin quelques jours plus tard, avec un « ¡No te jubiles nunca! » ( « Ne t’arrête jamais! » ) en hommage à la performance sublime de Zizou face au Brésil.
Et des exemples, il y en a d’autres. En 2014, le quotidien suisse Le Matin opte pour un osé « Plumez ce coq ! » pleine page pour présenter un match de poule capital en vue des huitièmes de finale de la Coupe du monde brésilienne. Résultat ? Une raclée 5-2 dans les dents. C’est un fait, la presse étrangère aime bien bâcher l’EDF, sans doute plus que les autres équipes nationales. Même si l’on oublie la demie allemande, l’Euro ne fait pas exception à la règle. Didier Deschamps et son groupe en ont pris plein la gueule. La Vanguardia après l’Albanie : « Les joueurs ont gagné. La France a gagné. Deschamps a perdu. » El Mundo : « Elle joue n’importe comment. Elle n’a ni consistance, ni plan, ni conviction en ce qu’elle fait. » L’Irish Independent avant l’Irlande : « Le problème avec l’ouverture d’esprit, c’est qu’elle peut rapidement mener à l’indécision. Didier Deschamps a tenté tellement de combinaisons avec son équipe avant et pendant l’Euro 2016 que beaucoup le suspectent d’être incapable de déterminer son groupe favori. » Le Times : « Les Bleus sont en alerte rouge avant le test irlandais. » Messieurs les journalistes portugais, un petit mot taquin pour la Dèche, peut-être ?
Par Florian Cadu